[Critique] PAS UN BRUIT

CRITIQUES | 19 avril 2016 | Aucun commentaire

Titre original : Hush

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Mike Flanagan
Distribution : Kate Siegel, John Gallagher Jr., Michael Trucco, Samantha Sloyan…
Genre : Thriller/Épouvante
Date de sortie : avril 2016 (Netflix)

Le Pitch :
Maddie, une écrivaine, sourde et muette, vit seule dans une maison dans les bois, loin de tout. Un soir, un homme tente de pénétrer chez elle, profitant du handicap de sa victime. Celle-ci, néanmoins, n’est pas décidée à se laisser faire…

La Critique :
Le home invasion, qui met en scène l’intrusion d’assassins ou de bad guys de toutes sortes, dans le domicile de victimes en devenir, est un genre très populaire à Hollywood. Un genre qui donne lieu à d’excellents films, comme The Strangers, avec Liv Tyler, ou le sauvage You’re Next, mais aussi à des choses beaucoup plus convenues. Tous prenant plus ou moins comme exemple le mètre-étalon de la catégorie, à savoir Les Chiens de Paille, de Sam Packinpah (lui-même remaké par Rod Lurie en 2011). Pas un bruit, ou Hush, en version originale, embrasse ainsi les codes les plus incontournables de la discipline, mais tire partie de la caractéristique qui contribue définit son héroïne, qui se trouve donc être sourde et muette…

Hush-Pas-un-bruit-John-Gallagher-Jr.

Mike Flanagan, le réalisateur, qui retrouve pour l’occasion Kate Siegel, qui était déjà au centre de The Mirror (Oculus en version originale), son précédent long-métrage, exploite relativement bien la surdité de son personnage principal, ainsi que son incapacité à crier, afin d’instaurer très rapidement une tension palpable. Le jeu de Kate Siegel faisant le reste, à savoir retranscrire dans un premier temps la détresse d’une victime toute désignée, puis par la suite, son combat pour survivre face à un homme qui a juré sa perte. Le fait que l’action se déroule dans une maison un peu paumée dans la forêt en ajoutant une couche, dans la construction d’une ambiance à couper au couteau véritablement efficace.
Pas un bruit n’est pas un sommet d’originalité. Cela dit, là n’est pas vraiment le propos, tant le réalisateur s’applique à respecter les lieux communs tout en les adaptant aux éléments inhérents à l’handicap de son héroïne. Sa réalisation s’avère ainsi plutôt immersive quand il s’agit de nous communiquer la peur que ressent Maddie, face à un agresseur particulièrement retors.

Un méchant campé par l’excellent John Gallagher Jr. (The Newsroom, 10 Cloverfield Lane) qui se présente dans un premier temps affublé d’un masque en somme toute classique, mais qui sait aussi surprendre son monde, en le retirant assez vite, s’offrant ainsi l’opportunité de construire une composition bien sadique du plus bel effet. Là encore, ce n’est pas très original, mais au moins, ça fonctionne. Et pas qu’un peu si on se réfère aux divers affrontements, aussi bien filmés qu’amenés, et à la conclusion, qui intervient au terme d’une montée en puissance d’une violence qui sait aussi se faire graphique, sans tomber dans le gore extrême.
Brutal et sauvage, Pas un bruit démontre aussi d’une volonté de son chef d’orchestre de faire preuve d’une jolie mesure pour éviter de tomber dans l’excès. Dès le début, tout est fait pour qu’on s’attache à Maddie. Une battante qui n’aura de cesse de prouver sa combativité dans des circonstances sauvages à plus d’un titre.

À mi-chemin entre le thriller du type Les Nuits avec mon ennemi et le film d’horreur, Pas un bruit s’avère ainsi plus convainquant que le sympathique quoi qu’un peu trop tarabiscoté The Mirror. La progression est franche, la rythmique implacable et bien agencée, les comédiens parfaits dans leurs rôles respectifs, et la réalisation, à hauteur d’homme, sait ne pas en faire des caisses. On peut même ajouter que le méchant, avec ses motivations troubles, évite les sempiternelles justifications diluant bien souvent la crédibilité. Ici, il est là et veut du mal à la fille. C’est tout et au fond, c’est largement suffisant pour faire de lui une menace tangible.
Voici ainsi un film simple, direct et efficace, qui, si il ne va pas révolutionner le genre auquel il s’attaque (il ne cherche d’ailleurs pas à le faire), remplit toutes les cases avec un certain brio, pour lui permettre de se détacher de la masse. Après ça, ne vous étonnez pas d’avoir envie de vérifier deux ou trois fois si la porte d’entrée est bien fermée à clé…

@ Gilles Rolland

Hush-Pas-un-bruit  Crédits photos : Netflix

 

Par Gilles Rolland le 19 avril 2016

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