[Critique] UN HOMME EN COLÈRE
Titre original : Wrath of Man
Rating:
Origines : États-Unis/Royaume-Uni
Réalisateur : Guy Ritchie
Distribution : Jason Statham, Holt McCallany, Jeffrey Donovan, Josh Hartnett, Laz Alonso, Eddie Marsan, Scott Eastwood, Andy Garcia…
Genre : Thriller/Action
Durée : 1h59
Date de sortie : 16 juin 2021
Le Pitch :
Patrick Hill est embauché dans une société de convoyeurs de fonds. Du genre plutôt taiseux, il ne laisse rien transparaître jusqu’au jour où son fourgon est pris pour cible par des braqueurs. C’est alors que loin de se laisser impressionner, celui que l’on surnomme H fait montre de compétences insoupçonnées…
La Critique d’Un Homme en colère :
Revenu des blockbusters un peu boiteux et autres projets hasardeux, Guy Ritchie a retrouvé son mordant en 2020 avec The Gentlemen, qui venait brillamment se positionner aux côtés de ses deux meilleurs films, à savoir Arnaques, Crimes et Botanique et Snatch. Un film de gangsters verbeux, surprenant et jubilatoire qui prouvait une bonne fois pour toutes que le réalisateur n’était jamais plus à sa place que lorsqu’il s’attachait vraiment à ses personnages sans s’embarrasser d’effets superflus. Dès lors, tous les espoirs étaient permis. Ritchie allait-il revenir à quelque chose de très gros et nous refaire un Aladdin ou un Roi Arthur, allait-il plutôt dérailler comme jadis et s’auto-parodier comme il l’avait fait avec Revolver ou RockNRolla ou allait-il au contraire continuer sur sa (nouvelle) bonne lancée ? Un Homme en colère, son nouveau film, apporte une réponse claire et précise comme un méchant coup de pompe dans les dents…
Braquages, crimes et pains dans la gueule
Un Homme en colère est peut-être, sur le papier, un remake du Convoyeur, l’excellent film de Nicolas Boukrief avec Dupontel, mais dans les faits, c’est heureusement plus compliqué. Le distributeur français essaye bien de nous faire passer la chose comme un énième Statham movie, mais au fond, Un Homme en colère est bien plus qu’un film d’action ou un remake copié/collé avec quelques gnons et une poignée de fusillades en plus. Car Un Homme en colère tient davantage de la relecture intelligente et respectueuse.
Le postulat de départ est plus ou moins le même. Un type un peu mystérieux, doté d’une gueule à laquelle on n’a pas envie de chercher des noises, se fait embaucher comme convoyeur de fonds. Par la suite, Un Homme en colère prend la tangente et ne cherche jamais à singer son modèle. Guy Ritchie, à nouveau en feu, préfère s’approprier son récit. Pourtant, presque étrangement, à première vue en tout cas, le film ne ressemble pas à ses précédents faits de gloire. On retrouve certes ce sens de la réplique qui claque et le récit est éclaté, mais c’est bien tout. Surprenant dans sa démarche, le metteur en scène britannique tente autre chose et livre au final un pur thriller ultra sec, franc du collier et absolument dénué de gras. Le genre qui fait mal très rapidement et qui jamais ne cesse d’imposer une pression amenée à atteindre des sommets.
Convoyeur de gnons
De retour chez celui qui lui a offert un magnifique tremplin vers la renommée internationale, Jason Statham trouve d’emblée ses marques. Le rôle, sur-mesure, lui permet d’à la fois imposer ses compétences indéniables quand il s’agit de donner dans l’action pure mais aussi d’embrasser un registre dont les contours ont jadis été dessinés avec brio par des acteurs comme Clint Eastwood et Charles Bronson. Un type qui ne dit pas tout ce qu’il sait, poursuivant un but dont lui seul connaît la teneur, au sein d’un récit dont il est le pivot indéboulonnable. Statham qui tient ici son meilleur film, cela ne fait aucun doute (le meilleur dans lequel il tient le rôle principal). Ce qui n’empêche pas Guy Ritchie de s’intéresser aux autres personnages, jamais mis de côté au profit du protagoniste principal.
En pleine forme, Guy Ritchie livre donc un thriller qui va directement à l’essentiel et qui attaque à l’os sans autre forme de préliminaire. La première séquence donne le ton et le reste est au diapason. Parfaitement droit dans ses bottes, au service de son récit, remarquable de sobriété, le réalisateur trouve l’équilibre parfait et sans se trahir, tend vers autre chose avec une détermination et une maîtrise qui, presque 120 minutes durant, forcent le respect.
En Bref…
Très différent du Convoyeur dont il est le remake, Un Homme en colère fait bien plus que tenir toutes ses promesses. Aussi sincère que nerveux, aussi prenant que tendu, il illustre la maestria d’un Guy Ritchie en pleine forme qui filme à nouveau Jason Statham au cœur d’un récit superbement âpre, avec un je ne sais quoi de résolument old school.
@ Gilles Rolland