[Critique série] BLACK MIRROR – Saison 4

SÉRIES | 8 janvier 2018 | Aucun commentaire
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Titre original : Black Mirror

Rating: ★★★★☆
Origine : Royaume-Uni
Créateur : Charlie Brooker
Réalisateurs : Toby Haynes, Jodie Foster, John Hillcoat, Tim Van Patten, David Slade, Colm McCarthy.
Distribution : Cristin Milioti, Jesse Plemons, Jimmi Simpson, Rosemarie DeWitt, Owen Teague, Brenna Harding, Andrea Riseborough, Kiran Sonia Kawar, Georgina Campbell, Joe Cole, Maxine Peake, Letitia Wright, Douglas Hodge…
Genre : Science-Fiction/Drame/Thriller
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 6

Le Pitch :
Anthologie de 6 histoires (plus ou moins) distinctes, Black Mirror explore notre rapport aux technologies numériques et connectées.
Un programmateur de génie a développé un programme de réalité virtuelle aux perspectives surprenantes, qui s’avère néanmoins à double-tranchant quand il est mal utilisé…
Une mère décide d’implanter une puce dans la tête de sa petite-fille pour la suivre partout et la protéger de la violence…
Une femme voit son passé lui revenir en pleine figure le jour où sa route croise celle d’une enquêtrice dotée d’une machine capable de collecter les souvenirs…
Une nouvelle application se propose de mettre en couple les personnes suivant leur caractère, tout en leur imposant une date de rupture…
Une femme est poursuivie par un mystérieux robot dans un monde post-apocalyptique…
Une jeune femme visite un musée sur une route peu fréquentée, dans le désert, et découvre une série d’étonnants artefacts. Tous ayant une histoire…

La Critique de la saison 4 de Black Mirror :

Devenue un véritable phénomène, la série Black Mirror a connu, en quelque sorte, une renaissance, le jour où Netflix a commandé au showrunner Charlie Brooker, une troisième saison. Saison qui a vu le show monter en gamme notamment via un budget lui permettant de mettre en scène de manière encore plus ambitieuse ses étonnantes extrapolations. Pour autant, certaines voix se sont aussi élevées, à juste titre, pour souligner que Black Mirror, avec son troisième acte, n’allait pas tarder à se retrouver devant l’obligation de se réinventer pour mieux perdurer. La saison 4, attendue au tournant, mais aussi un petit peu redoutée, allait-elle justement confirmer la bonne tenue de Black Mirror et son côté toujours aussi pertinent, ou justement confirmer les craintes ? Étrangement, c’est un peu tout cela à la fois, tant Charlie Brooker atteint, avec quelques épisodes, clairement les limites du concept qui est le sien, tout en faisant toujours preuve de cette étonnante capacité à passionner et à livrer, y compris quand l’épisode est un peu en dessous, des réflexions métaphysiques en lien avec notre époque et nos habitudes, sans se départir d’un caractère frondeur, néanmoins à double tranchant. Mais passons donc en revue les 6 nouveaux épisodes de cette saison 4…

USS CALLISTER / Rating: ★★★★½

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L’histoire de ce surdoué de la programmation, initiateur d’un jeu de réalité virtuelle révolutionnaire prend la forme d’un vibrant et galvanisant hommage à Star Trek. Incarné par l’excellent Jesse Plemons (vu dans Breaking Bad et la saison 2 de Fargo), ce personnage aux multiples facettes, dans un premier temps attendrissant puis franchement flippant est le centre d’un récit qui permet à Black Mirror d’encore une fois confirmer le rapprochement qu’il a toujours été tentant de faire avec La Quatrième Dimension. Un épisode visuellement ambitieux, référentiel au possible, qui s’impose comme le meilleur du lot, lui qui sait, pendant plus d’une heure, proposer un véritable suspense, des personnages forts, remarquablement campés (parfaite Cristin Milioti), tout en proposant une réflexion, attendue mais bienvenue, sur les dérives de la réalité virtuelle. Au final, si USS Callister, n’a, dans le fond, rien de très révolutionnaire, la tournure qu’il prend, l’ironie qu’il distille, et sa brillante mise en image, lui permettent de se poser comme l’un des meilleurs épisodes de la série. Un petit bijou qui constitue une superbe entrée en matière mais qui place aussi la barre très haut…

ARKANGEL / Rating: ★★★★☆

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C’est l’épisode de Jodie Foster. Une histoire qui traite de la maternité et, là encore, des limites d’une technologie de plus en plus intrusive, aux effets secondaires dévastateurs. Porté par la géniale Rosemarie DeWitt, Arkangel se démarque par sa propension à captiver sur la longueur mais aussi grâce à l’émotion qu’il distille. Surtout dans sa première moitié, le dénouement se montrant plus conventionnel mais néanmoins glaçant. Et si Jodie Foster ne fait pas non plus des masses d’étincelles au niveau de la mise en scène, son savoir-faire met bien en exergue des thématiques qui encouragent à nouveau à la réflexion.

