[Critique] LE TERRITOIRE DES LOUPS
Titre original : The Grey
Note moyenne : Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Joe Carnahan
Distribution : Liam Neeson, Dallas Roberts, Frank Grillo, Dermot Mulroney, Nonzo Anozie, Joe Anderson, Ben Bray, James Badge Dale, Anne Openshaw…
Genre : Aventure/Survival
Date de sortie : 29 février 2012
Le Pitch :
Un avion transportant les employés d’une compagnie de forages pétroliers se crashe en plein milieu du Grand Nord. Rapidement, les survivants deviennent les proies d’une meute de loups…
La Critique (Gilles) :
Rating:
Dans la plus pure tradition du survival, Joe Carnahan respecte les codes inhérents au genre. Le réalisateur ne cherche pas à tout prix l’originalité. Il sait que l’environnement dans laquelle prend pied son intrigue suffit d’emblée à lui conférer une tonalité propre. Le postulat de départ aussi. Des hommes pris à parti par des loups. Une histoire quasi-universelle, riche de sens et prétexte à des séquences mémorables.
Le Territoire des loups est un film puissant. Le genre d’œuvre qui vous cloue au siège deux heures durant. Un survival âpre et sans concession dont il est difficile de ressortir indemne. On retrouve ici le Carnahan de Narc (son deuxième film). Celui, qui en une scène (l’intro de Narc), avait scotché son monde. Un réalisateur qui montre les dents et signe à n’en pas douter son meilleur film.
Pas besoin de tergiverser trois plombes. Le Territoire des loups est l’un des meilleurs longs-métrages de ce début d’année. La prouesse est telle que l’on sentirait presque le vent venir nous gifler le visage tandis qu’à travers les haut-parleurs nous parviennent les grognements menaçants des loups. On se retrouve aux côtés des protagonistes, on ressent leur crainte et la pression psychologique se fait plus présente. Les images, qui flirtent parfois avec le documentaire, collent de près aux personnages. L’immersion est immédiate, que ce soit lors du crash aérien -incroyable- ou lors des poursuites dans la neige. Le boulot sur l’image est remarquable et Carnahan, après un Agence tous risques certes super fun, mais il est vrai un peu léger, revient aux choses sérieuses. Habité par son sujet, le cinéaste se refuse aux compromis et ne cherche pas à brosser le spectateur dans le sens du poil. Il choque et surprend. Dans l’action et dans l’émotion, via un bon nombre de scènes déchirantes.
Mieux vaut être prévenu. Le Territoire des loups n’est le film bourrin que la bande-annonce présente. Le Territoire des loups est une longue poésie. Contemplatif et brutal le film se démarque par une tonalité à fleur de peau. La chair meurtrie des personnages se mêle aux blessures de l’âme. Il est question de foi, de courage, de camaraderie et d’amour. Un tout qui nourrit le combat de ces hommes lâchés en pâture à une force quasi-surnaturelle. On remet les pendules à l’heure. Sans son fusil, le héros du Territoire des loups se confronte à ses ennemis seulement armé de son instinct. Un instinct qui doit prendre le dessus, mais qui jamais ne masque des émotions profondément humaines.
Le retour à l’état sauvage pour les hommes ne se fait jamais au pris d’un déni total de leur condition. Bien au contraire. En cela, et dans sa faculté à explorer cette violente plongée dans le froid et dans la psyché de ses héros confrontés à une nature impitoyable, Le Territoire des loups fait bien sûr penser aux récits de Jack London. Jeremiah Johnson n’est pas bien loin… Et dans un certain sens Christopher McCandless non plus (Into the Wild). Des figures emblématiques qui trouvent dans le personnage d’Ottway un écho probant. Dans le rôle titre, Liam Neeson impose une nouvelle fois son talent. L’acteur, brut de décoffrage et pourtant très émouvant est tout aussi crédible dans l’action que dans l’émotion. Il porte le film. Son regard, bleu et dur comme l’acier habite une traque incroyable. Une poursuite qui bénéficie en outre de la valeur ajoutée d’un casting cohérent et inspiré.
Abordons maintenant un point important : certaines associations peu avisées de défense des animaux ont appelé au boycott du film. À voir le résultat final, on ne peut pas s’empêcher de penser que ces dernières n’ont pas vu le film. Le long-métrage de Joe Carnahan ne donne pas une image biaisée des loups. Il n’encourage pas la haine de ces derniers et ne fait que décrire une chasse où chaque parti lutte pour sa survie et celle de son clan. Les personnages du film, qu’ils soit couverts de poils, la bave aux lèvres ou armés de couteaux, la peur au ventre, se disputent la première place en haut de la chaine alimentaire. En soi, rien d’extraordinaire. Et puis bon, tous les loups à l’écran sont soit des animatronics, soit des images de synthèse. Le boulot de Greg Nicotero et de son équipe est d’ailleurs remarquable. Les loups sont beaux, menaçants à souhait et comme mentionné plus haut, entourés d’une aura quasi-surnaturelle.
