[Critique] BEFORE I WAKE
Titre original : Before I Wake
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Mike Flanagan
Distribution : Kate Bosworth, Thomas Jane, Jacob Tremblay, Annabeth Gish, Dash Mihok…
Genre : Épouvante/Drame
Date de sortie : 28 avril 2017 (Netflix)
Le Pitch :
Sous le choc de la perte de son enfant, un couple décide d’adopter un jeune garçon. Rapidement, les parents s’aperçoivent que les cauchemars de ce dernier prennent vie lorsqu’il dort…
La Critique de Before I Wake :
Touche à tout versant très volontiers dans l’horreur et l’épouvante, Mike Flanagan a débuté par de petites productions plus ou moins passées inaperçues et autres épisodes de séries TV, avant de frapper successivement, et de plus en plus fort, avec des œuvres comme The Mirror (Oculus) et Hush (Pas un bruit), imposant doucement mais sûrement son nom et ses aptitudes (c’est lui qui va réaliser Jessie, l’adaptation du roman éponyme de Stephen King). Aptitudes véritablement révélées par l’étonnant Ouija : les origines, soit la suite d’un vieux navet, qui arrivait donc non seulement à faire mieux que l’original, mais aussi à carrément instaurer une atmosphère flippante et inventive comme on en voit trop peu dans ce genre. Ouija 2 qui fut précédé aux États-Unis de Before I Wake, qui sort enfin chez nous, via Netflix, et qui a pour l’occasion changé de titre pour devenir Ne t’endors pas…
Troubles du sommeil
Le casting de Before I Wake donne une indication assez précise de la nature qui est tout sauf anecdotique de cette production valeureuse à plus d’un titre. On ne parle pas ici de grosses vedettes, mais de valeurs sûres qui donnent le meilleur. Et si Thomas Jane est comme bien souvent très bon, discret et solide, c’est Kate Bosworth qui récupère la meilleure partition en incarnant une mère meurtrie, dont la vie va basculer dans une horreur perfide, visiblement indispensable à la possible émergence future d’un espoir tant attendu. L’actrice qui livre une performance qui est pour beaucoup dans la réussite de l’ensemble, toutes en nuances. Face à elle, le jeune Jacob Tremblay, découvert dans l’incroyable Room, fait lui aussi excellente figure, mais ce n’est pas vraiment une surprise tant le personnage lui permet de beaucoup jouer sur des expressions qui doivent à l’émotion qui se dégage naturellement de lui. Ensemble, ces acteurs plongent au cœur d’une histoire plutôt originale, qui même si elle vient peu à peu se ranger du côté de codes plus prévisibles, permet l’émergence d’une poésie joliment mise en scène.
The Nightmare
Before I Wake est sans aucun conteste l’une des plus belles réussites de Mike Flanagan. Plus maîtrisé sur la longueur que The Mirror et plus complexe que Hush par exemple, il se concentre davantage sur un lyrisme certain et vient en cela embrasser le champ lexical de l’onirisme plutôt que celui de l’épouvante classique, à base de jump scares opportunistes. Une excellente approche, pertinente, qui permet au cinéaste de donner du corps à ses thématiques et de favoriser parallèlement la construction d’un climat dont la peur n’est pas absente. Ainsi, Before I Wake est un film plein de sensibilité, qui aborde des questions difficiles. Il traite du deuil, de la famille et du couple. Il radiographie une famille blessée sans se la jouer bourrin, et privilégie la poésie à l’horreur franche, mais sans se montrer non plus trop contemplatif. Pas révolutionnaire, le film parvient néanmoins à gagner ses galons et à ne pas sonner de la même façon que tous les inédits vidéos que l’on voit à longueur d’année et dont le seul but semble être de faire sursauter le spectateur sans rien proposer derrière de vraiment costaud. Before I Wake lui, confirme l’identité d’un cinéaste décidément à suivre. Un artiste conscient que la peur au cinéma n’a vraiment de substance que si elle est nourrie de thématiques et propulsée par de vrais enjeux.
En Bref…
Visuellement aussi travaillé qu’écrit avec soin, Before I Wake confirme tout le bien qu’il faut penser de son réalisateur et instaure une poésie touchante, qui permet non seulement l’émergence d’une peur bien présente, mais aussi celle d’une émotion durable. Une réussite aussi modeste que probante.
@ Gilles Rolland