[Critique] LE ROI ARTHUR : LA LÉGENDE D’EXCALIBUR
Titre original : King Arthur : Legend Of The Sword
Rating:
Origines : États-Unis/Australie/Grande-Bretagne
Réalisateur : Guy Ritchie
Distribution : Charlie Hunnam, Astrid Bergès-Frisbey, Jude Law, Djimon Hounsou, Eric Bana, Aidan Gillen, Annabelle Wallis…
Genre : Aventure/Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 17 mai 2017
Le Pitch :
Orphelin élevé dans les bas-fonds de Londonium, Arthur embrasse son destin lorsqu’il arrache d’un coup d’un seul la légendaire épée Excalibur de son rocher, provoquant la haine de son oncle Vortigern, le souverain du royaume, qui va alors tout faire pour s’approprier les pleins pouvoirs et régner sans partage…
La Critique de Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur :
Il y a plusieurs façons d’aborder une légende aussi vaste et aussi populaire que celle du Roi Arthur et de son épée Excalibur. On peut coller de près aux récits, s’attacher à retranscrire les événements avec un minimum de réalisme et apreté ou alors opter pour une approche beaucoup plus décomplexée. Avec Excalibur, son chef-d’œuvre intemporel, John Boorman a posé les bases du mythe arthurien au cinéma, interdisant presque aux réalisateurs désireux de lui ravir la couronne, de parvenir à faire plus grandiloquent. Beaucoup s’y sont essayés, mais peu sont en effet parvenus à tirer quelque chose de vraiment convainquant de cette histoire plus compliquée qu’elle n’en a l’air. Guy Ritchie lui, il fallait s’en douter, y est allé comme un vieux bourrin…
Snatch + Game Of Thrones + Donjons & Dragons
Pas forcément finaud, Guy Ritchie a visiblement laissé tomber les velléités qui lui ont permis de s’imposer à ses débuts avec des films brut de décoffrage, nerveux et inspirés comme Arnaques, Crimes et Botanique et Snatch, préférant répondre par l’affirmative à l’appel des géants d’Hollywood afin de diriger de bons gros blockbusters du genre de Sherlock Holmes. Récemment cependant, Ritchie avait fait preuve d’une classe certaine en dépoussiérant The Man from U.N.C.L.E., la série culte britannique avec Agents très spéciaux. Qu’allait-il faire du Roi Arthur ? C’était quitte ou double et à la fin, force est de constater que le réalisateur a le cul entre deux chaises.
Dès lors, il y a deux façons d’appréhender son film : le rejeter en bloc parce qu’il va dans tous les sens et ne fait preuve d’absolument aucun sens de la mesure, ou alors prendre ce qu’il nous donne et profiter d’un show foutraque mais généreux.
Le Roi Arthur qui débute sous les meilleures auspices. Enfin, surtout si on oublie l’intro avec ses éléphants géants, son sorcier et Eric Bana qui fait des miracles avec Excalibur sous les yeux médusés de Jude Law. Non, on parle de la présentation du personnage principal incarné par Charlie Hunnam. En 3 minutes et des poussières, Ritchie nous présente le héros, de son enfance à l’âge adulte, dans un montage sec et inspiré, qui renvoie aux premières heures de son cinéma, quand il filmait Statham dans les rues de la Perfide Albion. C’est bien fait, stimulant et plutôt surprenant. Une sorte de croisement de Snatch et de Game Of Thrones en somme, surtout si on prend en compte que Aidan Gillen, Littlefinger dans le show inspiré des écrits de George R.R. Martin, est de la partie. Par la suite, Ritchie conserve cette tendance aux dialogues décalés et entretient la rythmique d’une progression rapide, nous rappelant au passage que c’est bien lui et pas un autre qui est aux commandes. Après par contre, quand Arthur décide d’en découdre pour récupérer sa couronne, ça se gâte. Enfin pas forcément…
Orgie numérique
Pas forcément, car on peut prendre du plaisir à voir Ritchie partir totalement en live dans un mépris total de son sujet et des enjeux. Un plaisir perfide mais un plaisir quand même. Car rapidement, Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur choisit d’envoyer du lourd, quel qu’en soit le prix. Le point culminant étant l’arrivée de ce serpent géant, échappé du Gods Of Egypt, d’Alex Proyas ou encore ces séquences où Arthur se bastonne, Excalibur au poing, qui ressemblent à des cinématiques PS4. Si on accepte dès le début que de toute façon, Guy Ritchie ne fera jamais une œuvre aussi retentissante, pertinente et spectaculaire que John Boorman, on peut prendre son pied devant le show un peu débile, complètement foutraque mais à n’en pas douter généreux qu’il nous sert sur un plateau d’argent. Ici, tous les compteurs sont poussés dans le rouge et ça ne s’arrête jamais. Même les acteurs finissent par lâcher-prise, à l’image de Jude Law ou de Charlie Hunnam, tous les deux très bien dans la peau d’archétypes un peu boiteux mais là encore propices à une véritable jubilation déviante.
Et puis il y a cette musique. Peut-être le point le plus positif du long-métrage. Signée Daniel Pemberton (qui est quand même passé de Mal de Pierres à ça !), elle s’avère aussi rock and roll que parfaitement adaptée aux délires que Guy Ritchie s’efforce de nous proposer sans dévier de sa route qui, assez ironiquement, ne respecte aucun itinéraire précis.
Pour la représentation fidèle et respectueuse de la légende du Roi Arthur on repassera. Le film se paye même le luxe de zapper Merlin et de finir sur une relecture moyenâgeuse de Sons Of Anarchy. Oui c’est n’importe oui mais ce n’est pas forcément plus mal.
En Bref…
Amateurs éclairés du mythe du Roi Arthur désireux de voir une représentation fidèle et respectueuse, passez votre chemin. Ici, Guy Ritchie lâche la bride et torche une adaptation très libre, entre le jeu-vidéo et l’heroïc-fantasy plus ou moins kitsch. Bourré à ras la gueule d’action et d’effets-spéciaux, son Roi Arthur fait le job car il donne dans l’excès. Il est aussi vulgaire que bordélique et bizarrement, c’est ça qui lui sauve la mise, faisant de lui un grand film malade, qui se démarque dans l’outrance.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Warner Bros. France