[CRITIQUE] BLACK ADAM
Titre original : Black Adam
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jaume Collet-Serra
Distribution : Dwayne Johnson, Sarah Shahi, Aldis Hodge, Noah Centineo, Pierce Brosnan, Marwan Kenzari, Viola Davis, Djimon Hounsou…
Genre : Fantastique/Action/Adaptation/Saga
Durée : 2h04
Date de sortie : 19 octobre 2022
Le Pitch :
Plus de 5 000 ans après avoir été investi d’incroyables pouvoirs par le conseil des sorciers, Teth-Adam, un ancien esclave, est libéré de son tombeau afin d’empêcher un puissant artefact démoniaque de tomber entre de mauvaises mains. Rapidement, ses méthodes pour le moins brutales le mettent dans le viseur de la Justice Society, qui va tout faire pour l’arrêter…
La Critique de Black Adam :
Si le Marvel Cinematic Universe donne à peu près l’impression de savoir où il va (à peu près hein), ce n’est pas vraiment le cas du DC Universe, son principal concurrent. Entre la remise à zéro de Suicide Squad, la production chaotique de Flash, celle d’Aquaman 2 et le bordel sous-jacent inhérent à Justice League, on ne peut pas dire que Warner ait tout le temps misé sur les bons chevaux ni fait les bons choix pour parvenir à véritablement opposer à Marvel un monde cohérent. Le studio qui a justement placé beaucoup d’espoir et un maximum de billes en Black Adam, son nouveau super projet porté par Dwayne Johnson.
Héros clair-obscur
On ne peut pas dire que Black Adam bénéficie de la même célébrité que Superman, Batman ou même Flash et Aquaman. Créé en 1945, cet anti-héros, envisagé au tout début comme la version obscure de Shazam, n’a pour ainsi dire pas vraiment réussi à suivre la même trajectoire couronnée de succès que certains de ses camarades. Mais ça c’était avant que Dwayne Johnson ne s’en mêle, lui qui déboule pour la première fois dans une production super-héroïque avec tout la « finesse » qui le caractérise.
Premier constat : Dwayne Johnson est parfaitement à l’aise dans cette espèce de déclinaison balourde du T-800 de Terminator 2. Un sauveur qui utilise des méthodes violentes pour protéger la veuve et l’orphelin, un père de substitution pour un adolescent un peu perdu et finalement un être qui sans le savoir, a été façonné pour faire le bien. Il a beau répéter à tout bout de champs qu’il est méchant comme une teigne, il a beau tuer à tour de bras et ne pas se conformer aux règles, Black Adam est un good guy. Un gentil juste un peu plus indomptable que les autres, que Dwayne Johnson s’approprie sans trop forcer, en finissant par livrer le même genre de performances qu’il affectionne depuis qu’il est devenu une superstar du cinéma de divertissement de masse.
Un catcheur en saveur providentiel
Johnson se balade donc dans Black Adam en balançant à la chaîne des patates de forains, sans vraiment trouver de challenger à sa hauteur. Et si le spectacle est plutôt plaisant à regarder, force est de reconnaître qu’il pose aussi problème. En effet, le bad guy en chef, un espèce d’amas de pixels un peu agressif pour la rétine, ne pointe le bout de son nez qu’au bout d’une bonne heure 40. Alors oui, le film manque clairement d’enjeux. Et ce ne sont pas les personnages secondaires, plus accessoires qu’autre chose, qui changent la donne, bien au contraire.
The Rock écrase tout et tout le monde et dès qu’il montre son crane luisant, on ne voit que lui et il n’y a que lui qui existe. C’est par lui que l’émotion (enfin, un semblant d’émotion) transite et ce n’est que lui qui possède à la clé pour dénouer l’intrigue. Même si les autres lui filent un coup de main, sa superpuissance est un frein indéniable à son développement dramatique. Même Superman a la cryptonite et un côté humain qui font toute la différence. Black Adam lui, n’est qu’un bourrin capable de démonter à lui seul une armée sans sourciller et sans suer une seule goutte.
Bourrin un jour…
Derrière la caméra, Jaume Collet-Serra, qui ne semble jamais avoir les épaules assez larges pour offrir de la substance à cette histoire il faut bien le le dire un peu crétine, fait de son mieux. Malgré tout, cela ne suffit pas à conférer à Black Adam une identité forte. Le film est certes efficace et spectaculaire mais il manque de caractère. On pourra reprocher tout ce que l’on veut à Zack Snyder, mais son Justice League porte sa marque. Ici, tout semble pompé ailleurs. Même les personnages d’ailleurs : Pierce Brosnan joue une sorte de Doctor Strange casqué, un autre marche sur les plate-bande d’Ant-Man et une héroïne se la joue Tornade, l’héroïne campée par Halle Berry dans X-Men. Black Adam lui n’est finalement qu’une sorte de mix improbable entre Superman et Shazam. Mais le concernant c’est moins grave car Dwayne Johnson, encore une fois, bouffe tout.
Ayant passé sa vie à jouer les hommes pas si ordinaires, avec sa carrure de taureau, The Rock campe enfin un vrai super-héros mais cela ne fait pas une grande différence. Le voir triompher des méchants n’a rien d’exceptionnel car encore une fois, il manque de relief et de profondeur et jamais le scénario, malgré de maigres tentatives, ne parvient à changer cet aspect un peu plombant.
Showtime
Mais, car il y a un mais, Black Adam tape fort et va vite. Dès le début, le rythme est effréné. Du coup, les crétineries, les incohérences, les bastons en numérique et tout ce qui peut aller de travers, sont noyés dans l’action. En cela, le long métrage justifie le prix du billet de cinéma. Car il n’hésite pas à foncer, il nous en donne pour notre argent et possède le mérite de ne pas péter plus haut que son cul moulé dans un spandex. Ce qui le rend au final plus sympathique et surtout plus divertissant que bien d’autres productions du DCU (et du MCU).
En Bref…
Plutôt bas du front car reposant sur une histoire qui manque cruellement de profondeur et d’enjeux, habité de personnages plats et souffrant du manque de vision d’un réalisateur un peu perdu, Black Adam gagne en revanche des points grâce à son rythme effréné et sa surenchère d’action. Bien sûr, dans le premier rôle, Dwayne Johnson emporte la mise et, quoi qu’on en dise, contribue lui aussi à rendre ce film plus divertissant que la moyenne. Même si au fond, autant le savoir, rien ne ce qu’il nous montre n’est aussi excitant que la scène post-générique qui, en quelques secondes, nous fait un peu oublier tout ce qui a précédé pour nous encourager à imaginer ce qui pourrait suivre.
@ Gilles Rolland