[Critique série] MINDHUNTER – Saison 2

SÉRIES | 4 septembre 2019 | Aucun commentaire
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Titre original : Mindhunter

Rating: ★★★★☆

Origine : États-Unis

Créateur : Joe Penhall

Réalisateurs : David Fincher, Andrew Dominik, Carl Franklin.

Distribution : Holt McCallany, Jonathan Groff, Anna Torv, Cameron Britton, Damon Herriman, Christopher Backus, Sonny Valicentu…

Genre : Thriller/Adaptation

Diffusion en France : Netflix

Nombre d’épisodes : 9

Le Pitch :

Le travail de Holden, Bill et Wendy commence enfin à trouver des échos favorables au FBI. Jusqu’à maintenant relégués au sous-sol, les enquêteurs sont désormais encouragés par leur nouvelle direction à multiplier les entretiens avec les tueurs les plus tristement célèbres, afin de dresser une série de profils destinés à résoudre des affaires. En parallèle, Holden et Bill sont appelés à Atlanta pour mener une investigation au sujet d’une série d’inquiétantes disparitions d’enfants. Une affaire qui va prendre de plus en plus d’ampleur, bouleversant l’opinion publique. Histoire vraie…

La Critique de la saison 2 de Mindhunter :

L’arrivée sur Netflix de la première saison de Mindhunter, la série créée par Joe Penhall et partiellement réalisée par David Fincher (et co-produite par Charlize Theron) s’est imposée comme un événement. Une série aussi exigeante qu’intense figurant parmi les plus belles productions du service de streaming. Inutile de dire que la saison 2 était attendue au tournant, elle qui allait continuer à suivre ces deux enquêteurs du FBI spécialisés dans la construction d’une base de données destinée à dresser des profils types de tueurs en série. Une saison composée de plusieurs entretiens avec de nouvelles figures tristement célèbres de l’histoire criminelle américaine mais aussi focalisée sur l’affaire des disparus d’Atlanta, avec la figure du Night Stalker, un meurtrier auquel on prête pas moins d’une trentaine d’assassinats d’enfants dans l’état de Géorgie entre 1979 et 1981.

187 code meurtre

Si cette nouvelle succession de 9 épisodes (un de moins que pour la saison 1) suit donc l’affaire des meurtres d’Atlanta, elle fait aussi bien sûr la part belle à de nouvelles entrevues, menées par le duo Ford/Holden mais aussi par les autres personnages, comme Wendy Carr, qui prend ici du galon, puisque la saison se permet également le temps de développer son arc narratif en dehors des locaux exigus du FBI. Pour autant, si l’affaire d’Atlanta monopolise une bonne partie du temps, c’est surtout par rapport à la présence au générique de Charles Manson que la saison 2 a tout d’abord fait parler d’elle. Le gourou responsable des meurtres de Cielo Drive en août 1969 figurant dans la liste des tueurs interrogés. Une saison 2 diffusée l’année du cinquantième anniversaire des meurtres de la famille de Manson, à quelques jours de la sortie de Once Upon A Time… In Hollywood de Quentin Tarantino, dans lequel Manson est aussi largement évoqué… Manson étant interprété dans le Tarantino et dans Mindhunter par le même acteur, à savoir Damon Herriman. Alors oui, son apparition dans la série a suffi à assurer à cette dernière une exposition encore plus large. Alors qu’en est-il de cet entretien si attendu ? Teasée dès le début du show, la rencontre avec Manson est effectivement un grand moment. Principalement grâce à la performance habitée d’un Damon Herriman troublant, dont la ressemblance avec le vrai Manson fait froid dans le dos. Et tant pis si la scène en question semble un peu arriver comme un cheveu sur la soupe. De même que celle, moins médiatisée, avec Tex Watson, le bras armé de Manson, qui à l’époque du meurtre de Sharon Tate, a dirigé les opérations tout en tenant un rôle majeur dans les massacres (contrairement à Manson qui lui, ne s’est jamais vraiment sali les mains). Des séquences paraissant un peu mal ajustées par rapport au reste, pour la simple et bonne raison qu’ici, le cœur de l’intrigue se rapporte donc aux meurtres d’Atlanta. Tout le reste, les interviews principalement, semblant avoir été intégré au récit pour continuer de respecter la ligne directrice du show. Mindhunter n’étant pas une série d’investigation classique, il fallait absolument que cette saison 2 contiennent un nombre suffisant de face à face pour rester fidèle à l’image qu’elle avait imposé au public dès la saison 1. Alors oui, l’équilibre est ici moins maîtrisé. Cette impression que le showrunner n’a pas toujours réussi à jongler habilement avec toutes ses ambitions persistant jusqu’à la fin.

