[Critique série] BANSHEE – Saison 1
Titre original : Banshee
Rating:
Origine : États-Unis
Créateurs : Jonathan Tropper, David Schickler
Réalisateurs : Greg Yaitanes, SJ Clarkson, OC Madsen, Dean White, Miguel Sapochnik
Distribution : Antony Starr, Ivana Miličević, Ulrich Thomsen, Frankie Faison, Hoon Lee, Rus Blackwell, Matt Servitto, Trieste Kelly Dunn, Lili Simmons, Matthew Rauch, Odette Annable, Demetrius Grosse, Anthony Ruivivar…
Genre : Action/Thriller/Drame
Diffusion en France : Jimmy/Canal +/Cinemax (US)
Nombre d’épisodes : 10
Le Pitch :
Un cambrioleur sort tout juste de prison après avoir purgé une longue peine pour avoir volé des diamants. Il s’installe alors dans la petite ville de Banshee, en Pennsylvanie, afin de se rapprocher de la femme qu’il aime, qui depuis, a refait sa vie. Sur place, il est rapidement pris dans une rixe qui coûte la vie au nouveau shérif. Ayant l’opportunité de prendre sa place, celui qui se fait désormais appeler Lucas Hood décide de porter l’étoile et de se fondre dans la masse. Sa fausse identité ne tarde néanmoins pas à l’opposer à la pègre locale, dirigée par le puissant Kai Proctor, un ancien amish connu pour ses méthodes violentes. Le passé du voleur n’ayant également pas dit son dernier mot…
La Critique :
Il était une fois un type qui attirait les emmerdes comme le miel attire les mouches. Ainsi débute Banshee : par la propension d’un anti-héros à se mettre dans de sales draps. Un peu comme le Charles Bronson d’Un Justicier dans la Ville, Lucas Hood est un poissard. Un poissard qui, cela dit, se défend. Sorte d’expert en arts-martiaux brutal, Hood ne fait pas les choses à moitié quand on lui cherche les noises.
Le personnage central de la série initiée par les écrivains Jonathan Tropper et David Schickler est ainsi un authentique héros de film d’action, comme ceux qui trustaient les cimes du box office dans les années 80/90 et qui aujourd’hui, sont cantonnés aux rayonnages des supermarchés, après avoir explosé les scores également dans les vidéo-clubs. Lucas Hood n’est pas spécialement baraqué, mais il est charismatique. Il plaît aux femmes, sait se battre, fait preuve d’un sens certain de la répartie et pourrait dégommer un moustique sur le cul d’une vache à 3 bornes de distance. Le genre de type à qui on ne la fait pas… Mais Lucas Hood doit vivre avec son époque et faire donc preuve d’un minimum de nuance pour assurer à son show un apport régulier d’émotions. Lucas Hood doit faire face aux assauts impérieux d’un passé qui lui revient régulièrement dans la gueule. Tel est Banshee : un furieux coup de poing dans les dents assaisonné d’une dramaturgie en somme toute contemporaine et, il faut bien l’avouer, tout à fait assimilée par un scénario qui sait évoluer et maintenir l’intérêt, voire le booster carrément.
Banshee est probablement la meilleure série d’action à avoir vu le jour sur la télévision américaine (et sur la télévision tout court). Une vraie action, comme on l’aime. Décomplexée, pas prise de tête et jubilatoire. La course-poursuite du premier épisode va dans ce sens et fonce pied au plancher, histoire de démontrer que a) la surenchère sera souvent de mise, et que b) les réalisateurs embauchés pour faire le job sauront illustrer le désir des showrunners, avec une mise en scène lisible et puissante. En gros, Banshee se donne les moyens de ses ambitions. Rien à voir avec les trucs brouillons comme True Justice, la série de la dernière chance pour un Steven Seagal « trop vieux pour ces conneries », qui enfile les intrigues sans intérêt et les scènes d’action poussives et paresseuses, en tablant sur la gloire passé de son héros à l’embonpoint inquiétant. Banshee ne se la joue pas mais y va gaiement, en proposant un cocktail de gunfights et de bastons pour le moins inédit sur le petit écran, allant même jusqu’à imposer une constance et un jusqu’au-boutisme finalement assez rares au cinéma. Et en plus, elle assume tout.
