[Critique série] PAM & TOMMY

SÉRIES | 13 mars 2022 | Aucun commentaire
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Titre original : Pam & Tommy

Rating: ★★★★½

Origine : États-Unis

Créateur : Robert Siegel

Réalisateurs : Craig Gillespie, Lake Bell, Gwyneth Horder-Payton, Hannah Fidell.

Distribution : Lily James, Sebastian Stan, Seth Rogen, Taylor Schilling, Nick Offerman, Andrew Dice Clay, Don Harvey, Paul Ben-Victor…

Genre : Drame/Comédie/Adaptation

Diffusion en France : Disney +

Nombre d’épisodes : 8

Le Pitch :

Los Angeles, 1995. Pamela Anderson, la star de la série Alerte à Malibu rencontre Tommy Lee, le batteur de Mötley Crüe dans un club. C’est le coup de foudre et à peine 4 jours plus tard, les deux amoureux convolent en justes noces. Nageant en plein bonheur, le couple doit néanmoins rapidement faire face à une épreuve quand le coffre de Tommy Lee est dérobé. Coffre dans lequel se trouve une sex tape que Pam et Tommy ont tourné il y a peu sur le lac Mead près de Las Vegas. En seulement quelques mois, la vidéo devient incontournable, propulsant l’actrice et le musicien au centre d’une tempête dont ils ne ressortiront pas indemnes…

La Critique de la mini-série Pam & Tommy :

Adaptée d’un article du magazine Rolling Stone, Pam & Tommy relate la folle histoire derrière la sex tape de Pamela Anderson et Tommy Lee. Une vidéo qui, au milieu des années 90, fit l’effet d’une bombe, bien avant celles de Paris Hilton et Kim Kadarshian, offrant à Pamela Anderson une nouvelle sorte de notoriété dont elle se serait bien passée. Une histoire dont se sont emparés Robert Siegel, le créateur de la mini-série, et les producteurs Evan Goldberg et Seth Rogen…

Lune de fiel

Dès son annonce, ce projet n’a pas manqué de faire grincer quelques dents, soulevant son lot de questions : quel angle les scénaristes allaient-il adopter pour relater cette histoire ô combien sulfureuse ? La mini-série allait-elle dépasser le stade de simple curiosité à l’attention de ceux qui, en 1996, ont fait des pieds et des mains pour se procurer l’objet suprême du désir et comment les producteurs comptaient-ils s’y prendre pour ne pas sombrer dans le scabreux ? Des questions qui heureusement, ont toutes trouvé des réponses plus que convaincantes.

Pam & Tommy débute en s’intéressant non pas à Pamela Anderson ou Tommy Lee, mais à Rand Gauthier, le menuisier responsable du vol de la vidéo. Un type qui en réalité était d’ailleurs électricien. La série prenant quelques libertés sans pour autant trop s’éloigner des faits. Gauthier donc, est un gentil looser qui, lorsque Tommy Lee, pas vraiment satisfait de son boulot, décide de le virer sans le payer, endosse le rôle de justicier et dérobe un coffre fort pour récupérer son dû. Coffre dans lequel dort depuis peu une sex tape tournée par le couple star sur les eaux calmes du lac Mead.

On assiste donc à la vengeance d’un type floué, croyant dur comme fer au pouvoir du karma, qui va tenter de se faire un maximum d’argent grâce à sa trouvaille, avant de se faire déposséder par à peu près tous ceux avec lesquels il va s’associer.

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Arnaqueur arnaqué

Les trois premiers épisodes de Pam & Tommy, réalisés par Craig Gillespie (Moi, Tonya) adoptent une approche résolument légère et rock and roll. Des débuts fracassants principalement axés sur le vol de la vidéo puis sa diffusion, alors que Pamela Anderson et Tommy Lee, inconscients de la catastrophe qui s’apprête à leur tomber sur le coin de la tronche, profitent de leur amour en bons épicuriens qu’ils sont. Une love story qui prend de plus en plus d’importance, alors que la série joue clairement sur deux tableaux, effectuant de réguliers allers-retours du côté de Gauthier avant de revenir dans le manoir de Tommy Lee, où ce dernier et la star d’Alerte à Malibu apprennent à se connaître après leur mariage éclair.

Étonnamment maîtrisée, l’écriture de Pam & Tommy s’avère ainsi surprenante dans sa capacité à embrasser plusieurs thématiques sans jamais en négliger aucune. Plutôt comique dans son premier tiers, la série change par la suite brutalement de ton alors que les nuages s’amoncellent au-dessus du paradis terrestre du batteur et de la naïade au maillot de bain rouge. Peu à peu, Gauthier, définitivement floué par ses associés, laisse la place aux deux personnages principaux du show, qui ne cessent de se débattre avec une situation sur laquelle ils n’ont pas le moindre contrôle.

Too fast for love

Dès le quatrième épisode, Craig Gillespie, après avoir imposé son cahier des charges question mise en scène, laisse la place à plusieurs réalisatrices, dont l’actrice Lake Bell. Ces dernières ayant pour mission de s’intéresser aux dégâts provoqués par la diffusion de la sex tape. C’est alors que se dessine un portrait ô combien pertinent et touchant de Pamela Anderson, ici remarquablement campée par une Lily James méconnaissable.

