[Critique] BASTILLE DAY

CRITIQUES | 14 juillet 2016 | Aucun commentaire
Bastille-Day-poster

Titre original : Bastille Day

Rating: ★½☆☆☆
Origines : États-Unis/France/Grande-Bretagne
Réalisateur : James Watkins
Distribution : Idris Elba, Richard Madden, Charlotte Le Bon, José Garcia, Kelly Reilly, Thierry Godard…
Genre : Action/Thriller
Date de sortie : 13 juillet 2016

Le Pitch :
À Paris, Michael, un américain, subsiste en mettant à profit ses talents de pickpocket. Un soir, il vole le sac d’une jeune femme. Un sac qui contient une bombe qui ne tarde pas à exploser en plein centre-ville. Alors que les autorités se lancent à sa poursuite, Sean Briar, un agent de la CIA, décide de passer l’action, se doutant que Michael n’est qu’un pion dans un vaste complot. Il se retrouve alors au centre d’une conspiration de grande envergure…

La Critique :
Pierre Morel, un fidèle de l’écurie de réalisateurs de Luc Besson, entre autre responsable de Taken, devait se charger de mettre en scène Bastille Day. Au final, c’est à James Watkins, le metteur en scène des excellents Eden Lake et La Dame en Noir, que fut confié le film. Bastille Day qui a justement tout du pur film Europa Corp. Voyez plutôt : l’action se déroule à Paris et le héros est un américain. Un mec bien burné qui a tout compris là où les autorités françaises sont à la ramasse et/ou complètement corrompues. Il y a de l’action en veux-tu en voilà et des acteurs français pour faire bonne mesure. On retrouve des courses-poursuites en plein centre-ville, ça explose, ça tire et ça frappe, avec à la clé quelques punchlines voulues percutantes. Du pur Besson. Pourtant, ô surprise, le producteur/scénariste de Taxi n’a rien à voir avec Bastille Day. Il ne l’a pas produit, pas écrit et bien sûr pas réalisé. Si ça se trouve, il ne l’a même pas vu. On a beau chercher, Besson n’est nulle part. Car oui, il convient d’insister. En plus de contenir tous les éléments d’une parfaite production Besson, ce long-métrage d’action est en plus au moins aussi con que les pires méfaits de la firme du géniteur d’Arthur et de ses insupportables Minimoys. Le constat fait peur : si maintenant, des types se mettent à copier le modèle de Luc, on n’est pas sorti de l’auberge…

Bastille-Day-Idris-Elba-Richard-Madden

Alors qu’est ce que James Watkins est allé faire dans cette galère, si ce n’est offrir à son C.V. une tâche indélébile qui met un bon gros coup dans les burnes de sa crédibilité si durement acquise ? On se pose encore la question alors que disparaissent de notre mémoire les images de ce truc complètement aux fraises qu’est Bastille Day.
Pourtant, tout ne commence pas si mal. Enfin, si on fait exception de la scène initiale, totalement racoleuse, qui bénéficie du jeu si « fin » de Stéphane Caillard, l’une des stars de la série Marseille. En y repensant, cette séquence (qui ne sert à rien sinon à montrer une actrice française débutante qui a envie de gagner sa place au soleil en se montrant complètement nue sans raison apparente dans une production internationale), donnait la tonalité de ce qui allait suivre. Mais ça, on l’ignorait et passé ce truc inutile, le doute était encore permis. Après tout, Bastille Day est un film d’action, pas un drame existentiel. Tant que ça bouge, c’est le principal et justement, ça bouge beaucoup. La poursuite entre Idris Elba et Richard Madden sur les toits de notre belle capitale, a même une certaine prestance. La mise en scène de Watkins est nerveuse et la plupart du temps lisible. Oui, à ce moment précis de l’aventure, tous les espoirs sont encore à peu près permis.
Néanmoins, rapidement, le réalisateur se laisse déborder par une histoire débile, qui implique des flics ripoux, la CIA, un pickpocket et des révolutionnaires désireux de reproduire la Révolution française (d’où le titre, tu la sens ma grosse finesse métaphorique ?). Au bout d’une bonne demi-heure, difficile de se dire que Bastille Day va encore pouvoir sauver les meubles.
On se raccroche alors à ce qu’on peut. Heureusement, Idris Elba fait le job comme si il tournait dans un James Bond. Le film, aussi nul soit-il, a d’ailleurs au moins ce mérite : pas de doute, Elba ferait un excellent 007. Il a tout : le charisme, la gouaille, le flegme et le punch. Dans Bastille Day, il est bien entendu totalement sous-exploité, tout comme tous les autres comédiens qui ont dû, à un moment ou à un autre, se demander pourquoi ils avaient signé le contrat qui les obligeait à lustrer les cuivres d’un navire qui, alors qu’il avait à peine quitté le port, commençait à prendre l’eau de toutes parts.

Seul véritable atout de Bastille Day, Idris Elba se bat bien. Il bouge bien et fait ce qu’il peut avec des répliques pas franchement enthousiasmantes. Quand les choses partent vraiment en vrille, à 30 minutes de la fin si attendue, il tient le fort mais ne peut pas faire de miracles. Même accompagné d’un14 Richard « Robb Stark » Madden méritant mais largué et d’une Charlotte Le Bon en roue libre car pas dirigée du tout, il ne peut pas sauver tous les meubles. Bastille Day est allé trop loin dans la gaudriole. Son scénario s’est trop vite perdu dans les méandres d’une histoire stupide, qui joue d’une manière franchement discutable sur un contexte difficile. Ils sont même allés chercher notre José Garcia national pour lui confier un rôle caricatural à souhait !

Alors oui, au final, il reste quelques scènes bien emballées, mais au fond, on a déjà vu mieux ailleurs, dans des longs-métrages parfois tout aussi bas du front mais au moins parfaitement assumés et ô combien plus jubilatoires car autrement généreux. Taken par exemple, pour rendre à Besson ce qui appartient à Besson, n’allait pas chercher bien loin, mais il évitait d’en faire des caisses et de prétendre raconter un truc complexe alors que ce n’était jamais le cas. Bastille Day lui, se présente à nous avec des prétentions surréalistes.
Mais si au moins c’était drôle… Si la photographie n’était pas, par moments, atrocement dégueulasse, comme si certaines images avaient été empruntées à un JT de 1985… Si les pires clichés du genre n’étaient pas compilés dans un script de feignasses… Oui, ça fait beaucoup de si, on est d’accord.
Pour le 14 juillet, n’allez pas rater le feu d’artifice pour voir ça…

@ Gilles Rolland

 Bastille-Day-Charlotte-Le-Bon-Idris-Elba  Crédits photos : StudioCanal

Par Gilles Rolland le 14 juillet 2016

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