[Critique] OPPRESSION
Titre original : Shut In
Rating:
Origines : France/Canada
Réalisateur : Farren Blackburn
Distribution : Naomi Watts, Oliver Platt, Charlie Heaton, Jacob Tremblay, David Cubitt, Peter Outerbridge…
Genre : Thriller/Épouvante
Date de sortie : 30 novembre 2016
Le Pitch :
Mary, une pédopsychiatre, vit seule avec son beau-fils dans une maison isolée dans la forêt depuis l’accident qui laissa ce dernier catatonique et durant lequel son mari perdit la vie. Un jour, un de ses jeunes patients est porté disparu alors qu’une violente tempête de neige s’abat sur la région. C’est alors que Mary est victime de violentes hallucinations qui lui suggèrent que quelqu’un veut s’en prendre à elle. Mais si tout ceci n’était après tout pas le fruit de son imagination ? Elle ne va pas tarder à connaître la réponse…
La Critique d’Oppression :
C’est à EuropaCorp que l’on doit Oppression. EuropaCorp qui nous a déjà gratifié d’excellents films, à commencer par ceux de Tommy Lee Jones (Trois Enterrements ou encore The Homesman). Pour autant, la firme nous abreuve aussi régulièrement de bons vieux nanars dont certains écrits par le patron lui-même, Luc Besson. La bonne nouvelle, c’est qu’Oppression n’est pas signé par le réalisateur du Cinquième Élément. La mauvaise, c’est que le film n’est pas bon pour autant…
Dans la forêt, personne ne vous entend crier
Premier scénario de la dénommée Christina Hodson, qui devrait par ailleurs écrire le spin-off de la saga Transformers, centré sur l’insupportable Bumblebee, Oppression ne va pas chercher midi à quatorze heures et avance bille en tête en enfilant avec la régularité d’une montre suisse et la finesse d’un tank russe, les clichés les plus éculés d’un genre qui n’en demandait pas tant. On pense ainsi à Shining, à Misery, au Cercle (le film pas l’émission de Canal +) mais jamais l’idée nous vient de saluer une quelconque originalité ou un semblant d’audace. Oppression est un film de feignasse, dont la dynamique repose sur une idée à base de jump scares un peu moisis dont le twist pas du tout bien vu achève de rendre le tout insipide.
Certes, l’environnement est propice à la naissance d’une peur solide mais rien ici ne vient justement exploiter cet aspect des choses. À la place, la scénariste et Farren Blackburn, le réalisateur en poste, préfèrent se réfugier derrière des lieux communs, en adoptant une rythmique faussement trépidante dans la seconde moitié. Au début, après une introduction vaguement intrigante, le spectacle est juste terriblement ennuyeux.
Naomi Watts à la rescousse !
En fait, pour faire court, seuls les acteurs parviennent à retenir l’attention. Jacob Tremblay, le jeune prodige de Room, mais surtout Naomi Watts. En jouant sur le même registre que celui des deux Cercle, l’australienne sauve un peu les meubles, grâce à une implication de tous les instants. Intense quand le scénario ne l’est pas assez, elle parvient aussi à donner de l’épaisseur à une partition famélique et dispense en plus une émotion dont elle est la seule garante. Perdue au milieu d’un récit qui ne lui fait pas de cadeau, Naomi Watts porte le long-métrage sur ses seules épaules.
On notera aussi la présence d’Oliver Platt, qui vaut mieux que le sempiternel rôle du mec qui n’est là que pour charger un max et qui au fond ne comprend jamais rien jusqu’au moment où la cruelle vérité lui tombe sur le coin de la tronche, et le débutant Charlie Heaton, qui pourrait gagner haut la main un concours de sosies d’Edward Furlong et dont le rôle lui interdit de trop briller, engoncé lui aussi dans des clichés tenaces.
En Bref…
Thriller horrifique en forme de gros ramassis difforme d’influences mal digérées, Oppression n’oppresse jamais et finit par ennuyer à force de ne rien tenter et de s’en tenir à un cahier des charges aussi excitant qu’un après-midi chez Ikea. Seule Naomi Watts fait le job avec fougue mais même son charisme et son talent ne peuvent rien pour empêcher le film de sombrer. On a certes vu pire, mais ce n’est pas une excuse pour cautionner ce spectacle sans saveur, calibré pour une programmation en seconde partie de soirée sur la TNT.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : EuropaCorp