[Critique] LES SEPT DE CHICAGO

CRITIQUES | 17 octobre 2020 | Aucun commentaire
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Titre original : The Trial of the Chicago 7

Rating: ★★★★★

Origines : États-Unis/Grande-Bretagne/Inde

Réalisateur : Aaron Sorkin

Distribution : Sacha Baron Cohen, Yahya Abdul-Mateen II, Eddie Redmayne, Mark Rylance, Joseph Gordon-Levitt, Michael Keaton, Frank Langella, John Carroll Lynch, Jeremy Strong, Noah Robbins, Alex Sharp…

Genre : Drame

Durée : 2h09

Date de sortie : 16 octobre 2020 (Netflix)

Le Pitch :

Chicago, 1969. En pleine convention démocrate, plusieurs centaines de manifestants se rejoignent en ville pour protester contre la guerre du Vietnam et la politique du président en poste Lyndon B. Johnson. Alors que la violence s’empare de la cité et que les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants font rage, les principaux instigateurs du mouvement sont arrêtés. En 1969, sept d’entre-eux se retrouvent devant les tribunaux, accusés de conspiration et d’incitation à la révolte. Histoire vraie…

La Critique de Les Sept de Chicago :

Développé sous pavillon Paramount, Les Sept de Chicago a finalement été racheté par Netflix qui, disons-le d’emblée, s’est payé là l’un des meilleurs titres de son catalogue. Un film écrit et mis en scène par le prodige Aaron Sorkin, soit l’un des plus brillants scénaristes du cinéma américain, auquel on doit des films comme Des Hommes d’honneur, The Social Network, Le Stratège et Steve Jobs et qui, en 2017, faisait ses débuts à la mise en scène avec Le Grand Jeu. Sorkin restant également célèbre pour ses formidables séries À la Maison-Blanche et The Newsroom

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Les Sept qui étaient huit

L’histoire des Sept de Chicago est l’une des plus retentissantes de l’histoire récente des États-Unis. Le procès de ces hommes ayant largement résonné dans les années qui suivirent, inspirant par la suite d’autres mouvements contestataires dans le monde entier. Procès qui aujourd’hui, dans notre monde, possède également une résonance qu’Aaron Sorkin ne se prive pas d’exploiter avec une ferveur qui force rapidement l’admiration. Notamment dans sa faculté à accorder l’importance qu’il mérite à Bobby Seale, le responsable des Black Panther jugé lui aussi lors du même procès, privé de défense, littéralement conspué par un juge gangrené par ses propres préjugés et son incompétence crasse (superbe Frank Langella). Seale, accusé à tort en raison de la couleur de sa peau, du fait qu’il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment mais aussi parce qu’il appartenait à un mouvement dans dans le collimateur de la justice, dont le sort renvoie à lui seul à la façon dont le gouvernement en place actuellement aux États-Unis traite les affaires de racisme, déguisant (mal) ses idées malsaines derrière des arguments fallacieux. Le juge incarné par Frank Langella se posant presque à lui-seul comme l’illustration de cette justice aussi pourrie que partiale, qui modifie les règles du jeu en chemin dans le seul but d’obtenir, à la fin, le résultat escompté.

Les Sept de Chicago joue ainsi sur plusieurs tableaux, tentant et réussissant à aborder dans sa globalité ce procès historique aux enjeux décisifs, qui, plus de 50 ans après, continuent de nous concerner.

D’autres hommes d’honneur

Aaron Sorkin était l’homme de la situation. Ici en pleine possession de ses moyens, à l’écriture et à la mise en scène, il renoue avec la verve de À la Maison Blanche, The Newroom et Des Hommes d’honneur et nous livre un film de procès passionnant de bout en bout. Son scenario faisant preuve d’une fluidité exemplaire, parvenant à clarifier les enjeux de cet affrontement politique qui, en 1969, mit en exergue la bêtise crasse d’un système répressif dans un contexte aussi complexe que tumultueux. Alors que sa reconstitution de l’époque brille par sa pertinence, Sorkin sert à ses acteurs des dialogues ciselés, dynamiques et prenants, n’en faisant jamais trop, se focalisant sur l’essentiel sans cesser de faire preuve d’une ferveur contagieuse qui contribue grandement au caractère passionnant de l’ensemble. Sorkin qui dirige aussi ses acteurs d’une main de maître. De Mark Rylance, qui tient peut-être bien ici son meilleur rôle, à Sacha Baron Cohen impérial, en passant par le génial Yahya Abdul-Mateen II, Joseph Gordon-Levitt ou encore les toujours excellents Eddie Redmayne et Jeremy Strong, il exploite véritablement le talent de chacun pour nourrir son récit, dont l’intention ne faiblit jamais. À noter que le montage est lui aussi véritablement prodigieux. Que ce soit concernant l’introduction, puissante à souhait, ou le déroulement du procès en lui-même, qui nous incite à nous accrocher à notre canapé jusqu’au dénouement. Traversé de morceaux de bravoure, Les Sept de Chicago possède des allures de classiques instantané. Il y a ici quelque chose d’universel. Dans le fond et dans la forme. Aaron Sorkin a réalisé un film important. Une œuvre magnifique sur bien des points, éloquente, émouvante plus qu’à son tour. Tout bonnement indispensable.

En Bref…

Totalement maître de son sujet, Aaron Sorkin, en racontant l’histoire des Sept de Chicago, fait se télescoper les époques et offre à la notre l’un de ses films les plus éloquents. Un film crucial, magnifiquement écrit, réalisé et mis en scène, à voir absolument donc. Surtout en ce moment !

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Netflix
Par Gilles Rolland le 17 octobre 2020

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