[Critique] TARZAN
Titre original : The Legend of Tarzan
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Yates
Distribution : Alexander Skarsgård, Margot Robbie, Samuel L. Jackson, Christoph Waltz, Djimon Hounsou, Jim Broadbent…
Genre : Aventure/Adaptation
Date de sortie : 6 juillet 2016
Le Pitch :
Élevé par les gorilles, dans la jungle africaine, Tarzan a désormais regagné la civilisation, où il a renoué avec ses origines aristocratiques. Aux côtés de son épouse, Jane, il ne manque pas d’impressionner ses contemporains à chacune de ses apparitions publiques charriant avec lui son lot de légendes. Un jour, le roi des Belges, qui détient le Congo où Tarzan a grandi, demande à ce dernier de s’y rendre en tant qu’émissaire, afin de faciliter des transactions commerciales. Mais Tarzan ne se doute pas qu’un sombre individus se prépare quant à lui a exécuter des ordres bien différents, qui pourraient non seulement mettre en péril sa vie, mais aussi celle de ses amis, ainsi que l’intégrité de tout un pays…
La Critique :
Quand on y pense, il est légitime de se demander qui, depuis Johnny Weissmuller en 1932, a vraiment brillé dans la peau de Tarzan ? Il y eut bien sûr Christophe Lambert, avec Greystoke, en 1984, dont il s’agit de l’un des meilleurs rôles, mais après ? Qui se souvient de Casper Van Dien dans Tarzan et la cité perdue, en 1998, ou de Kellan Lutz, dans Tarzan en 2013 ? Aussi connu que populaire, Tarzan n’est pas pour autant un héros facile à appréhender pour ceux qui s’y frottent. Aujourd’hui, le personnage est même un peu casse-gueule, avec sa longue chevelure, sa gestuelle animale et son cri si emblématique. En acceptant le deal, Alexander Skarsgård se devait donc d’être prudent. C’était quitte ou double. À l’arrivée pourtant, ô surprise, le constat est en demi-teinte… Sans pouvoir vraiment affirmer que Skarsgård fait un piètre Tarzan, il est aussi difficile de dire qu’il livre une performance excellente en tous points. La faute à un jeu monolithique qui se limite à quelques mouvements de tête et des séries de regards (regard appuyé, dans le vague, mélancolique…). Avec sa propension à se reposer sur des tics qui font ressembler son Tarzan à une sorte d’Eric Northman (son rôle dans True Blood) de la jungle, Skarsgård a du mal a vraiment imposer quelque chose de puissant. Cela dit, physiquement, le mec a une certaine prestance. Il est hyper baraqué, bouge bien, mais parfois, on se surprendra presque à trouver les singes en images de synthèse plus expressifs que lui. La faute à qui ? Au réalisateur David Yates ? Ce n’est pas exclu si on en juge le jeu d’autres comédiens qui se résume à une enfilade de clichés bien rabâchés… Prenons Christoph Waltz qui, vu ce qu’il donne à l’écran, a très pu se voir demander : « tu vois ce que tu faisais dans Inglourious Basterds, Green Hornet et tous les films où tu as joué un méchant ? Et bien tu prends tous ces personnages, tu secoues bien et tu me fais un truc dans le même genre ok ? ». Alors oui, Waltz fait le job car il est bon, mais on ne peut pas dire que le script lui donne la possibilité de vraiment incarner son personnage avec les nuances nécessaires. Pareil pour Samuel L. Jackson, qui est à la fois le comique de service et le side-kick. À mi-chemin entre le Jules de Pulp Fiction et l’archétype de l’assistant du héros qu’on a vu mille fois ailleurs, le comédien ne rechigne pas à la tâche et fait souvent sourire, à défaut de contribuer à nourrir une vraie dramaturgie. Cela dit, si Tarzan, malgré ses travers, reste divertissant, c’est aussi grâce à lui.
Finalement, seule Margot Robbie s’en sort vraiment avec les honneurs. Avec une prestance rare, hérités des grandes dames du cinéma américain des années 40/50, l’australienne campe une Jane parfaite. Toute en mesure, sans trop en faire, elle insuffle du glamour et de l’énergie à cette relecture. Sans elle, Tarzan ne serait pas le même.
Avec ses quelques 180 millions de dollars de budget, ce nouveau Tarzan se permet d’extrapoler au maximum l’histoire imaginée en 1912 par Edgar Rice Burroughs. Cette histoire, nous la vivons au fil de flash back, par ailleurs plutôt réussis, même si leur intégration a tendance à ralentir la progression de l’intrigue principale. Son enfance parmi les grands singes, son retour à la civilisation sont vite balayés pour se focaliser sur son combat présent contre de méchants individus prêts à tout pour piller le Congo de ses précieux diamants. Sorte de version torse-poil guerrière de The Dark Knight, en nettement moins maîtrisée, le long-métrage ne recule devant rien pour offrir aux spectateurs de l’action. Alors oui c’est bien car ça bouge, mais au final on est aussi en droit de trouver ce Tarzan un peu trop zélé. Surtout quand il se la joue Spider-Man et tente sans vergogne de rivaliser avec les super-héros. En voulant iconiser au maximum son personnage, David Yates se prend un peu les pieds dans les lianes. Après tout, Tarzan est tellement connu qu’il n’était pas nécessaire d’en faire des tonnes. Ici, tout est accentué à l’extrême, au point que, régulièrement, le spectacle flirte dangereusement avec le ridicule. Comme quand l’homme-singe cause à ses potes les crocodiles, dans une parodie involontairement risible de Docteur Dolittle.
Tarzan cru 2016 ne sait manifestement pas où se situer. Quelque part entre ses origines nobles issues d’un cinéma d’un autre âge et cette volonté d’imposer un show contemporain riche en scènes hyper impressionnantes, le film a le cul entre deux chaises. Quand il tente l’humour, il sait se montrer drôle, mais au final, les rires font s’écrouler la tension qui s’était jusqu’alors accumulée. Visuellement, c’est un peu la même chose. Parfois réussi, notamment grâce à des paysages grandioses, Tarzan se résume aussi beaucoup à une accumulation étonnante (vu le budget) d’effets pas si spéciaux. Et l’émotion ? Forcément, elle se fait la malle. On suit avec un intérêt décroissant les aventures du Comte de Greystoke dans ce qui s’avère être un film souvent sympathique mais trop bancal pour éviter d’être anecdotique dans son ensemble.
Et puis sérieusement les mecs, c’est quoi ce cri ?
En 2016, si une ballade mouvementée dans la jungle vous tente, rien ne vous interdit de vous laisser entraîner par Tarzan. Une fois qu’on a compris que ce dernier ne laissera pas un souvenir impérissable, on prend un certain plaisir à le suivre. Cela dit, on vous conseille plutôt de miser sur le petit Mowgli, dont la dernière incarnation, orchestrée par Jon Favreau, s’avère quant à elle vraiment excellente.
PS : Si vous avez des nouvelles de Cheetah, n’hésitez pas à nous écrire.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Warner Bros. France