Vous l’aurez compris, Le Territoire des loups est un grand film. Une grosse claque. Une œuvre ambitieuse qui colle la chair de poule et fait monter les larmes. Un film maitrisé, lyrique et spectaculaire conseillé à toutes celles et ceux qui cherchent une immersion totale. Un voyage au bout de l’enfer… blanc.
@ Gilles Rolland
La Critique (Daniel) :
Rating:
Joe Carnahan suit une carrière de sommets et de bas-fonds. Après un début énergique mais largement sans conséquence avec Blood and Bullets, il nous a séduit avec la brutalité de son drame policier Narc, mais ses offrandes suivantes, comme le joyeusement sordide Mise à Prix ou le over-the-top L’Agence Tous Risques n’ont pas eu le même impact, ni le même succès. Mais avec Le Territoire des loups, l’intensité hardcore et intransigeante de Narc revient en force et le résultat est sans aucun doute l’un des films d’action les plus sérieux de l’année.
Le créneau de Carnahan reste, au moins jusqu’ici, la mise à jour constante des archétypes qui constituent un « film d’hommes » (flics et voleurs, fusillades entre mafieux, tueurs et mercenaires, malfrats et antihéros…) avec des paramètres modernes. À cet effet, Le Territoire des loups est un polar de survie old-school à la Jack London, qui mise tout sur le fait que la culture de confort du 21ème siècle a rendu le concept familier de l’homme contre la nature plus brutal et plus effrayant que jamais. Liam Neeson, dans le rôle principal, interprète un tireur d’élite Irlandais nommé John Ottway. Un homme las et suicidaire, dirigeant la sécurité d’un avant-poste pétrolier en Alaska. Son boulot essentiel : utiliser ses talents au fusil pour protéger les ouvriers des prédateurs de la nature. Pendant le trajet du retour en fin de saison, Ottway et ses collègues sont pris dans un accident d’avion qui n’épargne qu’une poignée d’hommes. Des survivants perdus dans une désolation enneigée qui se révèle être le terrain de chasse d’une meute de loups affamés et féroces.
On ne peut découvrir Le Territoire des loups sans éprouver une sensation grandissante d’angoisse. Les rescapés de l’avion se trouvent non seulement dans un territoire de loups sauvages, mais carrément au terme de la civilisation – dans un paysage froid, hostile et anonyme, sans aucune trace de vie, ni aucun véritable repère. Alors que les hommes luttent pour leur survie, que leur nombre diminue et que la situation empire, on finit par perdre tout espoir. Peu à peu, ils vont perdre tout ce qui leur permet de tenir : la camaraderie, la patience, le courage, la force, la vie, et même la foi.
Malgré la sauvagerie des scènes de survie, en particulier les attaques des loups et la traversée d’un gouffre, qui rivalise presque avec celle de Cliffhanger, c’est dans ses moments de calme et de réflexion que Le Territoire des loups résonne le mieux. Ottway est hanté par les leçons de son père et le souvenir de sa femme. Même les loups, illustrés de façon implacable, semblent être des agents du destin…
Quant aux loups, qui se dévoilent peu (ce qui est peut-être préférable), étant donné que la plupart de leurs attaques rapprochées sont réalisées avec des images de synthèse un peu douteuses. À la place, le long-métrage est principalement centré autour des survivants (dont le nombre devient de plus en plus réduit) qui essaient de trouver un abri sans succomber aux dangers de la nature et à leurs propres conflits, avec la menace omniprésente des loups agissant en général comme une motivation pour obliger les hommes à se déplacer continuellement. La vraie question de l’intrigue reste si oui ou non l’expert en survie et dur-à-cuire joué par Neeson pourra maintenir l’ordre et la confiance dans son groupe, tout en essayant de ne pas sombrer dans la folie.
Tous les acteurs peuvent être fiers de leur travail, mais ici c’est Neeson qui commande.
Ce serait une erreur de considérer Le Territoire des loups comme étant simplement un Taken avec des loups. Pensez plutôt au Dernier des Mohicans ou à La Chute du Faucon Noir pour une comparaison plus appropriée.
Après tout, ce serait très facile de faire la version simple et rapide de ce film : des loups monstrueux, un casting chair-à-canon, ce genre de truc s’écrit tout seul, mais Carnahan vise plus haut que cela. Il approfondit le sujet. Le Territoire des loups contient toute l’étoffe nécessaire : des grands égos, des épreuves de force et d’endurance, des armes improvisées, des sacrifices honorables et le genre d’humeur macabre et d’amitié virile qui rappelle l’ère masculine d’une « cinématographie testostéronée » des années 60-70. Il y va avec franchise et honnêteté et ne laisse rien sur la table : des os seront brisées, du sang va couler et personne n’en sortira indemne. On obtient un résultat qui pousse la cruauté et le côté punitif à leurs limites, mais qui réussit également à atteindre le niveau de mise en scène et d’intelligence qu’on peut espérer de ce genre de cinéma. Le Territoire des loups avance dans ses intentions avec une logique impitoyable – il y a moins d’hommes que de loups. Les hommes ont des armes, les loups ont de la patience, les conditions sont mauvaises, le calcul est simple.
