[CRITIQUE] CREED III

CRITIQUES Non classé | 1 mars 2023 | 1 commentaire
Creed 3 poster

Titre original : Creed III

Rating: ★★½☆☆

Origine : Michael B. Jordan

Réalisateur : Michael B. Jordan

Distribution : Michael B. Jordan, Tessa Thompson, Jonathan Majors, Wood Harris, Phylicia Rashad, Florian Munteanu…

Genre : Drame/Suite/Saga

Date de sortie : 1er mars 2023

Le Pitch :

Trois ans après avoir raccroché les gants, le champion du monde des poids lourds Adonis Creed voit resurgir un ami d’enfance. Ce dernier, fraîchement sorti de prison après avoir purgé une peine de 18 ans, également boxeur, cherche à se faire une place au soleil. Rapidement, son ambition l’encourage à pousser Adonis dans ses derniers retranchements…

La Critique de Creed III :

On le sait, Sylvester Stallone ne s’est pas contenté de ne pas participer à Creed III. Il l’a aussi totalement désavoué, en affirmant que jamais il ne le regarderait. Une façon d’exprimer son mécontentement à la suite de son combat contre le producteur Irwin Winkler (l’un des deux producteurs de la saga Rocky, avec Robert Chartoff) pour récupérer une partie des droits de la franchise. Rocky étant donc absent de Creed III, qui marque en outre les débuts à la mise en scène de Michael B. Jordan.

Pourtant, au fond, si Rocky Balboa n’est nulle part (il n’est cité directement qu’une fois), il est aussi partout. Et c’est bien ça le problème.

Nouveau round

Creed III voit donc Adonis Creed, le fils de l’illustre Apollo Creed, remonter sur le ring pour faire face à un adversaire resurgi de son passé. L’occasion pour Michael B. Jordan de voler de ses propres ailes, seul à la réalisation mais aussi à l’écran, où il n’a plus à évoluer dans l’ombre de Sylvester Stallone/Rocky Balboa. Les intentions de Creed III sont ainsi claires : oubliez le 3 accolé au titre. Creed III marque le début d’une nouvelle saga, certes inscrite dans celle de Rocky mais néanmoins animée d’un profond désir d’indépendance. Mais parfois, le désir ne suffit pas. Il faut aussi faire ses preuves et se montrer capable de faire cavalier seul. Ce que Creed III ne fait jamais vraiment.

Creed 3 Jonathan Majors
Creed 3 Jonathan Majors. Tous droits réservés : MGM/Warner Bros.

Rocky jamais bien loin

Parti retrouver sa famille, loin des rings, Rocky Balboa est absent de Creed III. Adonis doit se débrouiller tout seul. Michael B. Jordan aussi. Malheureusement, comme souligné plus haut, l’influence de Rocky est trop palpable pour lui permettre de véritablement nous proposer un film « original ». Il y a tout d’abord cette histoire. Un adversaire autrefois intimement lié au héros, vient remettre en cause la légitimité de ce dernier. Un ami se transforme en ennemi, un peu comme dans Rocky V. Mais ce n’est pas le plus flagrant. Non, car il y a aussi cette scène qui évoque celle de la mort de Mickey dans Rocky 3 ou celle de la mort d’Apollo dans Rocky IV. Sauf que dans Creed III, curieusement, l’émotion a bien du mal à percer.

Boxe sous influence

On peut aussi parler de l’embourgeoisement d’Adonis, qui vit désormais dans une luxueuse maison, avec plein de souvenirs de sa carrière de boxeur poids lourds (mais pas de photo de Rocky curieusement). Comme dans Rocky III, le champion est un peu rouillé. Et d’ailleurs, on peut aussi se poser la question : était-il vraiment judicieux, alors qu’il commence à évoluer seul, de faire d’Adonis un jeune retraité ? Oui Michael B. Jordan approche de la quarantaine mais le cinéma n’a jamais eu de scrupules à jouer avec les âges. Il y a aussi cette trop brève scène d’entraînement, où le cœur n’y est pas. Comme dans Rocky 3 quand Apollo reprend Rocky en main avant sa revanche contre Clubber Lang. Et au fond, Creed III se résume à cela : en faisant mine de vouloir s’éloigner de Rocky, le film ne cesse de piocher ses idées dans tous les volets ou presque de la saga de Sylvester Stallone. Sans oublier la musique iconique de Rocky (signée Bill Conti), qui pointe le bout de son nez à la fin. La preuve ultime que Creed III ne manque pas de culot. Et non ce n’est pas un compliment.

Manque de souffle

Sans faire preuve du même souffle épique et sans trop de cœur non plus, le film déçoit. L’écriture de Creed III et la mise en scène de Michael B. Jordan maquant tour à tour de lyrisme et d’efficacité. Preuve en est les scènes les plus dramatiques, autour de la relation de Creed et de sa famille par exemple, qui font ici davantage office de remplissage alors que dans Rocky, c’était précisément l’inverse. La boxe servait l’histoire et finalement, les Rocky n’ont jamais été de purs films de boxe. Creed III est donc un film de boxe qui essaye de se donner de la profondeur sans jamais y arriver.

Le round de trop ?

Même les combats déçoivent. Certes Michael B. Jordan a bien appris sa leçon. Ça tape dur et l’action reste lisible. Mais il lui manque probablement un peu d’expérience car bizarrement, tous les affrontements sonnent creux. Les coups portent mais il est difficile, y compris à la fin, quand tout se joue, de s’attacher aux personnages et d’attendre l’issue avec ferveur. Quand Stallone parvenait, grâce à des chorégraphies ultra efficaces car très cinématographiques (quitte à souligner le côté spectaculaire) à nourrir son récit et l’émotion qui s’en dégageait, Michael B. Jordan filme juste des mecs qui se mettent sur le coin de la tronche, ne parvenant pas à incarner les enjeux au centre de son histoire. Et on ne parle même pas des combattants qui ressortent du ring sans trop de casse, indiquant sans le vouloir que finalement, les combats qu’ils viennent de livrer n’étaient pas aussi importants ni intenses qu’ils ont bien voulu nous le faire croire. De quoi mettre la dramaturgie K.O. pour le compte.

Relève fatiguée

Malgré tout, Creed III, s’il s’avère dispensable, offre quelques bons moments. Bien rythmé, il se suit sans mal, malgré les clichés et son manque flagrant d’audace et d’originalité. Correctement emballé, il jouit également de la présence d’un Jonathan Majors plutôt convainquant, même s’il n’arrive pas à la cheville des grands antagonistes de la franchise comme Clubber Lang, Apollo Creed bien sûr et Ivan Drago. Le personnage d’Adonis quant à lui, semble un peu perdu au milieu d’une histoire trop survolée, qui manque donc autant de substance que de cœur. Ce qui au fond, résume à peu près tout.

En Bref…

Plutôt vain, essayant désespérément de prouver sa légitimité mais ne se privant pas de piocher toutes ses idées dans la saga Rocky, Creed III peine à convaincre. Y compris sur le ring, où la mise en scène de Michael B. Jordan, certes propre, ne parvient pas à souligner l’importance d’enjeux dont on finit nous aussi par se désintéresser un peu. De loin l’épisode le plus faible de la franchise et un film bien mineur par rapport aux classiques du film de boxe en général.

@ Gilles Rolland

Creed 3 Jordan Majors
Creed 3 Michael B. Jordan et Jonathan Majors. Tous droits réservés : MGM/Warner Bros.
Par Gilles Rolland le 1 mars 2023

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