[Critique] FIRESTARTER
Titre original : Firestarter
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Keith Thomas
Distribution : Ryan Kiera Armstrong, Zac Efron, Sydney Lemmon, Kurtwood Smith, Gloria Ruben…
Genre : Fantastique/Thriller/Adaptation
Durée : 1h34
Date de sortie : 1er juin 2022
Le Pitch :
Charlie, une petite fille, possède des dons de pyrokinésie. Incapable de maîtriser ses pouvoirs, qui se manifestent sous l’effet de la colère ou de la peur, elle est contrainte de fuir avec son père, afin d’échapper à une redoutable organisation secrète qui désire l’étudier d’un peu trop près…
La Critique de Firestarter :
Début des années 1980. Stephen King est en pleine bourre. Fort des succès des adaptations de Carrie au bal du Diable et de Shining, l’écrivain a le vent en poupe du côté d’Hollywood. Surveillant de près sa carrière, des producteurs avides de reproduire le succès des films sus-cités, décident d’acheter les droits de Charlie, un roman paru en 1980. Il est alors question de placer John Carpenter derrière la caméra.
Pourtant, les scores décevants de The Thing au box-office encouragent le studio à écarter Big John pour confier le projet à un certain Mark L Lester qui, deux ans plus tard, se fera remarquer en signant Commando avec Arnold Schwarzenegger (soit le meilleur film d’action de tous les temps, on est d’accord). Nous sommes alors en 1984 et Charlie déboule au cinéma avec Drew Barrymore, la petite fille de E.T. l’extraterrestre dans le rôle titre et George C. Scott dans celui du méchant monsieur qui en veut à son pouvoir. Malheureusement, si Charlie le roman est en son temps resté 20 semaines à la tête des classements, le film lui, ne convainc pas grand monde et arrive à peine à rembourser son budget de 15 millions de dollars.
40 et quelques années plus tard, après la sortie au début des années 2000 d’un téléfilm de triste mémoire (en forme de suite au film original), Jason Blum, l’un des grands producteurs de films d’horreur, décide de s’intéresser à Charlie. Il faut le comprendre… Stephen King est plus que jamais bankable. La double adaptation de Ça a cartonné, Stranger Things s’est chargé, à travers moult références, de nourrir sa légende auprès des plus jeunes et la nouvelle adaptation de Simetierre, bien que calamiteuse, a plutôt bien marché. Et puis force est de reconnaître qu’il y avait clairement un truc à faire avec Charlie. Quelque chose d’ambitieux et d’un peu plus poussé que le premier film de Mark L Lester.
« I’m a firestarter, twisted firestarter »
Pourquoi avoir fait une si longue introduction ? Déjà parce que le projet méritait d’être remis dans un certain contexte mais aussi parce qu’au fond, il n’y a pas grand chose à dire sur Firestarter… Car oui, malheureusement, cette nouvelle adaptation n’est pas vraiment une réussite. Disons plutôt que le long métrage ne brille pas tant par sa médiocrité que par son caractère profondément anecdotique. Sans être totalement mauvais, le film ne raconte pas grand chose est échoue à peu près systématiquement à imposer un semblant de tension ou un tant soi peu de suspense. Ce qui, pour un thriller vaguement horrifique, est plutôt gênant.
« I’m the pain you tasted, fell intoxicated »
Comme beaucoup d’adaptations de romans célèbres, Firestarter se permet quelques changements au niveau de l’histoire. Autant le dire tout de suite : ici, aucun ne brille vraiment par son audace ou sa pertinence. Pourquoi changer un truc qui fonctionne ? Mystère. En tout cas, ici, ça ne fonctionne pas. Il y a aussi cette écriture très laborieuse, qui tue dans l’œuf l’émotion et nous empêche, nous les spectateurs désireux de vibrer pour les personnages, de nous attacher à ces derniers.
Oui les acteurs sont plutôt bons, surtout Zac Efron et la jeune Ryan Kiera Armstrong mais non, rien à faire, les braises ne prennent pas. Le film déroule donc son histoire, sans éclat ni originalité, dans une ambiance gentiment vintage. Les enjeux ? Ils sont aux abonnés absents. Quelques effets-spéciaux s’avèrent plutôt réussis mais c’est maigre quad on parle d’un film qui est censé nous tétaniser. Le pire étant qu’au fond, Firestarter s’avère extrêmement plat. Du début à la fin il ne se passe rien qui mérite qu’on s’y attarde. Comme dans un téléfilm en pilotage automatique…
« I’m the self inflicted, mind detonator, yeah »
Heureusement, John Carpenter est là ! Assez étrangement, le maître de l’horreur, désormais principalement occupé à composer et à jouer de la musique, est présent au générique, en qualité, de compositeur justement. Accompagné de son fils Cody et de son filleul Daniel Danies, le fils de Dave Davies de The Kinks, John Carpenter livre une partition vraiment réussie. Dans la continuité de ses précédentes livraisons, il enveloppe des images bien fades de nappes tour à tour inquiétantes et flamboyantes, sans cesse inspiré, on l’imagine, par l’histoire originale dont il ne reste que de petite étincelle timides ici. Une musique en forme de bonne surprise pour un film qui s’éteint avant même de s’être embrasé.
En Bref…
On l’espérait torride, brûlant et étouffant, il n’est que froid, au mieux tiède et fade. Firestarter, la nouvelle adaptation du Charlie de Stephen King brille malheureusement par son caractère anecdotique et son incapacité à incarner son récit. Dommage. Cela dit, la musique de John Carpenter est excellente. C’est déjà ça.
@ Gilles Rolland