[CRITIQUE] THE PALE BLUE EYE
Titre original : The Pale Blue Eye
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Scott Cooper
Distribution : Christian Bale, Harry Melling, Gillian Anderson, Robert Duvall, Lucy Boynton, Charlotte Gainsbourg, Toby Jones, Timothy Spall, Simon McBurney…
Genre : Thriller/Adaptation
Date de sortie : 6 janvier 2023 (Netflix)
Le Pitch :
En 1830, l’enquêteur Augustus Landor est appelé à l’Académie militaire de West Point quand un cadet est retrouvé mort pendu à un arbre. Une mort bientôt suivie par d’autres, qui cache de sombres vérités. Augustus Landor qui va néanmoins pourvoir compter sur l’aide d’un certain Edgar Allan Poe…
La Critique de The Pale Blue Eye :
Remarqué avec le vibrant Crazy Heart, son premier film en tant que réalisateur, l’acteur Scott Cooper n’a pas manqué de confirmer son talent dans les années qui ont suivi avec des films comme Les Brasiers de la colère, l’imparfait mais notable Strictly Criminal, et le western Hostiles, son véritable chef-d’œuvre. Le tout avant de nous proposer un authentique film d’horreur légèrement décevant (Affamés). Scott Cooper qui inaugure l’année 2023, sur Netflix, en mettant en scène l’adaptation d’un roman crépusculaire aux accents gothiques signé Louis Bayard. Film dans lequel intervient la figure d’Edgar Allan Poe, le célèbre poète n’ayant eu de cesse de plonger dans les ténèbres au fil d’écrits aussi profonds que marqués par leur beauté insondable. Et donc, que vaut ce The Pale Blue Eye ?
L’enquête du corbeau
Plongé dans une atmosphère glaciale, The Pale Blue Eye s’intéresse à l’enquête d’un inspecteur incarné par Christian Bale, confronté à une mystérieuse série de meurtres au sein de l’Académie militaire de Westpoint aux États-Unis, dans les années 1830. Magnifiquement éclairé par Masanobu Takayanagi, le nouveau film de Scott Cooper met en avant le perfectionnisme de son auteur quand il s’agit de façonner des atmosphères enveloppantes et inquiétantes. Atmosphère que nourrit l’humeur certes en apparence légèrement détaché du personnage de Christian Bale. Un rôle que l’acteur sublime, charismatique en diable, parfaitement conforme à nos attentes. Même si au fond, ici, Edgar Allan Poe, incarné par l’intense Harry Melling, un ancien élève de Poudlard, a aussi tendance à tirer la couverture à lui. The Pale Blue Eye profitant au final de cette association un tantinet improbable mais pourtant bel et bien valeureuse.
Du sang sur la neige
Effectivement proche des ambiances chères à Edgar Allan Poe, sans cesse à la lisière du fantastique mais jamais prompt à totalement y céder, The Pale Blue Eye brille par sa construction narrative tout d’abord très convaincante, avant malheureusement de s’enliser légèrement. En effet, à mi-parcours, alors que l’enquête progresse, le scénario de Scott Cooper accuse quelques ratés. Au final, avec une bonne vingtaine de minutes en moins, le film aurait probablement résonné avec plus de force. Heureusement, le savoir-faire du cinéaste, qui a su quoi qu’il en soit parfaitement exploiter son formidable environnement ainsi que le talent de ses acteurs, permet au long métrage de maintenir l’attention, malgré les plages d’ennui relatif qu’il suscite également.
Dans le cœur des hommes
Un peu dispersé, Scott Cooper semble avoir du mal à faire suffisamment confiance à son intrigue pour s’y consacrer pleinement. Ainsi, sa résolution, dans le dernier quart, si elle s’avère convaincante et redoutablement agencée, manque de force. Mais là encore, autre chose vient atténuer la déception, à savoir l’émotion qui parvient à se dégager du récit. En cela, les acteurs, Christian Bale et Harry Melling en tête, s’avèrent parfaits. Jouant tous deux une partition sur-mesure, ils sont épaulés par les solides Robert Duvall, Gillian Anderson, Toby Jones et Lucy Boynton (la révélation de Sing Street). Malgré ses travers qui lui interdisent de toucher en plein cœur avec la force espérée, The Pale Blue Eye parvient tout de même à se démarquer pour imposer ses qualités. Sa patine, son atmosphère, sa poésie crépusculaire, le jeu de ses acteurs et son caractère jusqu’au-boutiste quand il sonde la noirceur au cœur de l’esprit de ces hommes en détresse, piégés dans un microcosme étouffant, font tout de même de lui un film recommandable.
En Bref…
Certes pas aussi convainquant qu’Hostiles ou même Crazy Heart et Les Brasiers de la colère, The Pale Blue Eye reste tout de même réussi quand il se focalise sur son sujet principal. Scott Cooper diluant à de trop nombreuses reprises son propos pour pleinement convaincre, tout en imposant une mise en scène élégante et une atmosphère enveloppante.
@ Gilles Rolland