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Malaise

Pour autant, si l’aspect « scindé » de cette saison 2 reste regrettable, alors que le premier acte faisait preuve d’une plus grande unité et donc d’une cohérence plus accrue, il faut tout de même en souligner la qualité. En elle-même, l’enquête au sujet des meurtres d’Atlanta est brillante, évoquant les meilleurs moments de Zodiac, de David Fincher. D’ailleurs aux manettes sur les premiers épisodes, Fincher donne le La aux autres metteurs en scène, Andrew Dominik et Carl Franklin. La série porte sa marque, que ce soit sur un plan graphique, avec une photographie toujours aussi superbe et enveloppante, qu’au niveau des angles d’attaque choisis pour raconter l’histoire. Souvent palpitante, très informée, limpide, Mindhunter se fait aussi bien sûr glaçante, n’hésitant pas à regarder en face l’ignominie relative à ces personnages dont elle tente de percer la psyché. En eux-mêmes, les entretiens s’imposant comme des modèles d’écriture, de jeu et de mise en scène. Celui de Manson mais aussi tous les autres. La courte apparition de Kemper, bien sûr toujours interprété par le génial Cameron Britton, étant aussi mémorable. Il faut également souligner la relative mise à l’écart du personnage d’Holden au bénéfice de celui de Bill Tench. Ford se « contentant » d’enquêter sur le terrain, alors que Tench lui, se retrouve au centre d’une histoire dans l’histoire, en forme de référence à part entière à un fait divers particulièrement glauque… L’occasion pour Holt McCallany de nous rappeler quel formidable acteur il est. De quoi conférer à cette saison une noirceur décuplée de laquelle il est difficile de s’extraire. Ainsi, et c’est une bonne chose vu le sujet du show et ses ambitions manifestes, la saison 2 de Mindhunter parvient à instaurer un véritable malaise. Il y a aussi la façon, puissante, dont la série sait dresser un parallèle entre l’affaire d’Atlanta et des thématiques contemporaines, regardant dans les yeux quelques-uns des démons les plus abjects de l’Histoire. Une réussite donc mais difficile de ne pas se dire que le résultat aurait pu être encore plus marquant si le scénario avait fait preuve d’un peu plus de fluidité. La saison 3 saura peut-être y remédier, en s’arrangeant pour que la partie entretiens nourrisse véritablement l’enquête abordée en guise de fil rouge. Car ici, le fil rouge justement, n’en est pas vraiment un…

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En Bref…

Pour l’excellence de la mise en scène et du jeu des comédiens, pour la puissance de la scène avec Manson, Kemper et une large partie des autres entretiens, pour la photographie et pour la façon dont l’affaire des meurtres d’Atlanta est abordée, sans éluder l’aspect politique et en en profitant pour faire un parallèle avec ce qui se passe aujourd’hui aux États-Unis et ailleurs, cette saison 2 mérite bien des louanges. Dommage que parfois, elle patine un peu quand il s’agit de jouer sur plusieurs tableaux et se disperse dans plusieurs directions sans toujours parvenir à retomber sur ses pieds ou totalement garder l’ennui à distance.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Netflix
Par Gilles Rolland le 4 septembre 2019

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