[Critique] SUICIDE SQUAD

CRITIQUES | 3 août 2016 | 3 commentaires
Suicide-Squad-poster

Titre original : Suicide Squad

Rating: ★★☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Ayer
Distribution : Margot Robbie, Will Smith, Jared Leto, Joel Kinnaman, Viola Davis, Jai Courtney, Ike Barinholtz, Jay Hernandez, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Cara Delevingne, Adam Beach, Scott Eastwood, Karen Fukuhara, Ben Affleck…
Genre : Action/Fantastique/Saga/Adaptation
Date de sortie : 3 août 2016

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Le Pitch :
Alors que le monde est sous la menace de forces qui dépassent l’entendement, l’agent spécial Amanda Waller soumet au Ministère de la Défense une idée aussi délirante qu’audacieuse : réunir au sein d’une même équipe les pires crapules et les contraindre à combattre du côté des gentils. C’est alors que Deadshot, un tireur d’élite surdoué, Harley Quinn, une psychopathe par ailleurs fiancée au Joker et plusieurs autres détenus doués de capacités extraordinaires sont enrôlés dans ce commando hors-norme…

La Critique :
Suicide Squad est le troisième film du plan d’action à grande échelle de DC Comics et de Warner Bros. Alors que d’autres sont en préparation, histoire d’étendre un univers partagé ambitieux et de faire concurrence à Marvel, les super méchants ont pour lourde tâche de proposer une alternative flashy au sérieux de DC, qui en matière d’humour, a clairement choisi la mesure, pour proposer quelque chose de plus crépusculaire au public. Suicide Squad annonçait ainsi, via une série de trailers et de spots, un show en forme de récréation, qui devait trancher avec la noirceur du récent Batman v Superman, mais aussi étoffer un monde qui en est encore à bâtir ses fondations avant l’arrivée du mastodonte Justice League. Cela dit, le film ne s’est jamais imaginé telle une parenthèse divertissante. Pas uniquement en tout cas. La présence du Joker, l’un des personnages les plus importants du catalogue DC indiquant clairement les velléités d’un projet qui n’avait pas droit à l’erreur. À l’arrivée, Suicide Squad pouvait donc permettre à DC de gagner de nouveaux fans, de rassurer les déçus de Batman v Superman et de montrer qu’eux aussi pouvaient être au moins aussi « sales gosses » et délurés que Deadpool, nouvelle référence en la matière, sans trahir les bases du cahier des charges que la firme s’est fixée au départ. Malheureusement pour DC, pour Warner, et aussi pour nous, la révolution attendue n’est pas pour aujourd’hui et ce long-métrage de s’imposer avant tout comme une énième déception…

Suicide-Squad-Margot-Robbie

Les premières scènes de Suicide Squad ont le mérite de retenir l’attention. Le montage est nerveux et les choix musicaux, pour illustrer les présentations avec les personnages, sont tous impeccables. Les tubes s’enchaînent tandis que Deadshot et Harley Quinn font leur numéro, suivis de près par tous les autres. David Ayer, le réalisateur, fonce dans le tas avec une belle énergie et ce qu’il nous propose à l’écran brille visiblement par une volonté d’envoyer du lourd, avec un bel esprit rock and roll. Mais tragiquement, ce qui risquait d’arriver arrive rapidement. Ayer, qui non content de tenir les commandes, a aussi écrit le scénario, perd le contrôle de sa bête et tente de nous faire adhérer à une intrigue qui ne tarde pas à se prendre les pieds dans le tapis. Tout s’emballe et à peine nos anti-héros sortis de prison qu’un méchant à la ramasse pointe le bout de son nez après une suite de péripéties débiles qui ne tiennent pas débout 2 secondes. Et le méchant, comme disait Alfred Hitchcock, c’est primordial. Surtout dans le monde cruel du cinéma super-héroïque. Prenez les meilleurs Marvel. Tous ont un bon méchant. Les plus mauvais ont ainsi un énorme point commun : leur bad guy est naze. Parfois, ce genre de truc contribue à flinguer une œuvre, comme avec Deadpool et son Francis de pacotille, tout juste bon à justifier des vannes qui sentent le faisandé. Là, dans le club des monstres version 2016, c’est un peu pareil. Les motivations de la « menace » qui plane sur Harley Quinn et ses petits copains ne volent jamais bien haut et en plus, visuellement, c’est tout aussi raté. À chaque fois que cette force (dur de ne pas spoiler) montre le bout de son nez, le film s’écroule et en toute logique, c’est aussi à cause de cela que l’affrontement final loupe le coche. Et pas qu’un peu !

