[Critique] STAR WARS : ÉPISODE VII – LE RÉVEIL DE LA FORCE

CRITIQUES | 16 décembre 2015 | 5 commentaires

Titre original : Star Wars : Episode VII – The Force Awakens

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : J.J. Abrams
Distribution : Daisy Ridley, John Boyega, Harrison Ford, Peter Mayhew, Oscar Isaac, Adam Driver, Carrie Fisher, Lupita Nyong’o, Gwendoline Christie, Domhnall Gleeson, Andy Serkis, Max von Sydow, Anthony Daniels, Kenny Baker, Warwick Davis, Mark Hamill…
Genre : Science-Fiction/Aventure/Saga/Suite
Date de sortie : 16 décembre 2015

Le Pitch :
30 ans après la chute de l’Empire et la mort de Dark Vador, une nouvelle menace pèse sur la galaxie toute entière…

La Critique :
Les fans ont senti les premiers mouvements au sein de la Force au moment du rachat par Disney de Lucasfilms, fin octobre 2012. Très vite, les choses se sont emballées, avec la mise en chantier d’une nouvelle trilogie, dont le premier film sortirait fin 2015, inaugurant un plan d’envergure comprenant moult épisodes et autres spin-off ambitieux. La publication il y a à peu près 1 an, du premier trailer, dans lequel apparaissait le fameux Faucon Millenium de Han Solo, a lancé le compte à rebours et le début des hostilités pour Disney et sa (re)conquête massive d’un public de toute façon demandeur. Les mois qui suivirent furent alors marqués par plusieurs bandes-annonces, par de folles rumeurs et par l’arrivée sur le marché d’une foule de produits dérivés. Pourtant, ô miracle, rien n’a filtré concernant l’intrigue de ce septième épisode. Rien de rien, si ce n’est le retour de Han Solo, Chewbacca, Leia et des deux droïdes R2-D2 et C-3PO. Pour le reste, Disney a réussi son pari malgré le rouleau compresseur mis en branle au début de sa monumentale campagne. Objectif ? Prendre par surprise les spectateurs. Les replacer dans une dynamique très proche de celle du public qui, en 1977, 1980 et 1983, en prit plein les yeux, sans rien avoir vu venir. Malgré internet et sa propension à favoriser les fuites et autres rumeurs fondées ou non, le film arrive chez nous sans avoir été victime de gros spoilers. On sait ce qu’on a bien voulu nous dire et nous montrer, mais pas plus.

Ne craignez rien. Vous ne lirez ici rien qui pourrait mettre en danger l’effet de surprise. Comme vous avez d’ailleurs pu le constater, ne comptez pas non plus sur nous pour vous dévoiler la réelle teneur du scénario.
Par contre, vu qu’il s’agit quand même de donner un avis, vous lirez dans les lignes qui suivent une somme d’adjectifs qualificatifs visant à démontrer par la seul force de l’enthousiasme débordant d’un trentenaire, à quel point Star Wars : Le Réveil de la Force est un film prodigieux.

Star-Wars-Le-Réveil-de-la-Force-Harrison-Ford-Carrie-Fisher

On a souvent reproché à J.J. Abrams de se poser en héritier de Steven Spielberg et donc, d’en reproduire certains automatismes, que ce soit au niveau de la narration ou sur un plan visuel, tout en proposant une sorte de modernité relative à la technique par le biais d’effets plus ou moins satisfaisants (les fameux lens-flare). L’arrivée d’Abrams à la barre de Star Wars a ainsi plutôt divisé, avec d’un côté ceux qui avait apprécié son Super 8, son Mission : Impossible ou encore ses deux Star Trek, et de l’autre ceux qui ne voyaient dans son cinéma qu’une somme de clichés mal digérés et d’influences piétinées. Grand fan de la première trilogie Star Wars, Abrams était pourtant l’homme de la situation, en cela qu’il semblait bien parti pour aller dans le sens des fans. Le travail accompli sur ce premier film le prouve d’ailleurs plutôt deux fois qu’une, tant son respect de l’œuvre originale et de ses personnages transparaît à chaque minute. Épaulé par le scénariste emblématique Lawrence Kasdan, déjà à l’œuvre sur L’Empire contre-attaque et sur Le Retour du Jedi (lui-même aidé de son fils), J.J. Abrams devait non seulement contenter des fans frustrés par la prélogie de George Lucas, mais aussi fédérer autour d’un film chargé de remettre toute la franchise sur les rails.
À la vue du résultat final, force est de reconnaître que le cinéaste a tout compris. Non seulement il a remarquablement dosé ses effets et tout le reste, mais il est aussi parvenu à atteindre une sorte de cohérence suprême. Tout spécialement si on compare son long-métrage à n’importe lequel des trois de la deuxième trilogie de Lucas. Revoir Un Nouvel Espoir, L’Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi juste avant de découvrir Le Réveil de la Force permet de mesurer la pertinence ultime de la démarche de J.J. Abrams et de son équipe. Tout particulièrement sur un plan visuel soit précieusement là où Lucas s’était lamentablement planté, en modernisant à tout va un univers rendu alors trop clinquant et artificiel, quand bien même son histoire se déroulait avant celle de sa première trilogie. Ici, point de cliquant ou d’esbroufe tape-à-l’oeil. Que l’on parle de l’architecture des bâtiments ou des vaisseaux, des costumes ou des créatures exotiques qui habitent les différentes planètes visitées par le film, Le Réveil de la Force impose une virtuosité technique réelle mais discrète. Que ce soit du côté clair de la Force ou du côté obscur, rien ne vient contrecarrer l’identité mise en place dans la mythologie initiale. Un constat visible dans une multitude de petits détails, allant du design des tableaux de bord des véhicules ou encore dans le physique des personnages secondaires. Bien évidemment truffé d’effets numériques, le long-métrage privilégié néanmoins le « dur ». À l’image du nouveau droïde, BB8, lui même réalisé « pour de vrai », L’Épisode VII s’appuie sur du palpable, et mine de rien, à l’écran, cela fait une sacrée différence.
De son côté, J.J. Abrams nous régale avec des séquences incroyables, dans les airs ou sur le plancher des vaches, redonnant ses lettres de noblesse à la franchise. C’est bien simple : Le Réveil de la Force est un festin pour les mirettes. Un show hallucinant absolument jubilatoire.