Dans un premier temps, la série par ailleurs produite par Alan Ball, l’homme derrière Six Feet Under (hourra) et True Blood (moins hourra), semble se contenter plus ou moins d’en mettre plein la vue, sans trop se soucier de l’image qu’elle peut donner, à savoir celle d’un show bas du front essentiellement àa pour offrir des affrontements saignants et violents entre son héros et le reste des personnages. Forcément, ça en jette, surtout si on aime ce genre de spectacle, mais on se demande quand même où les showrunners veulent nous amener. C’est alors que, mine de rien, les pistes narratives se multiplient et que la série prend de l’épaisseur. L’action se calme un peu (mais juste un peu) et assez maladroitement, au prix d’un ou deux épisodes un poil laborieux, et Banshee se paye le luxe de rebondir avec la flamboyance des grandes œuvres de fictions pour gagner sur les deux tableaux. Alors certes, la saison 1 met finalement un peu de temps à vraiment installer ses enjeux. Il faut attendre le cinquième épisode pour vraiment assister à quelque chose de pleinement maîtrisé. Tropper parvient alors à donner corps à son désir et propose un thriller complet et nerveux. Sa série joue sur tous les plans à la fois et en bon diesel, met certes un peu de temps à se roder, mais se rattrape largement par la suite, en ne s’arrêtant jamais au stand pour faire le plein, gonflée à bloc et furax comme c’est pas permis.
On pardonnera donc ce ventre mou qui intervient assez rapidement, car ensuite, c’est le bonheur à tous les étages. Et tant pis pour les grincheux qui pointent du doigt les facilités et les raccourcis pris par le scénario. Comme on l’a fait remarquer, Banshee assume tout, y compris son caractère un peu capillotracté. Les personnages sont ainsi, dans un premier temps, assez caricaturaux, mais là aussi, le temps permet aux choses de prendre une tournure pour le moins enthousiasmante. Les deux méchants, incarnés par Ulrich Thomsen et Ben Cross, sont très méchants, mais cachent aussi une complexité que la série prend le temps de dessiner au fur et à mesure des épisodes, bien aidée par la propension des deux acteurs à savamment doser leurs effets et l’émotion attenante à leurs personnages. Mention toute particulière à Ulrich Thomsen, alias Kai Proctor, vraiment formidable, dans un rôle taillé sur mesure. Idem du côté des « gentils ». Antony Starr campe le héros avec un charisme certain, entre lieux communs et là aussi, émotion à fleur de peau savamment distillée, Ivana Miličević, tout en rage refoulée, dessine un portrait de femme d’action torturée complètement pertinent avec la tonalité de l’ensemble, Hoon Lee fait un sidekick à la fois original, drôle et redoutable, et Frankie Faison, un transfuge de Sur Écoute (The Wire), tient aussi la barre avec la force tranquille qui le caractérise. Il convient également de citer Lili Thompson, la plante venimeuse du lot, étonnante dans sa capacité à évoluer dans une direction insoupçonnée, la sublime Odette Annable, et le terrifiant Matthew Rauch, homme de main implacable aux faux airs de jumeau maléfique d’un Jean-Claude Van Damme ultra violent.
La construction un peu laborieuse du premier acte de Banshee lui permet de s’envoler vers des sommets qu’elle ne quittera plus durant une seconde saison absolument géniale. Une chose est sûre : rapidement, le show tient à démontrer de toute la force de sa démarche badass. Parcourue de morceaux de bravoure, à savoir des affrontement un contre un, entre le héros et des mastodontes shootés aux anabolisants pour chevaux de courses, Banshee ne perd jamais de vue son objectif premier : repousser les limites de l’action, la vraie. Avec une simplicité qui fait plaisir à voir, la série rue dans les brancards, se montre tour à tour sauvage, émouvante (si, si), palpitante et sulfureuse. En accord avec la propension des séries contemporaines à y aller franchement, Banshee donne dans le sexe décomplexé et dans le gore grand-guignol. Tel un bon coup de genou dans les valseuses, elle laisse sa marque longtemps et prend souvent à la gorge, étonnante en permanence de par sa capacité à rebondir et à évoluer avec classe. Petit à petit, Banshee installe un univers, et joue avec les codes, le tout sublimé par une équipe de réalisateurs franchement doués pour jouer sur plusieurs tableaux et pour offrir une action lisible et percutante. Avec ses allures de sprint fou-furieux, Banshee adopte plutôt le rythme d’un marathon. Un marathon à 150 km/h. Quand on pense le chargeur vide, une déflagration encore plus explosive se produit et l’intérêt s’en trouve renouvelé. Oubliée des cérémonies de récompenses, Banshee trace à sa route dans une Amérique alternative. Celle des marginaux. Celle des indiens et des cow boys, des Amishs et des repentants. En vase presque clos, la série cause finalement assez bien de son pays. La rage au ventre et la bave aux lèvres.
Et encore, ce n’est que le début…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Cinemax
[…] à huit mains, par le romancier Jonathan Tropper notamment (l’homme derrière la série Banshee), un amoncellement de clichés tour à tour embarrassants ou simplement navrants. Des lieux communs […]