[Critique] THE DUEL
Titre original : The Duel
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Kieran Darcy-Smith
Distribution : Liam Hemsworth, Woody Harrelson, Alice Braga, Emory Cohen, José Zuniga, William Sandler, Benedict Samuel…
Genre : Western/Drame
Date de sortie : 1er novembre 2016 (Netflix)
Le Pitch :
Un Texas Ranger est envoyé près de la frontière mexicaine pour enquêter sur une série de meurtres. Une enquête qui va le mener sur les traces d’un homme puissant, aussi charismatique qu’inquiétant, qui ne lui est de plus pas étranger…
La Critique de The Duel :
Pas évident de renouveler un genre aussi légendaire que le western qui, avec ses multiples chefs-d’œuvre a quelque chose de vraiment intimidant pour ceux qui s’y frottent. D’ailleurs, il n’est pas évident d’y rendre hommage non plus, même si certains y sont parvenus. The Duel, avec son titre hyper original, n’était à priori pas le candidat idéal pour venir chatouiller d’illustres références et finir par s’imposer. Sa sortie, directement sur Netflix, dans une indifférence polie, soulignant un peu plus sa condition d’outsider. Pourtant… Sans être aussi flamboyant que le brutal Bone Tomahawk, qui faisait montre d’une faculté étonnante à mélanger les styles avec goût, The Duel parvient à sortir de la masse des séries B estampillées western. Pas assez pour faire figure de nouveau mètre-étalon bien sûr mais assez pour offrir à l’amateur éclairé un spectacle de qualité parsemé de jolies surprises….
Choc des générations
On connaissait la faculté de Woody Harrelson d’incarner des personnages puissants et extrêmes. Sa filmographie regorge de ce genre de profils. On peut citer Tueurs Nés ou même le récent Les Brasiers de la colère. Bonne nouvelle, son rôle dans The Duel se situe dans cette catégorie. Un gars charismatique, habillé tout de blanc, un peu comme le Colonel Sanders, qui se dévoile à nous couteau à la main, le crane rasé. Plus tard, nous découvrons qu’il s’agit d’une sorte de gourou d’une petite communauté située à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Un chef de meute habité d’une foi destructrice, qui se livre à de mystérieuses incantations, avant de régler le problème de l’immigration illégale par des chasses ouvertes au plus offrant. Glaçant, Harrelson est l’un des gros points fort du film. Insaisissable, il évite aussi d’en faire des caisses et met tout son talent et sa personnalité polymorphe au service d’un personnage venimeux et ambigu.
En face, le jeune Liam Hemsworth se montre à la hauteur. Beaucoup plus que dans Independence Day 2 d’ailleurs. Le visage dévoré par une barbe broussailleuse, il incarne un Texas Ranger pas si vengeur que le pitch veut bien le laisser penser mais assurément animé d’un esprit de justice destiné à être mis à l’épreuve. Un duo qui incarne les principales thématiques de The Duel, qui peut très bien s’entrevoir comme une version western d’Apocalypse Now, même si bien sûr, le spectacle est ici bien plus modeste. La métaphore sur les problématiques actuelles, d’autant plus après le résultat des élections américaines du 8 novembre 2016, est claire, et si elle manque un peu de finesse, elle se trouve être suffisamment bien traitée pour faire mouche et permettre au long-métrage de se montrer d’autant plus percutant dans sa seconde moitié.
Alice Braga apportant quant à elle une douceur et une innocence indispensables à la bonne répercussion d’un discours sans concession, qui se paye le luxe de faire le parallèle avec des questions elles aussi très actuelles et bien évidemment primordiales.
Des acteurs qui parviennent à instaurer un équilibre appréciable, tout en apportant un surplus de prestige à cette production pas si anodine.
The Duel : un western plus ambitieux qu’il n’y paraît
Le long-métrage de l’inconnu au bataillon Kieran Darcy-Smith se montre parfois maladroit mais sait néanmoins aborder des sujets relativement profonds, comme souligné plus haut. Et si sa première partie s’avère un peu trop pépère, passée l’introduction, il sait monter dans les tours, droit dans ses bottes. Il pose des questions, se montre ambitieux et n’oublie pas de respecter quelques-uns des codes les plus primordiaux du western hollywoodien, avec un maximum de gueules burinées. Sans compter ses quelques punchlines bienvenues qui confèrent à l’ensemble des airs de série B à l’ancienne. Pas de quoi se plaindre en somme, bien au contraire. The Duel connaît ses limites et fait les choses correctement. Derrière la caméra, Kieran Darcy-Smith se débrouille avec un aplomb notable et si sa mise en scène ne se montre jamais vraiment inspirée, elle remplit néanmoins le cahier des charges et suffit à offrir à l’histoire un écrin à la hauteur de ses enjeux. Au point parfois de nous gratifier de petites fulgurances qui, mises bout à bout, en plus de toutes les autres qualités énoncées, suffisent largement à faire de The Duel un long-métrage honnête et franc du collier, à recommander chaudement.
En Bref…
Sous ses airs de production potentiellement anecdotique, The Duel parvient à imposer une bravoure appréciable, notamment quand il utilise les gimmicks du western pour disserter sur des problématiques sociétales actuelles. Violent, rêche et incarné par des acteurs irréprochables, il s’avère également suffisamment magnétique et dégage le genre de je-ne-sais-quoi qui permet de faire la différence.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Weltkino Filmverleih
[…] En Bref… Sous ses airs de production potentiellement anecdotique, The Duel parvient à imposer une bravoure appréciable, notamment quand il utilise les gimmicks du western pour disserter sur des problématiques sociétales actuelles. Violent, rêche et incarné par des acteurs irréprochables, il s’avère également suffisamment magnétique et dégage le genre de je-ne-sais-quoi qui permet de faire la différence. La critique complète est disponible sur le site Onrembobine […]