Restez jusqu’au bout du générique de fin pour un ultime plan…
@ Daniel Rawnsley
[…] aussi le très bon article de Gilles Rolland sur ce […]
Il semble que beaucoup oublit que ce film – peut-on le qualifier ainsi ? – a cautionné la mort, volontaire, de 4 loups, que les acteurs -honte à eux – ont mangé du loup et, tout ceci, à la demande d’un réalisateur irresponsable qui, à nouveau, alimente le mythe du loup tueur d’homme alors que seul l’homme est un exterminateur de loup. Extermination qui recommence, à ce jour, orchéstrée par les lobbysmes de la chasse et de l’agriculture.
En cautionnant ce “film”, vous cautionnez les meurtres d’animaux bien que ceci soit strictement interdit par la loi, sans évoquer le relan de peur imbécile que l’imaginaire humain à créé autour de cet animal, comme pour tant d’autres.
A titre d’information, pour le public ne désirant, nullement, cautionné cette abomination, il aurait été souhaitable que vous précisiez ce que furent les conditions de tournage pour ces loups et leurs mort abominable.
Le comparer au “dernier des Mohicans”, c’est véritablement mal connaître le théme du film et son message humaniste quand celui-ci ne fait que l’apologie d’une violence fantasmagorique, dont le résultat final est une barbarie qui n’est pas fictionnelle, mais bien réelle.
Honte à Neeson qui à cautionné cette barbarie et d’autant plus encore au réalisateur qui est sous le coup de nombreux procés pour avoir torturé et tué ces loups.
Oui il s ont tué 4 loups pour se servir de leur carcasse afin de l’animer pour les besoin du film. Je connais l’histoire. Il faut apprends, surtout aujourd’hui à l’heure d’internet qui colporte beaucoup de fausses rumeurs, à faire le tri. Vous ne me connaissez pas et vous ne connaissez pas mes conviction et vous m’accusez. C’est votre choix mais sachez que vous vous êtes attaqué à la mauvaise personne. Je suis un fervent défenseur de la cause animale et si vous me permettez le sujet du film n’a rien à voir avec ce que vous avancez. Il faut de plus faire la différence entre la réalité et la fiction et c’est lorsqu’on fait de faux rapprochements comme ceux-ci que ça devient franchement dangereux.
“A titre d’information, pour le public ne désirant, nullement, cautionné cette abomination, il aurait été souhaitable que vous précisiez ce que furent les conditions de tournage pour ces loups et leurs mort abominable.” Et non je ne vais pas colporter de fausses rumeurs. Je préfère vérifier mes infos avant de les publier et croyez bien que je ne serait même pas allé voir le film si j’avais eu le moindre doute. Je peux vous citer des films (tous très anciens mis à part un) où des animaux meurent pour de vrais mais c’est sûr que celui-ci n’en fait partie. Joe Carnahan, le réalisateur n’est pas sous le coup de nombreux procès, il prépare en ce moment son prochain film. La production cinématographique est -surtout pour des films produits par de gros studios comme Le Territoire des Loups- très stricte, surtout aux Etats-Unis sur le traitement infligé aux animaux et si le réalisateur s’est fait critiquer c’est surtout pour avoir abusé des images de synthèse qui nuisent selon certains au réalisme. Moi ça me va très bien car à l’écran, les loups sont très peu réalistes. Il sont énormes, presque fantasmagoriques et de toute façon, on les vois très peu. Le film joue sur la suggestion.
À ce compte là pourquoi ne pas affirmer que les acteurs du film ont été sacrifié pour les besoins du tournages ou que Spielberg, dans son dernier film, Cheval de Guerre a massacré plusieurs chevaux ? Non franchement, il faut faire la part des choses.
Les gens n’ont pas besoin de films pour faire du mal aux animaux. À ce que je sache aucun films n’a montré des types massacrant des milliers de chiens pour “nettoyer” une ville en prévision d’un grand évènement sportif non ? Et pourtant c’est ce qui vient de se passer pour la Coupe d’Europe.
Pour répondre à Olivier !
Ne vous sentez-vous pas un peu ridicule. De quel abomination et meurtres parlez-vous gentil bisounours !
De quelle barbarie ? ! Du grand n’ importe quoi !
Mieux vaut en rire qu’ en pleurer mais vous n’ avez peut-être que 6 ans et demi ! CE N’ EST QU’ UN FILM avec de faux loups ! Morte de rire !!!
Oui trop drôle son commentaire en effet 🙂
[…] jubilatoire de L’Agence tous risques avant de signer son chef-d’œuvre, le survival givré Le Territoire des loups. Malheureusement, les choses ont commencé à se gâter en 2014 avec le bancal […]