[Critique] MORBIUS
Titre original : Morbius
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Daniel Espinosa
Distribution : Jared Leto, Matt Smith, Adria Arjona, Jared Harris, Tyrese Gibson, Michael Keaton…
Genre : Fantastique/Adaptation
Durée : 1h48
Date de sortie : 30 mars 2022
Le Pitch :
Atteint d’une maladie très rare du sang depuis l’enfance, le docteur Michael Morbius parvient à mettre au point un sérum à partir de l’ADN de chauve-souris. Un remède qui, bien qu’efficace contre son mal, le transforme aussi en vampire surpuissant et assoiffé de sang…
La Critique de Morbius :
Il faut savoir un truc au sujet de Morbius, l’adaptation du comics Marvel du même nom. Tourné il y a presque 2 ans, le film a subi de nombreuses modifications en salle de montage, sans que le réalisateur Daniel Espinosa n’ait apparemment eu son mot à dire. Tels des savants-fous hors de contrôle, les monteurs se sont acharnés à découper le long-métrage, profitant des reports inhérents à la pandémie pour sans cesse triturer, couper et recoller. Il est amusant (en fait non) de constater que le produit fini n’a pour ainsi dire plus grand chose à voir avec ce que les premières bandes-annonces promettaient. Morbius s’étant transformé, à l’image de son personnage principal, pour nous parvenir aujourd’hui sous une forme qui est loin de faire honneur au matériau de base…
Sony vs. Marvel
On le sait, auparavant concurrents, les studios Sony et Marvel ont réussi à trouver un terrain d’entente concernant Spider-Man, qui évolue désormais dans le MCU. Spider-Man : No Way Home ayant rebattu les cartes et ouvert de toutes nouvelles perspectives concernant des personnages appartenant à son monde dans les comics, à savoir Venom et Morbius (en attendant les autres comme très probablement Kraven le chasseur). Pour autant, Morbius se déroule bel et bien dans le même univers que Venom, d’où, rappelons-le, Spider-Man est absent. Mais au fond, cela n’a pas grande importance. Sauf peut-être pour les deux scènes post-génériques, mais nous en reparlerons brièvement.
Suck me I’m famous
Comme c’est souvent le cas, le charcutage dont Morbius fit l’objet se voit à l’écran. Dès le début à vrai dire, ce qui est rarement bon signe. Alors voilà… Jared Leto, plus christique que jamais, avec ses traits creusés, sa barbe et ses longs cheveux, déboule au Costa Rica et fait copain-copain avec des chauve-souris voraces. Il est malade, son meilleur ami plein aux as aussi, bla, bla bla, il fabrique un sérum pour sauver son pote et lui par la même occasion, voire le monde dans la foulée, bla bla bla, ça tourne mal et hop il devient un vampire.
Au début, tout va très vite et au fond c’est pas plus mal tant tout le film sent l’entreprise d’enfumage à plein nez. Si le début fleure bon le boulot torché à l’arrache, ça devient pire par la suite, dès que le vampire fait son entrée. Certes le maquillage s’avère plutôt réussi mais c’est bien peu de choses au vu de la façon dont les mecs ont choisi de le faire se mouvoir.
Une traînée dans le ciel
Car voyez-vous, les vampires de Morbius, quand ils bougent, et ils bougent plutôt vite, laissent de grosses traînées derrière eux. On ne sait pas trop pourquoi, ni si les autres les voient (probablement pas), mais une chose est sûre, c’est dégueulasse. Un peu comme si Daniel Espinosa (mais ce n’est même pas son idée si ça se trouve) avait voulu reprendre le coup du bullet-time de Matrix mais sans aucun talent et avec un vieux Mac vérolé. Et on ne parle pas des arrêts sur image, histoire qu’on pige quand même qui fait quoi pendant les bastons, qui font ressembler le film à un clip dégoulinant d’un groupe sur-évalué comme 30 Seconds To Mars.
Sang pour Sang boiteux
Au fur et à mesure que l’histoire avance, le scénario perd aussi tout sa contenance. Un méchant émerge, interprété par un Matt Smith en roue libre, ses motivations sont nazes et la fille de service, jouée par la pourtant très fréquentable Adria Arjona, ne sert pas à grand chose si ce n’est à donner un semblant de consistance au héros. Oui parce qu’autant le dire, à l’instar de Venom, Morbius, même s’il aime le sang, avec sa sale gueule de Dracula mal dégrossi, il est quand même gentil. Morbius et Venom se ressemblent au final d’ailleurs pas mal. Le principal point commun ? Les deux super-méchants transformés en super-gentils en devenir sont au centre de deux films complètement brouillons et il faut dire globalement ratés.
Et on ne parle pas de deux scènes post-générique donc… Incroyablement stupides, sans queue ni tête, ces deux séquences, vous vous en doutez, rattachent Morbius aux autres films. Ce qu’elles font aussi, c’est traduire le je-m’en-foutisme ultime des producteurs derrière ce sabotage en règle. Deux scènes qui en plus de rentrer en contradiction avec à peu près tout ce qui a précédé, prennent des libertés incroyables avec le récit au point de finir de transformer toute l’entreprise en spectaculaire ratage.
En Bref…
S’il n’est pas forcément désagréable en soi quand on n’attend rien de particulier, et qu’il est plutôt court, Morbius reste tout de même profondément bancal. Mal écrit, monté à l’arrache, charcuté en long, en large et en travers, porté par des acteurs en roue libre et saboté par des effets visuels souvent dégueulasses, Morbius est à l’image de Venom : plutôt raté donc. C’est donc ce qu’on craignait et c’est dommage.
@ Gilles Rolland
Il fallait sans douter, non??
Oui en effet. Mais que veux-tu, je suis un éternel optimiste 😀
Au fur et à mesure que l’histoire avance,
le scénario perd aussi tout sa contenance.
Le double alexandrin, c’est volontaire? ?
J’aimerais répondre oui mais non ha ha