[Critique] LE CHAOS
Titre original : Left Behind
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Vic Armstrong
Distribution : Nicolas Cage, Chad Michael Murray, Lea Thompson, Cassi Thomson, Nicky Whelan…
Genre : Science-Fiction/Adaptation/Drame
Date de sortie : 22 janvier 2015 (DTV)
Le Pitch :
Des millions de personnes disparaissent subitement sans laisser de trace, si ce n’est leurs vêtements. À bord d’un avion, les survivants tentent de comprendre tout en devant du même coup faire face aux conséquences du grand ravissement…
La Critique :
Le Chaos s’appuie sur une idée qui rappelle fortement celle de l’excellente série The Leftovers. Le titre original du film, Left Behind veut en cela dire à peu près la même chose que celui de cette même série. Pour autant, si il est en effet question de personnes qui disparaissent en un instant, rien ne rapproche, dans le traitement, les deux fictions. Et pour cause, car Le Chaos est l’adaptation cinématographique du premier tome d’une saga littéraire en seize volumes, écrite par Jerry B. Jenkins et Tim LaHaye. Pour la petite histoire, et afin de comprendre que Le Chaos n’est pas seulement un film de science-fiction torché à l’arrache par une bande d’incompétents peu concernés, il faut savoir que ce Tim LaHaye est un pasteur américain évangéliste connu pour ses idées violemment réactionnaires. Homophobe, conspirationniste, et proche de feu le révérend Moon (le type complètement givré qui s’était déclaré second Messie, avec tout ce que ça sous-entend), LaHaye est du genre à faire passer Sarah Palin pour un modérée plutôt fréquentable. Pour communiquer ses idées et annoncer de manière plus ludique la fin du monde, le type a vite décidé de prêcher par le biais de bouquins à destination des masses, écrits avec l’aide de l’auteur de seconde zone Jerry B. Jenkins (un peu comme le fondateur de la scientologie, L. Ron Hubbard, dont Battlefield Earth fut aussi adapté sur grand écran). Des ouvrages à la qualité littéraire relative, qui racontent comment Dieu décida un beau jour, de rapatrier ses bonnes brebis lors d’un grand ravissement, laissant les pêcheurs ou les non croyants à l’abandon, sur une Terre prête à subir les assauts d’un antéchrist de retour, et ici incarné par un puissant roumain, Secrétaire Général de l’ONU qui plus est.
Une histoire débutant en partie dans un avion, avec un échantillon de passagers censées représenter tout ce qui, selon l’auteur, cloche dans l’Amérique moderne, à savoir l’adultère, l’athéisme, le je-m’en-foutisme, la drogue, le fait de croire en un Dieu qui n’est pas celui de la Bible tel que LaHaye la perçoit, la violence, ou encore le nanisme (sans rire). De bons vieux hérétiques qui vont s’unir pour lutter contre le mal dans un monde en flammes… Notez que nous ne verrons jamais cela au cinéma, vu le bide que Le Chaos a fait partout où il est sorti. Ce premier et seul volet restant cloisonné dans la carlingue de l’avion…
Le Chaos est le genre de film qui n’appelle aucune indulgence. Au delà du fait qu’il s’agit d’un navet de bas étage, réalisé avec les pieds, joué par des acteurs qui n’en ont manifestement rien à faire, et écrit à l’arrache à grand renfort de dialogues consternants de bêtise, c’est dans les idées qu’il colporte que ce long-métrage nauséabond s’avère scandaleusement rédhibitoire. Sans aucune nuance, bien installé dans ses idées reçues et ses préjugés réactionnaires d’un autre âge, le script de ce bordel rend même difficile un visionnage au second degré, tant il nous rappelle sans cesse sa condition de véhicule à la propagande d’un fanatique illuminé.
Un tel désastre appelle alors une question : pourquoi Nicolas Cage est-il allé se compromettre dans une telle purge ? On connaît la propension de l’acteur à accepter un peu tout et n’importe quoi, mais souvent, lui-même en profite pour y aller à fond et jouer sur un outrance que ses fans savent apprécier à sa juste valeur. On sait aussi que l’ex-gendre d’Elvis Presley a récemment connu des problèmes d’ordres financiers, inhérents à un mode de vie proche de ceux des rock stars les plus extravagantes. Dans ce Chaos, c’est lui le meneur des survivants de l’avion. Celui qui calme les ardeurs et qui doit faire face à une situation qu’il comprend vite. Loin de ses cabotinages si jubilatoires, Cage semble néanmoins sévèrement se faire chier. À vrai dire, c’est le seul dont l’implication est quasiment injustifiable et qui pourtant, si on est vraiment fan, constitue le seul élément positif. Si on fait exception bien sûr de l’actrice Cassi Thompson et du transfuge des Frères Scott, Chad Michael Murray, tous les deux certainement censés flatter les mirettes des spectateurs mâles et femelles, de part leur physique avantageux. Lea Thompson, populaire pour avoir campé la mère de Marty dans la saga Retour vers le Futur, ne fait quant à elle que passer.
Tous les autres servant à illustrer un péché justifiant leur condition de victimes, selon les critères de l’écrivain responsable de cette chose.
Et pourtant… Vic Armstrong, le chef d’orchestre de ce produit sectaire, n’a rien d’un amateur. En tapant son nom sur Google, on s’aperçoit vite qu’avec son c.v. long comme le bras, parsemé de références prestigieuses, l’homme est un solide artisan. C’est par exemple lui qui mit en boîte pour James Cameron, la scène d’ouverture de Terminator 2, sur lequel il officiait en qualité de réalisateur de seconde équipe (comme sur Total Recall, Starship Troopers ou encore Last Action Hero). Le gus a aussi fait le cascadeur et a doublé Harrison Ford dans les Indiana Jones, Christopher Reeve dans Superman, tout en réglant ensuite les cascades sur de nombreux films dont Thor ou Gangs of New York. Pas un manche donc le Vic Armstrong. Une nouvelle fois : pourquoi ? Le Chaos, avec son budget réduit et ses aspirations XXL (en gros orchestrer la fin du monde) ressemble à un vieux téléfilm à peine digne de figurer sur la grille des programmes de l’après-midi sur la chaîne 6Ter. Les effets-spéciaux sont bien évidemment désastreux, la photographie à peine convenable et la musique tellement fade qu’on en vient à ne plus la remarquer.
Regarder Le Chaos jusqu’au bout relève de l’exploit. Si vous avez réussi, vous pouvez lever le coude à la santé de votre cinéphilie déviante des plus performantes.
Notez que le 0,5 accordé fait simplement écho à l’admiration que porte l’auteur de ses lignes à Nicolas Cage. Oui oui, même quand il a l’audace d’accepter de se compromettre dans la pire des merdes, Cage reste Cage, où qu’il soit !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Seven 7
Oh Oh… Du lourd…
Tu l’a dit 🙂
Misère… film débile certes, mais pourquoi ajouter une critique aussi débile… “bien-pensant”, “réactionnaire”, “nauséabond”…. manque plus que “glaçant”… pauvre autruche qui croit faire l’original en ressassant la bien-pensance et la haine anti-catholique que BFM et LCI lui ont collé dans le crâne…
Merci c’est gentil !