CROCODILE / Rating: ★★★☆☆

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Autant le dire tout de suite, Crocodile, est probablement l’épisode le plus faible de cette quatrième saison. Un thriller qui, si il se montre parfaitement prometteur dans son premier tiers, plongé dans des paysages islandais qui soulignent les angoisses et la froideur du personnage incarné par Andrea Riseborough, atteint rapidement ses limites. Notamment à la fin, quand le script de Brooker tombe dans l’excès et, in fine, dans un ridicule certes relatif mais néanmoins embarrassant. Aussi simpliste que maladroitement écrit, Crocodile sauve les meubles grâce à la mise en image pertinente de John Hillcoat (La Route) et la prestation des acteurs.

HANG THE DJ / Rating: ★★★★☆

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Focalisé sur la recherche de l’amour, dans une société où les rapports sont dictés par une application qui forme les couples puis les sépare, Hang The DJ est une petite merveille de sensibilité, remarquablement construite. Un épisode qui s’inscrit dans la lignée de San Junipero, le meilleur de l’acte précédent, avec ses deux personnages aussi attachants que complexes. Une nouvelle preuve du génie de Charlie Brooker et de sa capacité, quand il ne se repose pas sur des facilités, à capter une certaine essence, en extrapolant juste ce qu’il faut. Et tant pis si la fin est un petit peu en dessous car globalement, Hang The DJ, qui bénéficie de la présence de l’excellente Georgina Campbell et du touchant Joe Cole touche au vif et émeut autant qu’il captive.

METALHEAD / Rating: ★★★½☆

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Réalisé par David Slade (30 Jours de Nuit), qui a imposé à Brooker un noir et blanc très à propos, Metalhead se résume à une course-poursuite effrénée et désespérée au cœur d’une no man’s land peuplé de machines de mort. Une sorte de relecture de Terminator, qui jouit d’une mise en scène très efficace et percutante mais qui qui ne va pas plus loin que ce que son pitch laisse présager. Du coup, difficile de ne pas trouver tout ceci un peu anecdotique, malgré cet esprit jusqu’au-boutiste qui permet à l’histoire d’aller au fond des choses et de proposer un épilogue sauvé de justesse par une émotion salvatrice. Un exercice de style prévisible mais efficace, passé une certaine déception.

BLACK MUSEUM / Rating: ★★★½☆

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Avec ce sixième épisode, où se côtoient plusieurs histoires, Charlie Brooker confirme l’unité qui existe dans l’univers qu’il a bâti en quatre saisons. Le musée dans lequel se rend l’héroïne contenant plusieurs objets issus de différents épisodes. Black Mirror et sa petit boutique des horreurs, qui prend la forme d’une anthologie dans l’anthologie, et qui met paradoxalement en exergue les limites d’une série qui, on l’espère, va vite se renouveler. Car si il est loin d’être déplaisant, Black Museum tombe une nouvelle fois dans une certaine outrecuidance. Dans l’excès également. Ce que souligne encore une fois un dénouement pas franchement convainquant. Tout commence bien, mais avec l’assurance qui le caractérise, Charlie Brooker en fait trop. Les coutures sont de plus en plus visibles et la pertinence des réflexions esquissées est noyée par une démarche qui manque de recul et de seconde degré. Et c’est justement parce que Black Mirror a souvent brillé par sa capacité à autant soigner le fond et la forme, au fil d’épisodes marquants, que ce dernier est aussi peu convainquant. Parce qu’il tire toujours les mêmes ficelles, un peu en pilotage automatique, et qu’il se montre aussi bien trop long.

En Bref…
Si elle fait preuve d’une intelligence indéniable et d’une capacité à faire oublier ses défauts grâce à ses fulgurances scénaristiques et/ou visuelles, la saison 4 de Black Mirror est aussi la première à indiquer un petit essoufflement. La preuve qu’il va falloir renouveler d’audace et d’inventivité pour la suite. Que ce soit dans l’écriture ou le choix des thématiques. Black Mirror est arrivé à la fin d’un cycle. On retiendra donc surtout deux épisodes majeurs, à savoir USS Callister et Hang The DJ, et d’autres plus inégaux, en précisant tout de même que si il convient de faire preuve d’une telle exigence envers la série, c’est justement parce qu’elle a souvent fait preuve de cette même exigence envers elle-même et qu’aujourd’hui, il semblerait que le succès ait poussé son créateur à légèrement se reposer sur ses lauriers et à se montrer prétentieux…

@ Gilles Rolland

Par Gilles Rolland le 8 janvier 2018

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