La comédienne britannique sait précisément comment s’y prendre pour souligner la vulnérabilité de Pamela Anderson mais aussi sa force, de plus en plus affirmée, tandis que la vidéo met progressivement à mal ses ambitions. Désireuse de se défaire de son image créée par Alerte à Malibu, ambitionnant d’embrasser une carrière au cinéma, dont le film Barb Wire serait la première étape, la jeune femme est le pivot d’un récit qui met l’accent sur sa souffrance. Dans une scène, très importante, Pamela exprime à Tommy Lee sa détresse en évoquant le fait que la sex tape lui est beaucoup plus préjudiciable. Pas vraiment d’accord, Tommy Lee rétorque que la vidéo lui fait autant de mal, oubliant que son statut et son image publique n’ont rien à voir avec celles de sa nouvelle épouse. Ce que Nikki Sixx, le bassiste de Mötley Crüe, ne tarde pas à rappeler à Tommy, en lui remémorant ce concert où il avait montré son sexe à plusieurs milliers de spectateurs.

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About a girl

C’est alors que Pam & Tommy dévoile ses cartes, interrogeant avec beaucoup d’acuité la perception dont souffrent souvent les actrices. Dans une autre scène, douloureuse, durant laquelle Pamela Anderson est interrogée afin de tenter de faire interdire des captures de la vidéo dans Penthouse, la série souligne le fait qu’une femme, connue pour avoir posé nue dans Playboy, se baladant toutes les semaines en maillot de bain dans les télévisions de millions de foyers, n’a pas droit, aux yeux de la justice américaine, de se plaindre quand une vidéo privée la mettant en scène est rendue publique. Un discours très intéressant car dans l’air du temps, qui met en exergue une véritable injustice dont Pamela Anderson, et bien d’autres, ont été les victimes au fil des années.

An justice for her

Sous ses airs de série rock and roll, Pam & Tommy va donc bien plus loin et raconte une histoire d’amour, une vraie, mise à mal par un événement qui, à son époque, ne fut pas du tout perçu de cette façon. Elle dévoile les dommages collatéraux que pas grand monde ne soupçonnait, et transforme Pamela Anderson en icône féministe partie prenante d’un combat pour la justice, en mettant la société face à ses contradictions et à ses vices.

Plusieurs personnalités, dont John Corabi, le chanteur qui a un temps remplacé Vince Neil au sein de Mötley Crüe, ont critiqué la mini-série en affirmant que celle-ci se contentait de remuer la merde alors que c’est tout l’inverse. Loin d’utiliser ses deux protagonistes principaux pour les tourner en ridicule et se contenter de les faire exister à l’écran par l’unique prisme des clichés qu’ils véhiculent pour beaucoup (Tommy Lee cet abruti à la grosse bite et Pamela cette blonde écervelée), la série va beaucoup plus loin et les replace au cœur d’une histoire qui ne cesse de les rendre plus humains.

Tumultueuses 90’s

Dommage finalement que parfois, dans son désir de servir son propos, elle déforme un peu les faits. Rand Gauthier par exemple, n’a jamais exprimé le moindre regret alors que la série va clairement dans ce sens. Mais au fond ce n’est pas très grave car Pam & Tommy n’élude pas le principal et sait exploiter tous les éléments mis à sa disposition pour raconter cette incroyable histoire avec le plus de pertinence et de puissance possible, bien aidée par des comédiens absolument parfaits. À commencer par Lily James donc, mais aussi Sebastian Stan, excellent en Tommy Lee, et Seth Rogen, pour ne citer qu’eux.

Et en plus, fin du fin, le show se permet aussi de disserter sur les changements survenus au sein de l’industrie musicale au milieu des années 90, quand les groupes de hair metal comme Mötley Crüe, ont peu à peu cédé du terrain face à la vague alternative grunge en provenance de Seattle. Une façon de conférer à Tommy Lee une épaisseur bienvenue et de ne pas le laisser au bord de la route en se limitant à le traiter comme le mari un peu débile qui ne pense qu’avec son sexe.

Parcourue de très beaux moments, parfois drôle et exaltante, souvent touchante et juste, bénéficiant d’une reconstitution aux petits oignons de toute une époque, Pam & Tommy est donc une excellente surprise. Une série ambitieuse, qui remet pas mal de choses à leur place et dont le discours trouve une grande résonance aujourd’hui, presque 30 ans après les faits qu’elle relate.

En Bref…

Portée par les performances incroyables de Lily James et Sebastian Stan, plus vrais que nature en Pamela Anderson et Tommy Lee, bénéficiant également d’une écriture très fine et portée par un discours féministe intelligent et actuel, Pam & Tommy est une grande réussite. Une série assurément rock and roll, qui ne cesse de monter en puissance sans jamais ennuyer, soignant en permanence autant la forme que le fond. Et ce malgré les quelques libertés prises avec la réalité, pas toujours justifiables.

@ Gilles Rolland

Pam-et-Tommy
Crédits photos : Hulu/Walt Disney Pictures
Par Gilles Rolland le 13 mars 2022

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