[Critique] IP MAN 4 – LE DERNIER COMBAT
Titre original : Yip Man 4
Rating:
Origine : Chine
Réalisateur : Wilson Yip
Distribution : Donnie Yen, Scott Adkins, Danny Kwok-Kwan Chan, Vanness Wu, Yue Wu, Chris Collins, Jim Liu…
Genre : Action/Drame/Suite/Saga
Durée : 1h45
Date de sortie : 22 juillet 2020
Le Pitch :
Alors qu’il vient d’apprendre qu’il est atteint d’une maladie incurable, le maître des arts-martiaux Ip Man se rend à San Francisco à la demande de son élève Bruce Lee. Ce dernier, pas encore connu comme la grande star du cinéma qu’il deviendra, se trouvant alors au centre d’une querelle entre différentes écoles de kung-fu. La plupart de ces dernières lui reprochant d’enseigner son art à des élèves américains. L’occasion pour Ip Man d’également trouver une bonne école à son fils afin de lui assurer un avenir…
La Critique de Ip Man 4 : Le Dernier Combat :
Alors que les trois précédents volets de la superbe saga Ip Man ont connu des sorties en vidéo, en marge des grands circuits de distribution, la situation somme toute exceptionnelle a poussé le quatrième et ultime épisode dans les salles obscures. Une exposition méritée pour une fresque martiale d’envergure clôturant avec brio l’histoire de Ip Man, à nouveau mise en scène par Wilson Yip. Le maître de Bruce Lee étant bien sûr toujours incarné par le remarquable Donnie Yen…
Il était une fois le kung-fu
Figure majeure de l’histoire des arts-martiaux chinois, Ip Man, ou Yip Man, est aussi l’une des rares à avoir vu sa vie adaptée à l’écran non pas dans un seul film mais quatre. Le personnage s’étant aussi retrouvé dans d’autres productions au fil des ans, à commencer par The Grandmaster, de Wong Kar-wai, où il était incarné par Tony Leung. Une consécration amplement légitime tant Ip Man s’impose comme un acteur primordial, à l’influence sans cesse saluée, d’une somme de disciplines martiales. La célébrité de son élève le plus connu, Bruce Lee, ayant largement contribué à nourrir la sienne, jusqu’à en faire une icône quasi-mythologique à cheval entre la pop culture et l’Histoire. Ip Man dont la saga s’achève dans ce quatrième long-métrage à nouveau porté par Wilson Yip donc, centré justement sur son dernier combat (comme le dit si bien le sous-titre français). De quoi faire intervenir Bruce Lee dans l’histoire, quand bien même son rôle ne fait jamais de l’ombre à Ip Man, qui demeure le véritable héros du récit. Un récit un peu attendu mais incarné, parcouru de grands morceaux de bravoure, dont l’une des qualités est notamment de parvenir à instaurer une belle émotion.
La fureur contenue du vieux dragon
D’une classe absolue, maîtrisant totalement la moindre inflexion de son personnage, Donnie Yen est le pivot de ce quatrième opus, intervenant quelques années après un troisième volet peut-être un peu plus léger (dans lequel jouait Mike Tyson). L’occasion pour Wilson Yip de renouer avec une certaine sobriété dans la narration mais aussi dans l’action. Ce dernier profitant pleinement des extraordinaires compétences de ses acteurs, à commencer par Donnie Yen lui-même, aussi crédible dans le drame pur et dur, à la fois vulnérable et redoutable, que dans la baston mais aussi l’étonnant Danny Kwok-Kwan Chan, qui campe un Bruce Lee parfaitement convainquant. Un bel hommage au Petit Dragon, à ses luttes, ses rêves et ses valeurs… Il serait bien sûr injuste de ne pas mentionner Scott Adkins qui, s’il met un moment à intervenir, sait s’imposer lui aussi grâce à sa faculté à incarner une menace à la fois physique et donc tangible, mais aussi plus insidieuse. Son personnage lui donnant l’occasion de se livrer à une performance un peu outrancière, mais pourtant parfaitement raccord avec les intentions de l’ensemble. Puissant, bourrin même, mais néanmoins précis, Adkins impressionne à nouveau et prouve que quand on lui file les bons outils, il peut parfaitement s’élever au niveau des figures majeures de l’âge d’or de l’action. Son duel final avec Donnie Yen s’imposant sans mal comme la meilleure scène du film. Une baston parfaitement chorégraphiée, brutale et plutôt réaliste, en forme de vibrante métaphore des thématiques abordées jusqu’alors. Ip Man 4, à l’instar des épisodes précédents, ne se limitant pas aux parties de bourre-pifs mais prenant le temps de développer des thèmes comme le racisme anti-chinois aux États-Unis mais aussi, de manière plus centrée sur le personnage central, les notions d’héritage, d’accomplissement, d’honneur… Et si l’écriture est parfois maladroite, le film arrive à retomber sur ses pattes pour faire preuve d’une cohérence et d’une sincérité qui aident mine de rien à pardonner ses défauts les plus flagrants. Sans compter que cette faculté à épaissir son propos en fait aussi une œuvre en phase avec son époque et notamment avec des préoccupations relatives à la politique menée depuis les plus hauts sommets du pouvoir aux États-Unis.
Coups pour coups
Assez inégal dans son déroulé, ayant recours à des effets parfaitement inutiles, à base de câbles, pendant certaines bastons et un peu trop long, Ip Man 4 se rattrape ainsi grâce à sa générosité, son propos globalement passionnant et le travail de ses interprètes. On ne louera jamais assez Donnie Yen pour son jeu, lui qui donne le ton à l’ensemble, entraînant tout le reste de la distribution dans son sillage. Un grand acteur qui offre à Ip Man un beau chant du cygne, plus qu’à son tour spectaculaire, superbement mis en scène quand il s’agit de mettre en valeur les compétences martiales des comédiens, touchant, attachant et sincère.
En Bref…
Si les deux premiers Ip Man étaient des grands films d’arts-martiaux, parvenant à la fois à traiter de thématiques relatives à l’histoire de la Chine et des arts-martiaux, tout en contentant largement les amateurs de bourre-pifs, Ip Man 4 se montre plus inégal mais néanmoins méritant. Notamment grâce à la prestance de Donnie Yen, à la fougue de Scott Adkins, à la réalisation sans faille de Wilson Yip et à la grande générosité de l’ensemble, le film nous encourage à passer l’éponge sur ses quelques défauts. Une belle conclusion pour l’une des meilleures sagas d’arts-martiaux du septième-art…
@ Gilles Rolland