Chargé d’écrire le commencement d’une nouvelle histoire, tout en raccrochant les wagons avec celle que nous connaissons tous, Lawrence Kasdan et son fils ont pour leur part parfaitement intégré les désirs des fans et les besoins d’une telle démarche. Chose primordiale, qui s’avère en outre l’une des plus grandes réussites du film : les nouveaux personnages sont fabuleux. Daisy Ridley tout spécialement, qui campe une Rey émouvante et solide, dont les capacités et le charisme lui permettent de s’imposer tout naturellement comme l’héritière toute désignée. Non seulement jolie, elle capture la lumière et l’attention à chacune de ses apparitions avec une spontanéité et un naturel confondants. À ses côtés, John Boyega arrive à justifier l’importance de son personnage. Aussi crucial que vecteur d’une sorte de coolitude jamais excessive, il contribue à donner au film son humanité. Même sentence pour Oscar Isaac, dont le jeu renoue avec la tradition d’une aventure cinématographique hermétique au cynisme. Bien entendu, difficile de ne pas parler du méchant, à savoir Kylo Ren. Comme le disait le grand Alfred Hitchcock, à plus forte raison dans une œuvre comme celle-là, le bad guy est primordial. Adam Driver, avec son aptitude à prendre à revers et à impressionner par sa présence magnétique au possible, relève le défi avec une flamboyance rare. Effrayant, ambigu, violent, il est impeccable.
Dans le camp des vétérans, Harrison Ford déboule avec la prestance qu’on lui connaît, et en vieux briscard à qui on le fait pas, fait le job sans défaillir, provoquant, avec son fidèle Chewbacca, un souffle de nostalgie qu’il est bon de se prendre en pleine poire. Le voir arriver dans le Faucon Millenium, assister à ses légendaires joutes verbales avec son équipier de toujours procure un plaisir incroyable. De toute façon, la magie, même si elle opère quand aucun des anciens n’est à l’écran, s’envole littéralement dès que Han Solo, Chewie, Leia ou C-3PO et R2-D2 arrivent. Ils forment le trait d’union qui, dans les faits, est bien plus que cela. Éléments tout sauf anecdotiques de la nouvelle trame, ils passent le relais mais restent dans la course.
Il est toujours délicat de rebondir sur des choses aussi mythiques pour proposer au public de la nouveauté, mais J.J. Abrams et Lawrence Kasdan y parviennent. Narrativement, leur film va certes beaucoup piocher dans le passé, mais on lit tout de même cette volonté d’aller de l’avant. De proposer un tout homogène. Certains ne manqueront pas d’affirmer que L’Épisode VII est une sorte de reboot, mais ce serait injuste envers le respect et le grand soin apporté au film. Quand à ceux qui, à l’heure où est publiée cette critique, mettent en avant la vacuité du scénario, ils sont visiblement passés à côté (autant reprocher à Star Wars de faire du Star Wars). Plus linéaire que les récents épisodes de Lucas, ce dernier chapitre s’inscrit dans la lignée des longs-métrages matriciels. Il va à l’essentiel, jongle avec un humour discret mais efficace et pose des bases, sans pour autant, à l’arrivée, ne s’apparenter qu’à une introduction. De plus, il s’avère assez brutal et percutant, n’hésitant pas à pousser du côté de la réflexion politique, tout en restant accessible au plus grand nombre.

C’est d’ailleurs à cela que l’on voit que Le Réveil de la Force est un très grand blockbuster. Il retrouve l’essence des spectacles de qualité d’antan. J.J. Abrams a réussi, là où Lucas a échoué. L’élève (ou le Padawan) a ravivé les flammes pour renouer avec la magie et le merveilleux d’une époque où gros budget ne signifiait pas forcément spectacle bêtifiant. Avec sa naïveté, sa propension à coller la chair de poule et des papillons dans le ventre, grâce à son désir de redémarrer intelligemment un nouveau chapitre, sans trahir un esprit chéri par des millions de fans, Star Wars : Le Réveil de la Force a réussi l’impossible. Alors oui, on peut voir Star Wars partout. Mais le film vaut mieux que ses aspects purement mercantiles. En soi, il s’agit d’une œuvre ambitieuse, spectaculaire, émouvante, aux accents shakespeariens affirmés. Épique et fédérateur, ce Star Wars, en toute logique, est non seulement le meilleur film de J.J. Abrams, mais aussi le meilleur Star Wars depuis 1980.

@ Gilles Rolland

Star-Wars-Le-Réveil-de-la-Force-BB8-Daisy-Ridley Crédits photos : Lucasfilm Ltd & TM

Par Gilles Rolland le 16 décembre 2015

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Karl Libus
Karl Libus
8 années il y a

P…. de sacré critique… tu es un maître en la matière. Sans spoiler quoi que ce soit, en donnant l’envie d’aller le voir, tu vis ton écrit. Non pardon nous vivons ton écrit. Un véritable récit ‘d’un fan pour les fans… Chapeau bas Mister Gilles.

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