[Critique] SANG FROID
Titre original : Cold Pursuit
Origine : Grande-Bretagne
Réalisateur : Hans Petter Moland
Distribution : Liam Neeson, Tom Bateman, Tom Jackson, Emmy Rossum, Laura Dern, John Doman, Domenick Lombardozzi, Julia Jones, William Forsythe…
Genre : Thriller/Remake
Date de sortie : 27 février 2019
Le Pitch :
Nels Coxman est un homme ordinaire. Un citoyen respecté. Le jour où son fils est retrouvé mort, Nels se transforme pourtant en machine à tuer. Il va alors se frotter à un terrible cartel et éliminer méthodiquement tous ceux qui se mettront en travers de son chemin…
La Critique de Sang Froid :
Hans Petter Moland a fait comme Michael Haneke et une poignée de cinéastes avant lui, à savoir réaliser un remake de l’un de ses films. Le film en question étant Refroidis, dont la sortie date de 2014. Le héros porte à peu près le même nom (Nils d’un côté, Nels de l’autre), il conduit aussi un chasse-neige et dézingue avec la même détermination les hommes responsables de la mort de son fils. Cela valait-il la peine de raconter deux fois la même histoire ? Pas vraiment non…
Givrés
Précédé d’une bande-annonce remarquablement montée et parfaitement efficace, rythmée par le Don’t Fear The Reaper de Blue Öyster Cult, Sang Froid transforme encore Liam Neeson en vengeur impitoyable mais semblait dès le départ vouloir prendre la tangente pour se démarquer des autres Taken-likes tournés par l’acteur. Pour autant, il s’agit bien d’un film où Liam Neeson tue tout le monde. Le scénario est un peu plus épais que celui de Taken et l’environnement change du tout au tout, mais en substance, malgré les efforts du réalisateur Hans Petter Moland, Sang Froid peine à se détacher de la masse. Pire, il perd même carrément en efficacité et se montre un peu trop nébuleux à force de justement vouloir s’éloigner des attentes des spectateurs pour les prendre à revers…
Humour à froid
L’humour est en partie responsable du caractère un peu bancal de Sang Froid. Très vite, les personnages font preuve d’un curieux détachement, Liam Neeson compris. L’humour s’invite donc à la fête. Un humour pince-sans-rire, un peu décalé et rarement efficace. La toute dernière scène vient en apporter la preuve ultime. Du coup, difficile de ne pas ressortir de la salle un peu déçu. Déçu par ce refus de faire semblant de contourner les codes du film d’action de vengeance basique et déçu de cette tendance du scénario à en faire un peu des tonnes pour au final pas grand chose. Alors oui, de temps en temps, un truc parvient bien à nous soutirer un ricanement mais c’est bien tout et puis au fond, à la base, on n’était pas venu non plus pour se bidonner. Sang Froid souffre aussi d’une écriture assez inégale. Du côté des personnages notamment. Beaucoup ne servent carrément à rien. Les flics par exemple, sont juste là pour observer et parce qu’il fallait bien des flics. Les gangsters n’ont pas tous la chance d’être dotés de charisme et certains acteurs, Laura Dern en tête, sont scandaleusement sous-exploités. Liam Neeson lui, assure, froid, implacable, violent et toujours solide dans sa façon d’incarner son personnage, mais en face, si on fait exception de la présence de cette vieille branche de William Forsythe, et du cabotinage amusant de Tom Bateman, le méchant en chef, il n’y a pas grand monde. Globalement, les personnages ne semblent pas assez concernés. Du coup, fatalement, si eux ont un peu l’air de s’en foutre, nous aussi. Le script fait des détours, le montage est parfois fait en dépit du bon sens, juste histoire de pas faire comme tout le monde ou plutôt de faire semblant de ne pas faire comme tout le monde.
Taken au congélo
Mais Sang Froid n’est pas complètement mauvais. Loin s’en faut. Comme dit plus haut, Liam Neeson tient la baraque et certaines scènes ne manquent pas de mordant. Quand Sang Froid rentre dans le lard sans trop chercher à jouer sur l’esbroufe avec des effets ou des ruptures de ton inutiles, il fait office d’honnête thriller du samedi soir. Par contre, quand il cherche à livrer un discours hyper maladroit et de toute façon très anecdotique sur la place des Amérindiens dans l’Amérique d’aujourd’hui, il se prend méchamment les pieds dans le tapis et nous rappelle qu’on est loin de se trouver face à un grand thriller. Surtout si on le compare à l’exceptionnel Wind River, un autre film policier enneigé autrement plus maîtrisé, ambitieux et intelligent.
En Bref…
Liam Neeson porte sur ses épaules ce remake bancal et donc forcément plus dispensable que ce que la bande-annonce promettait. Même si Sang Froid n’est pas un gros navet, on est donc en droit de lui préférer d’autres films de la partie la plus bourrine de la filmographie de Liam Neeson. Un film du samedi soir correct donc, mais pas plus…
@ Gilles Rolland
