[Critique] SHOT CALLER
Titre original : Shot Caller
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Ric Roman Waugh
Distribution : Nikolaj Coster-Waldau, Lake Bell, Jon Bernthal, Omari Hardwick, Matt Gerald, Juan Pablo Raba, Jeffrey Donovan, Evan Jones, Emory Cohen, Benjamin Bratt, Holt McCallany…
Genre : Thriller/Drame
Date de sortie : 6 février 2018 (DTV)
Le Pitch :
Jacob Harlon, un père de famille sans histoire, se retrouve condamné à une lourde peine après avoir provoqué un accident de la route alors qu’il était sous l’influence de l’alcool. Accident ayant coûté la vie de l’un de ses amis. Emprisonné dans un établissement de haute sécurité, avec les pires criminels, il n’a pas d’autres choix pour survivre que de se rapprocher d’un gang de néo-nazis. Rapidement, il se retrouve à exécuteur les basses besognes, aggravant au passage son cas. Quand il se retrouve libre, plusieurs années plus tard, le gang lui confie une missions à hauts risques…
La Critique de Shot Caller :
Ancien cascadeur réputé, ayant notamment officié aux côtés de Paul Verhoeven dans Total Recall ou de Michael Mann dans Le Dernier des Mohicans, Ric Roman Waugh a concrétisé ses désirs de mise en scène dès la fin des années 90. On lui doit notamment l’inédit vidéo Felon, avec Val Kilmer et Stephen Dorff et Infiltré, avec Dwayne Johnson. Aujourd’hui, avec Shot Caller, Waugh réaffirme son attachement pour le film de prison, un sous-genre particulièrement vivace aux États-Unis. Shot Caller qui voit donc Nikolaj Coster-Waldau, le King Slayer de Game Of Thrones, se changer en gangster néo-nazi pour survivre aux rudes conditions d’une taule dans laquelle il finit par devenir l’une des sommités…
« J’ai pas le temps, mon esprit est ailleurs… » (air connu)
Le postulat de Shot Caller n’a rien de vraiment original : un homme simple, père de famille et mari aimant, est condamné à la prison à la suite d’un malheureux incident et se voit obligé de changer afin d’assurer sa propre survie. Shot Caller allant plus loin dans ce sens vu que le personnage incarné par Coster-Waldau se retrouve en quelque sorte piégé dans une seconde prison, obligé de demeurer cet homme dur et violent une fois libre, pour pouvoir là encore protéger sa propre existence, mais aussi et surtout sa famille.
On peut donc voir dans ce solide mais conventionnel DTV une tentative de disserter sur les conditions de détention aux États-Unis et sur ce fameux concept de réhabilitation, ici fermement remis en question par un réalisateur investi, mais aussi conscient que son histoire lui permet de livrer un thriller nerveux. Parce qu’au fond, c’est surtout cela qu’est Shot Caller : un bon vieux thriller carcéral, dont la structure, à base d’allers-retours dans le temps, permet l’installation d’une rythmique pour le moins efficace, malgré la durée un peu excessive de l’ensemble.
Alors oui, tous les clichés du film de prison sont là. Tous ou presque. La différence finalement, c’est ce côté radical. Au lieu de demeurer ce gentil citoyen, le protagoniste central choisit rapidement le côté obscur et se rapproche des pires enflures de la taule. Un peu trop vite d’ailleurs.
Cela permet à Shot Caller de sortir un tant soit peu du lot et de faire-valoir une volonté d’aller au bout des choses, quitte à ne pas se montrer super subtil…
Les portes du pénitencier
Car contrairement au bourrin Infiltré, le précédent long-métrage de Ric Roman Waugh, Shot Caller n’est pas un pur trip d’action. Lui se veut plus fin et prend le temps de mettre en exergue l’évolution de son personnage, ses tiraillements intérieurs, ses luttes, ainsi que son ambiguïté. Mais le scénario fait quelques choix un peu curieux et brûle les étapes, au point de pédaler quelque fois dans la choucroute. Heureusement, Nikolaj Coster-Waldau est là. Sa performance, solide en tous points, permet au film de gagner en épaisseur. Il appuie l’aspect dramatique et se fait le vecteur d’émotions salvatrices. Soutenu par des acteurs pas toujours pleinement exploités mais conférant quoi qu’il en soit au film un certain prestige, il fait un job remarquable. Shot Caller qui peut aussi compter sur Jon Bernthal, à nouveau irréprochable, Lake Bell ou encore Holt McCallany, ici impressionnant et flippant comme il se doit.
Parcouru de bonnes idées, tiraillé entre son désir de se rallier à des lieux communs un peu tenaces et une vraie volonté d’originalité, un peu laborieux dans son écriture mais néanmoins valeureux dans ses intentions, Shot Caller n’est pas le terrible uppercut qu’il aurait pu être mais il réussit néanmoins à marquer suffisamment de points pour ne pas se faire oublier sitôt le générique de fin terminé. Et paradoxalement, c’est aussi parce qu’il est imparfait et maladroit qu’il sait aussi retenir l’attention.
En Bref…
Film de taule d’un côté, thriller de l’autre, Shot Caller est clairement plus intéressant quand son histoire se situe entre les murs de la prison. Pas original mais percutant, violent et sans concession. Quand il sort et devient ce thriller un peu mou, il ne peut alors plus compter que sur un Nikolaj Coster-Waldau heureusement très en forme, dont la performance s’impose comme un moteur qui quant à lui, ne souffre d’aucun raté.
@ Gilles Rolland