[Critique] LES FILLES DU DOCTEUR MARCH

CRITIQUES | 4 janvier 2020 | Aucun commentaire
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Titre original : Little Women

Rating: ★★★★½

Origine : États-Unis

Réalisatrice : Greta Gerwig

Distribution : Saoirse Ronan, Emma Watson, Florence Pugh, Eliza Scanlen, Timothée Chalamet, Laura Dern, Meryl Streep, Bob Odenkirk, Louis Garrel, Chris Cooper, James Norton…

Genre : Drame/Adaptation

Durée : 2h14

Date de sortie : 1er janvier 2020

Le Pitch :

En pleine Guerre de Sécession, Jo, Meg, Beth et Amy March vivent avec leur mère dans une petite ville du Massachusetts, alors que leur père sert sur le front. Très unies mais néanmoins très différentes, les quatre sœurs nourrissent chacune leurs propres rêves…

La Critique de Les Filles du Docteur March :

Cinquième adaptation du roman de Louisa May Alcott et de sa suite (la dernière, mise en scène par Gillian Armstrong, datant de 1994), Les Filles du Docteur March est le troisième film de la réalisatrice/scénariste/actrice Greta Gerwig, après Nights and Weekends et Lady Bird. Un métrage qu’elle a également écrit, qui lui permet de retrouver le duo Saoirse Ronan/Timothée Chalamet, mais aussi de diriger une pléiade de prestigieux acteurs. L’occasion pour la cinéaste d’un peu plus monter en puissance, elle qui ici, fait montre d’une maîtrise exemplaire. Aussi bien au niveau du fond que de la forme…

Family Values

Le scénario des Filles du Docteur March annonce d’emblée la couleur. Ici, pas de narration linéaire. Greta Gerwig ayant fait le choix d’opérer de réguliers allers-retours dans le temps afin de nous compter l’histoire de Jo, Meg, Amy et Beth. Une décision lui permettant d’imposer également une tonalité un peu à part même si jamais l’écriture ou même la réalisation ne cherche à trop se détacher des codes imposés par le roman. En cela, le film ne se pose pas, en tout cas au premier abord, comme une relecture moderne, mais comme une nouvelle vision, respectueuse de l’histoire imaginée par Louisa May Alcott.

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Trouver sa voie

Ce qui n’empêche pas Greta Gerwig de justement profiter de certains aspects de son récit pour aborder des problématiques bel et bien d’actualité, relatives notamment à la place des femmes dans la société et aux inégalités encore trop présentes. Le film dressant un parallèle entre le désir de Jo March et de ses sœurs de trouver leur place dans le monde envers et contre des conventions et autres règles franchement à l’avantage de la gente masculine. Le tout sans forcer, avec un naturel très appréciable et un bon goût sans cesse renouvelé. Ce qu’il faut comprendre par là, c’est donc que jamais Greta Gerwig n’insiste lourdement. Sa plume étant empreinte d’une grande sensibilité et d’une intelligence de tous les instants, respectant les personnages et leurs aspirations et soulignant du même coup la puissance d’un discours féministe pour le moins éloquent. En d’autres termes, si Jo March est clairement celle qui cherche le plus à s’extraire des carcans de la société de l’époque, dans laquelle les femmes ne sont pas du tout considérées comme égales aux hommes, à travers son écriture et sa farouche volonté de s’en sortir seule, Greta Gerwig respecte tout autant Meg et son désir de donner la priorité au bonheur de sa famille au détriment de son objectif premier de devenir actrice. Amy étant pour sa part justement déchirée entre ses rêves et la nécessité un peu imposée de faire un « bon mariage ». Le film affirmant en filigrane que l’important est bien d’écouter son cœur pour se donner les meilleures chances de trouver le bonheur, y compris si le cœur en question, conduit à justement embrasser des conventions potentiellement étouffantes. Un parti pris vraiment salutaire car permettant au long-métrage de vraiment rendre justice aux nuances déjà présentes dans l’œuvre originale.

Histoire de sœurs

Naviguant avec beaucoup d’adresse entre la comédie et le drame, aussi à l’aise quand il s’agit de faire preuve d’une certaine légèreté puis l’instant d’après, de se montrer plus grave, le film est aussi impressionnant sur un plan purement visuel. Exploitant à merveille ses magnifiques paysages, immersif quand il s’agit de nous prendre par la main pour nous plonger dans une ambiance rapidement confortable, avec ce petit côté vintage pour le moins délectable, Les Filles du Docteur March jouit aussi forcément du talent et du charisme de ses acteurs. Au premier plan, Saoirse Ronan brille à nouveau mais ne fait de l’ombre à personne, laissant de la place à ses excellents partenaires. Emma Watson est parfaite, Meryl Streep toujours irréprochable et Laura Dern bien sûr impeccable. Florence Pugh de son côté, confirme, après ses performances remarquées dans Midsommar ou Une Famille sur le Ring, qu’elle est l’une des plus grandes révélations de ces dernières années, alors que Timothée Chalamet se glisse avec la plus grande aisance dans les habits de Laurie, le jeune voisin des March, autrefois campé par Christian Bale. Sans oublier bien sûr les épatants Chris Cooper, Bob Odenkirk et bien sûr la jeune Eliza Scanlen, repérée en 2018 dans la mini-série Sharp Objects. À vrai dire, seul Louis Garrel est un peu en dessous, lui qui paraît toujours en décalage. N’ayant pas l’air très investi, effacé et donc un peu transparent, on ne peut pas dire qu’il parvienne à vraiment s’imposer et c’est un peu dommage. Même si heureusement, son personnage n’est pas non plus le plus important du lot.

March attaque

Réussite indéniable, le troisième long-métrage de Greta Gerwig fait montre d’une étonnante capacité à captiver sur la longueur, sans avoir recours à des effets opportunistes. Tendre et bienveillant, il met en avant une certaine poésie, notamment relayée par la partition toujours sensible et pertinente d’Alexandre Desplat. Beau film au sens le plus noble du terme, il sait tranquillement mais sûrement cocher toutes les cases, sans se départir d’une véritable personnalité et en faisant preuve d’une audace, là encore pas si flagrante de prime abord, mais pourtant déterminante sur la longueur.

En Bref…

Réussite indéniable, Les Filles du Docteur March est aussi beau que passionnant, émouvant et parfois drôle. Une sorte de parenthèse bienveillante aussi tendre que visuellement aboutie. Un film porté par une écriture remarquable de sensibilité et de pertinence et par un casting 5 étoiles.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Sony Pictures Releasing France
Par Gilles Rolland le 4 janvier 2020

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