[Critique] BRIGHT

CRITIQUES | 23 décembre 2017 | Aucun commentaire
bright-affiche

Titre original : Bright

Rating: ★★½☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Ayer
Distribution : Will Smith, Joel Edgerton, Lucy Fry, Noomi Rapace, Edgar Ramirez, Jay Hernandez, Tom Wilkinson, Ike Barinholtz, Enrique Murciano…
Genre : Fantastique/Thriller/Action
Date de sortie : 22 décembre 2017 (Netflix)

Le Pitch :
Humains, orcs, elfes et fées cohabitent tant bien que mal depuis la nuit des temps. Ward, un policier, doit faire équipe avec Jakoby, le premier orc policier. Une collaboration difficile tant les orcs sont considérés par les humains comme une sous-espèce. Cependant, quand une ancienne prophétie semble sur le point de se réaliser, les deux flics doivent faire bloc pour vaincre un ennemi aussi puissant que déterminé…

La Critique de Bright :

De plus en plus omniprésent, Netflix a commencé, il y a quelques temps déjà, à mettre en place une stratégie visant à concurrencer les grands studios. Un plan qui est passé par le Festival de Cannes, envers et contre tous, et qui aujourd’hui, voit la sortie de Bright, un véritable blockbuster porté par un grande star, à savoir Will Smith, dont l’addition avoisine les 100 millions de dollars. Et ce avant la sortie de The Irishman, le nouveau Martin Scorsese, qui devrait définitivement imposer Netflix dans la cour des grands. Bright qui voit donc David Ayer revenir aux affaires quelques mois après le tollé critique provoqué par son Suicide Squad, avec un long-métrage fantastique écrit par Max Landis, le fils du célèbre John Landis. Mais suffit-il justement de mettre la main à la poche pour parvenir à vraiment faire de l’ombre aux géants qui squattent les multiplexes ? En gros, Bright est-il à la hauteur ?

Bright-Noomi-Rapace

Le seigneur des orcs

Sur bien des points, Bright permet à David Ayer de renouer avec l’esprit de ses trois premiers films, à savoir Bad Times, Au bout de la nuit et End Of Watch. Des productions méchamment burnées directement inspirées des jours que le réalisateur a passé dans le quartier chaud de South Central à Los Angeles. Le genre de coin que David Ayer revisite à la sauce Seigneur des Anneaux, avec des humains, des orcs, des fées et des elfes, dans un grand élan peut-être un peu trop ambitieux. Car Bright, qui peut presque passer un remake non-avoué de Futur Immédiat permet aussi de vérifier qu’Ayer est beaucoup plus à l’aise dans la simplicité. Relativement bourrin, mais capable également de faire preuve de nuances, comme il l’a brillamment prouvé avec Fury, son meilleur film à ce jour, le metteur en scène atteint avec Bright les mêmes limites qu’il a allègrement dépassé avec Suicide Squad, tout en se montrant aussi bordélique qu’avec le décevant Sabotage. Et si il a sa part de responsabilité, le scénariste, Max Landis, est malheureusement aussi à blâmer, lui qui a tricoté une intrigue qui bouffe un peu à tous les râteliers et dont la principale tare est de ne jamais parvenir à exploiter correctement les principaux ressorts qu’elle met en avant dans un bruit et une fureur en forme de caches misère.
Autant le dire tout de suite, une seule chose fonctionne vraiment bien dans Bright : le duo formé par Will Smith et Joel Edgerton. Le premier est un humain qui a sa croix à porter et l’autre un orc victime de racisme de la part des siens mais aussi des hommes. On voit vite où le scénario veut en venir et le traitement de cette partie-là n’est pas des plus fins, mais au fond ça marche. Comme la dynamique qui anime ce duo qui lorgne sans originalité mais avec sincérité vers les buddy movies des années 80/90. Ils sont différents mais doivent travailler ensemble… Merci on connaît la chanson, mais les acteurs font le job et on finit par y croire et par apprécier l’alchimie qui anime le tandem. Will Smith fait du Will Smith mais il le fait bien et Joel Edgerton, le visage recouvert d’un maquillage plutôt sympa, apporte une sensibilité indispensable qui, là encore, s’avère convaincante. Malheureusement, c’est bien tout, car à côté de cela, de manière quasi-systématique, Bright ne se montre pas à la hauteur de ses ambitions et croule sous le poids de ses propres prétentions.

Arme pas si fatale

Gros foutoir plus ou moins difforme, Bright mélange tout. Son introduction soulève des questions qui ne trouvent pas vraiment de réponses, on voit les espèces se croiser et s’entrecroiser, mais le film reste à la surface des choses et ne justifie pas des choix très hasardeux au point de parfois tomber dans un ridicule embarrassant. Cette histoire de baguette magique ne sonne ainsi pas très bien, de même que les motivations des méchants. Méchants qui semblent un peu sortis d’une production kitsch destinée au marché vidéo. Mais si au fond, c’était ça Bright ? Un téléfilm fantastique comme on en voit tant, boosté par un gros budget et donc par de beaux effet-spéciaux et par un réalisateur à l’aise dans l’action ? Si il ne s’agissait que d’un d’un gros collage qui fait mine d’être généreux mais qui se prend systématiquement les pieds dans le tapis quand il tente de nous faire adhérer à son propos ?
Bon, cela dit, tout ceci se suit sans déplaisir non plus. David Ayer profite de son budget confortable pour orchestrer quelques séquences visuellement intéressantes ou au moins percutantes et les acteurs font le job, même si certains y arrivent mieux que d’autres… Bright qui est tellement naïf, débarquant la fleur au fusil en faisant mine d’inventer le fil à couper le beurre alors que ce qu’il montre a déjà été fait cent fois ailleurs, en mieux bien souvent, qu’il s’avère aussi sympathique. Oui c’est trop long, oui on l’oublie vite et oui on a un peu envie de dire « tant de bruit pour si peu », mais il serait relativement injuste de trop l’accabler. En soit, si Bright était sorti en salle et que son réalisateur ne venait pas de se compromettre en signant l’un des pires films de super-héros de tous les temps, l’indulgence aurait été davantage de mise. Car sous ses outrances filmiques, son scenario à la ramasse et ses acteurs prestigieux parfois sous-exploités, Bright est surtout très anecdotique…

En Bref…
Le premier véritable blockbuster Netflix fait montre d’une certaine hargne mais son incapacité à faire preuve d’un peu de mesure et surtout d’exploiter correctement une histoire qui bouffe à la tous les râteliers, lui interdit de vraiment toucher sa cible. Plus insignifiant que véritablement mauvais donc…

@ Gilles Rolland

Bright-Smith-Edgerton   Crédits photos : Netflix

Par Gilles Rolland le 23 décembre 2017

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