[CRITIQUE] THE COVENANT

Titre original : The Covenant
Rating:
Origines : Royaume-Uni/Espagne/États-Unis
Réalisateur : Guy Ritchie
Distribution : Jake Gyllenhaal, Dar Salim, Emily Beecham, Alexander Ludwig, Antony Starr, Jonny Lee Miller…
Genre : Action/Drame
Durée : 2h03
Date de sortie : 23 juin 2023 (Prime Video)
Le Pitch :
En 2018, alors en poste en Afghanistan, le sergent John Kinley fait la connaissance d’Ahmed Abdullah, son nouvel interprète. Connu pour son fort tempérament, ce dernier s’avère néanmoins fort utile pour obtenir des renseignements. En pleine inspection d’une potentielle cache d’armes taliban, les hommes de Kinley sont pris pour cible par l’ennemi. Sévèrement blessé, Kinley est sauvé par Ahmed, qui fait tout son possible pour le transporter jusqu’à la base américaine, située à plus de 100 kilomètres de là…
La Critique de The Covenant :
Guy Ritchie est généreux. Quelques semaines à peine après son très sympathique Operation Fortune, le réalisateur britannique revient sur le front avec The Covenant, toujours sur Prime Video. Un film qui, étrangement, ne lui ressemble pas totalement. Et si cela peut paraître étrange, c’est d’ailleurs aussi pour cela qu’il s’avère très réussi.
Traversée du désert
Connu pour son style affirmé, qu’il a néanmoins souvent mis en sourdine pour répondre aux exigences des cahiers des charges de films comme Aladin, ou plus anciennement À la dérive (son naufrage avec Madonna), Guy Ritchie est, malgré ses incartades plus ou moins heureuses, toujours considéré comme le spécialiste des films de gangsters anglais. Un milieu qu’il laisse à nouveau de côté avec The Covenant, dans lequel il emmène Jake Gyllenhaal et Dar Salim dans le désert afghan.
La première partie de The Covenant ne ressemble donc pas vraiment à du Guy Ritchie pur jus. La réalisation est à la fois ample et proche des personnages, le montage est sobre et efficace et l’écriture au diapason. Très efficace, elle-même découpée en plusieurs parties, cette première moitié met en place les bases, cimente les relations entre les deux personnages principaux, sans jamais tomber dans l’excès, et organise la montée d’une tension digne des plus grands survivals. Car si au début The Covenant semble ressembler à un film de guerre classique, en réalité, ce n’est pas vraiment le cas.

Deux hommes en enfer
Guy Ritchie, qui a également participé à l’écriture du scénario, se focalise sur Jake Gyllenhaal et Dar Salim. Le premier campe un soldat consciencieux et inflexible, pas le genre à rigoler tous les jours, et le second un interprète qui ne souhaite qu’une chose : échapper avec sa famille à la guerre et aux talibans. Une fois le postulat mis en place, les deux hommes se retrouvent à fuir dans le désert, poursuivis par des hordes de talibans, avec des ressources limitées, et un certain nombre de balles dans le corps pour Gyllenhaal. Pourtant, là encore, Guy Ritchie se refuse à jouer sur un registre trop patriotique ou héroïque, préférant se focaliser sur l’essentiel. Avec beaucoup de pudeur et de sobriété, le metteur en scène parvient à faire monter la pression, construit une rythmique irréprochable et impressionne en permanence, réussissant même à faire poindre à plusieurs moments l’émotion. Et c’est alors que la seconde partie débute…
The pledge
La seconde partie de The Covenant donc, ressemble davantage à du Guy Ritchie, même si, heureusement, en phase avec son sujet, le cinéaste reste très pertinent et concentré. Bien aidé par des acteurs remarquables, Gyllenhaal et Salim en tête (grosse performance de ce dernier), il avance, sans jamais faillir et organise, à mi-parcours, une autre quête, encore plus viscérale, à l’issue plus qu’incertaine. La construction de The Covenant tenant ainsi l’ennui à distance et maintenant une tension à couper au couteau grandement responsable de l’excellente tenue de l’ensemble.
Très bien filmé et éclairé, The Covenant garde une dimension intime, comme pour rendre hommage à ces interprètes dont l’histoire a déjà oublié les noms, mais sait aussi se montrer spectaculaire. Pas manchot quand il s’agit de filmer l’action, Guy Ritchie le démontre encore une fois lors des nombreux affrontements que son long métrage comporte, à commencer par le dernier, un modèle du genre. Une ultime scène aussi maîtrisée et réussie que tout ce qui a précédé, qui tend donc à prouver que mine de rien, malgré sa sortie sur une plate-forme de streaming, The Covenant est probablement l’un des meilleurs films de son réalisateur.
En Bref…
Viscéral et intime car focalisé sur ses personnages, remarquablement écrit et filmé, The Covenant est une réussite indéniable qui parvient à éclairer sous un nouvel angle la guerre en Afghanistan. Le tout sans se priver d’écorner les États-Unis, sans démagogie ou manichéisme.
@ Gilles Rolland
