[Critique] PETER ET ELLIOTT LE DRAGON
Titre original : Pete’s Dragon
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Lowery
Distribution : Oakes Fegley, Bryce Dallas Howard, Robert Redford, Oona Laurence, Wes Bentley, Karl Urban…
Genre : Fantastique/Aventure/Adaptation
Date de sortie : 17 août 2016
Le Pitch :
Le jeune Peter a grandi dans la forêt en compagnie de son meilleur ami Elliott, un gentil dragon, qui l’a recueilli voici de nombreuses années. Loin des hommes, qui de toute façon, ne croient pas qu’il existe près de chez eux des créatures aussi fantastiques, Peter et Elliott coulent des jours heureux jusqu’à ce que leur existence soit bouleversée par l’irruption dans leur petit monde d’un fillette un peu trop curieuse…
La Critique :
David Lowery a fait forte impression avec sa première livraison, Les Amants du Texas. Une production indépendante qui n’a pas tardé à faire de lui une recrue de choix pour Disney, qui l’a donc recruté pour orchestrer l’adaptation live de son classique de 1977, réalisé par Don Chaffey. Un film à l’époque révolutionnaire qui mélangeait prises de vues réelles et animation, avec un dragon remarquablement incrusté à l’image aux côtés d’un vrai petit garçon incarné par un certain Sean Marshall. Lowery qui s’est d’ailleurs largement impliqué dans cette nouvelle version, au point de participer activement à l’écriture d’un scénario légèrement modifié. Ainsi, non seulement l’action ne se déroule plus au début du XXème siècle, mais pendant les années 80. Le début a également été modifié. Plus sombre de prime abord, le long-métrage de Lowery s’attache très rapidement à mettre en place une émotion prégnante et fédératrice. Ne vous étonnez donc pas à verser quelques larmes aussitôt l’histoire commencée…
C’est après une excellente relecture du Livre de la Jungle que Peter et Elliott le Dragon débarque dans les salles. Tout comme l’aventure de Mowgli, le récit de ce petit garçon et de son extraordinaire meilleur ami s’inscrit dans la politique de dépoussiérage intensif amorcé par la firme aux grandes oreilles voilà quelques années, avec notamment Alice au Pays des Merveilles et Maléfique. Une démarche que l’on pourrait aisément qualifier d’opportuniste, si la qualité n’était pas au rendez-vous. Tout spécialement concernant les deux dernières productions. Car Peter et Elliott le Dragon, à l’instar du Livre de la Jungle, est une flamboyante réussite, qui parvient en un tour de main à raviver la magie propre aux grands divertissements populaires à l’ancienne.
David Lowery a tout compris. Son film instaure une ambiance bien particulière, qui évoquera à n’en pas douter de doux souvenirs à ceux qui ont grandi avec les classiques Disney et les blockbusters Amblin, et qui touchera en plein cœur les plus jeunes. Car on parle ici de quelque chose de profondément universel, qui échappe à tout cynisme.
Peter et Elliott le Dragon raconte une histoire simple. Il est question d’une amitié hors-norme à la E.T., et de grandes questions sont abordées, avec sensibilité et pertinence. Le discours livré ici sur l’écologie, avec en particulier des questions liées à la déforestation et à l’importance de préserver la nature sans l’altérer d’une quelconque façon que ce soit, s’avère particulièrement juste. En quelques mots, on peut affirmer qu’on y croit. Nous voici plongés dans une petite bourgade à l’orée des bois, où les légendes vont bon train et où l’imaginaire n’attend qu’une petite étincelle pour s’enflammer.
Plutôt que de chercher l’originalité à tout prix, le long-métrage se focalise sur la bonne exécution d’une recette qui nécessite un grand savoir-faire et une sensibilité à toute épreuve.
Tous les ingrédients sont présents et parfaitement assumés. Les bons sentiments par exemple, relatifs à la famille et à l’amitié, sont exacerbés par une écriture extrêmement touchante, qui ne cherche pas à compliquer inutilement les choses. Même le bad guy de l’histoire, campé par Karl Urban, n’en fait pas trop. Un acteur qui incarne à lui tout seul la bêtise des hommes, dont la faculté à parfois tout détruire est ici montrée du doigt sans manichéisme, au sein d’une fable qui sait prendre en compte la notion de rédemption.
Visuellement, Peter et Elliott le Dragon est tout aussi merveilleux. Bien sûr, c’est Elliott qui captive dans un premier temps l’attention. Au fond, pas mal de choses allaient dépendre de son apparence et de la façon dont les ingénieurs des effets-spéciaux allaient lui donner vie. Tout en respectant son modèle, le film sait aussi prendre quelques risques à ce niveau. Elliott est donc non seulement beau, mais il s’impose aussi comme le parfait vecteur d’une magie enfouie qui ne demande qu’à sortir au grand jour pour tenter de se faire accepter par les hommes. Quelque part à mi-chemin entre le dragon tel qu’on se l’imagine, le chien et le chat, Elliott est le centre d’attraction numéro 1 du métrage de Lowery, et c’est normal. C’est une réussite exemplaire à tous les niveaux. Un seul plan sur ses yeux, profondément expressifs, suffisant à s’en convaincre et à ressentir cette petit boule dans la gorge synonyme de bien des choses.
Un gentil dragon qui ne fait pas pour autant de l’ombre aux acteurs. À Oakes Fegley tout particulièrement, alias Peter, impeccable, mais aussi à Oona Laurence, décidément très douée (on a pu la voir dans Bad Moms et surtout dans La Rage au Ventre), et à Bryce Dallas Howard. Robert Redford quant à lui, campe un vieux de la vieille bienveillant. Son charisme fait le reste, sans forcer, tandis que Wes Bentley et Karl Urban complètent une jolie distribution.
Mention spéciale à la bande-originale, composée de morceaux folk totalement à propos, qui contribuent à conférer un cachet particulier à l’ensemble.
Au fond, il y a deux façons de voir les choses à propos de Peter et Elliott le Dragon. La première, cynique au possible, consiste à considérer le projet comme une machine de studio, motivée uniquement par l’appât du gain et pilotée à distance par des investisseurs avides d’engranger les dollars. Dans ce cas, vu le résultat, on peut dire que les mecs de Disney sont forts.
L’autre façon d’entrevoir le film est de le considérer comme un petit miracle né d’une réelle volonté de se détacher de ce qui se fait en ce moment. D’y voir un désir de ressusciter un merveilleux trop souvent oublié, qui aurait pour but de ramener au XXIème siècle une vieille histoire sans la dénaturer. Là aussi on peut affirmer que les mecs de Disney sont balèzes.
Et de tout façon, peu importe, car dans un cas comme dans l’autre, la conclusion est la même. Peter et Elliott le Dragon est une bouffée d’air frais. Une aventure familiale aussi bien destinée aux petits qu’aux plus grands, portée par une magie de tous les instants, qui sait aussi bien coller la chair de poule que procurer un dépaysement appréciable, sans se départir d’une poésie somme toute rare.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : The Walt Disney Company France
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