[Critique série] PERDUS DANS L’ESPACE – Saison 1
Titre original : Lost In Space
Rating:
Origine : États-Unis
Créateurs : Matt Sazama, Burk Sharpless
Réalisateurs : Neil Marshall, Tim Southam, Alice Troughton, Deborah Chow, Vincenzo Natali, Stephen Surjik, David Nutter.
Distribution : Molly Parker, Toby Stephens, Maxwell Jenkins, Taylor Russell, Mina Sundwall, Ignacio Serricchio, Parker Posey, Brian Steele, Raza Jaffrey, Cary-Hiroyuki Tagawa…
Genre : Science-Fiction/Aventure/Remake
Nombre d’épisodes : 10
Diffusion en France : Netflix
Le Pitch :
Sélectionnée pour rejoindre Alpha du Centaure, une colonie éloignée, alors que la Terre se meurt, la famille Robinson voyage dans l’espace quand survient un incident qui la force à atterrir en urgence sur une planète inhospitalière. C’est alors qu’elle rencontre un mystérieux robot, qui vient lui aussi de s’échouer sur cette planète…
La Critique de la saison 1 de Perdus dans l’Espace :
Diffusée dans les années 60 la série Perdus dans l’Espace a donné lieu à un long-métrage de cinéma, réalisé par Stephen Hopkins en 1998. Un film très maladroit, pourtant porté par un impressionnant panel de stars (William Hurt, Gary Oldman, Matt LeBlanc), d’emblée quasi-unanimement considéré comme un navet et donc tout aussi vite tombé dans l’oubli. Quand Netflix annonça la mise en route d’un remake, au format série, de l’œuvre originale, il y avait donc fort à craindre de voir les choses à nouveau déraper. Parce que Perdus dans l’Espace pouvait dénoter, et pas dans le bon sens, au sein du paysage des séries actuelles, mais aussi parce qu’il faut bien reconnaître que les remakes, souvent propulsés par les velléités purement mercantiles de producteurs aux dents longues, ne donnent que très rarement des œuvres mémorables. Et pourtant… Car cette nouvelle mouture de Perdus dans l’Espace a finalement tout pour plaire. Et ce pour plusieurs raisons…
Vers l’infini…
La première bonne idée de la production fut d’embaucher Neil Marshall pour mettre en scène les deux premiers épisodes de la série. Pourquoi ? Car dans le genre artisan solide et efficace, Marshall se pose là, lui qui a déjà largement prouvé sa valeur par le passé avec des films comme Dog Soldiers, The Descent ou Doomsday et Centurion (sans parler des excellents épisodes qu’il a réalisé pour Game Of Thrones). Grâce à lui, Perdus dans l’Espace a d’emblée une allure folle et prend également soin d’aller directement à l’essentiel. Ainsi, l’entrée en matière est non seulement hyper prenante mais aussi parfaitement pertinente avec les ambitions manifestes du projet. Perdus dans l’Espace ou comment conserver l’aspect « familial » de l’œuvre originale, tout en durcissant un peu le ton afin de moderniser des détails pour au final imposer quelques chose, non pas de nouveau, mais de résolument frais.
… et au-delà
Si l’introduction a une allure folle, avec ses effets-spéciaux haut de gamme, sa production design canon, ses superbes décors naturels et son écriture vive, au diapason d’une mise en scène pleine d’énergie, aussi inspirée que pertinente, la série ne démérite pas par la suite et parvient à enfiler 10 épisodes sans provoquer l’ennui. Finalement, le seul vrai bémol, car le tableau n’est malheureusement pas parfait, relève de l’antagoniste principal. La grande méchante, ici campée par Parker Posey, ne parvient pas à incarner ce qu’elle doit incarner. D’une part parce que le jeu très prévisible de l’actrice permet de deviner avec deux coups d’avance la suite des événements mais aussi parce tout compte fait, l’histoire telle qu’elle a été ici repensée, n’avait absolument pas besoin d’un personnage comme celui-là. Le robot, cette entité que Will, le cadet de la famille Robinson, trouve dans les bois après le crash, suffisait amplement. La bonne nouvelle, c’est que lui par contre, ce gigantesque robot aux intentions opaques, fait parfaitement le job. Que ce soit du côté du design ou de son implication dans le récit.
Cela dit, pour revenir sur la méchante, son rôle, parfois trop encombrant, ne nuit pas à l’efficacité de l’ensemble. Parce que Perdus dans l’Espace joue sur plusieurs tableaux simultanément, offrant à chaque membre de la famille Robinson son propre arc narratif. Si telle histoire dans l’histoire ne convainc pas, une autre va se charger de faire avancer les choses pour conduire jusqu’au dénouement en forme de points de suspension. Toujours en soignant les formes et l’écriture au point de régulièrement étonner par une authentique et généreuse propension à ne pas s’économiser pour enchaîner les péripéties sans que la crédibilité n’en prenne un coup dans l’aile.
Danger Will Robinson
Les acteurs, tous parfaitement excellents (à part Parker Posey donc, que le scénario limite un peu à une somme de clichés), contribuent bien sûr à l’aura que dégage cette nouvelle version du classique de la science-fiction familiale. En 2018, Perdus dans l’Espace n’a rien du show un peu guimauve et tiédasse qu’il put être jadis. Les auteurs ayant trouvé le ton juste et l’équilibre parfait pour à la fois distiller une morale bienveillante sans laquelle la série ne serait pas vraiment fidèle au matériau d’origine, mais aussi une véritable émotion, inhérente à plusieurs partis-pris étonnamment audacieux. Les relations entre les personnages sont par exemple très travaillées. Rien n’est forcé, si ce n’est ces quelques lieux communs au fond pas vraiment gênants. Avec juste ce qu’il faut d’humour, parvenant, surtout dans son dernier tiers, à véritablement émouvoir, grâce là encore au talent des acteurs, cette première saison a tout de l’excellente surprise. La promesse de départ est totalement tenue, avec en bonus quelques jolies trouvailles, à l’image de cette fin ouverte encourageant à espérer une saison 2 en toute logique déjà prévue à l’heure où paraît cette chronique…
En Bref…
Pas révolutionnaire, cette nouvelle version du classique Perdus dans l’Espace est par contre d’une efficacité exemplaire. Calibré pour toute la famille, porté par de belles valeurs fédératrices, le show est aussi flamboyant visuellement qu’au niveau de son écriture, qui surprend par une certaine noirceur (relative) et par cette propension à imposer sans faire le forcing, une émotion là encore très efficace.
@ Gilles Rolland