Le gros soucis avec Suicide Squad, c’est son scénario. David Ayer a clairement raté son coup. Inscrit dans la continuité de Batman v Superman, son script peine même à se justifier, tant sa façon de nous faire croire en cette dream team de méchants au service du bien, ne tient pas la route. On peut se laisser distraire par les images et par la musique, mais au fond, le pourquoi du comment est assez anecdotique et surtout, c’est plus grave, un peu con. À plus forte raison dans un monde où Batman existe, tout comme Flash et Wonder Woman. Ils sont où eux quand la planète est prête à exploser ? Le film tente bien de nous l’expliquer mais là aussi, il n’est pas convainquant (c’est d’ailleurs un peu le problème de tous ces films appartement à des univers partagés). Sous ses airs de rebelle burné qui veut se positionner aux côtés des grosses pointures, Suicide Squad n’est en réalité qu’un spin-off pas crucial du tout, dont les événements ne chamboulent pas l’ordre établi. Ayer est peut-être ambitieux, mais son scénario ne l’est pas. À moins bien sûr que le fait d’enchaîner les punchlines et les rebondissements en carton ne constitue une forme d’audace particulièrement revêche… Mais non. Ayer déçoit amèrement en échouant systématiquement à insuffler de la substance et du souffle à son histoire. Celle-ci ne décolle jamais malgré son introduction fracassante et cela ne fait qu’empirer à mesure que les minutes défilent. Notamment à cause d’une méchante propension à fusiller quelques personnages de premier plan, comme Diablo, pathétique, Killer Croc, le Capitaine Boomerang et… le Joker. Car oui, le Joker est raté. Pas la peine de tourner autour du pot. On nous a trop gavé avec des arguments visant à conférer à la performance de Jared Leto une substance noble, dans la lignée de celles de Jack Nicholson et d’Heath Ledger. À en croire ces propos, l’acteur s’est fondu dans le rôle, allant même jusqu’à rester le Joker en dehors des prises. Leto est un fou. Il a risqué sa vie dans un rôle maudit. Nous allions en prendre plein les yeux, bla bla bla. En fait, Leto en fait des caisses et fait surtout ce qu’il peut avec un scénario qui transforme son personnage en guest star de luxe. En roue libre, l’acteur n’arrive pas à sauver les meubles et s’agite en vain, pendant que l’éternel ennemi de Batman devient sous nos yeux une monumentale tête à claque prévisible, parfois insupportable,et surtout étonnamment transparente. Et forcément, quand on en vient à se tirer une rafale de balles dans le pied en sacrifiant de la sorte l’un de ses meilleurs atouts, il ne faut pas s’attendre à ce que les choses aillent en s’arrangeant. On est très loin de Nicholson et d’Heath Leadger. Très loin.
Et c’est de pire en pire. Les acteurs font ce qu’ils peuvent, certains s’en sortent, d’autres non, et tous tentent de tirer leur épingle du jeu au sein d’un film mal éclairé, dont les effets-spéciaux se distinguent surtout par leur irrégularité flagrante. Mention à Cara Delevingne, qui a gagné le droit de se ridiculiser la plupart du temps dans un rôle casse-gueule au possible et à Viola Davis, quant à elle bien empêtrée avec une partition incroyablement incohérente, pour ne pas dire débile.

La déception est à la hauteur de l’attente, c’est à dire énorme. Frénétique, mal écrit, certes correctement réalisé mais plombé par une photographie qui a la fâcheuse tendance à rendre certaines scènes trop brouillonnes, rarement hilarant quand il le veut et souvent drôle involontairement, Suicide Squad enfile les clichés en faisant mine de les éviter et cumule à peu près tous les travers des films chorals. On privilégie certains personnages au détriment d’autres, qui du coup, n’ont aucune importance si ce n’est de meubler à l’écran. C’est carrément surprenant de voir à quel point des éléments ont été bâclés au sein de ce grand barnum comparable à un clip vidéo visuellement riche et tapageur, mais dans le fond aussi plat d’une limande et aussi tendu qu’un élastique en bout de course. À trop tirer sur la corde et à trop jouer sur des effets de manche pour faire diversion, David Ayer en oublie de raconter une histoire. On a le sentiment de regarder MTV. On ne vibre pas. L’empathie se fait la malle. C’est creux. En somme tous l’inverse des classiques que Suicide Squad entend entend venir chatouiller, Les 12 Salopards en tête.

Pourtant, attention, tout n’est pas à jeter dans Suicide Squad. Non, car Margot Robbie est là. En Harley Quinn, elle est parfaite. Incroyablement sensuelle, belle à tomber, elle impose un charisme à toute épreuve et éclaire de sa présence magnétique et rock and roll toutes ses scènes. C’est la seule qui fait un sans faute car c’est la seule qui arrive à tirer partie du scénario bancal. Will Smith s’en sort plutôt pas mal et ça fait plaisir, mais Margot Robbie elle, explose. Ce qui est d’autant plus dommage vu la qualité de l’ensemble. Son Harley Quinn aurait mérité un film d’un autre calibre. Quelque chose de plus furieux, de plus maîtrisé et de moins faussement insolent. Alors que tout s’écroule dans un vacarme assourdissant, Margot Robbie domine. Elle confère de la poésie à sa performance, et vole la vedette à tout le monde. On se prend ainsi à rêver d’un long-métrage qui lui serait dédié. C’est le seul vrai et authentique mérite de Suicide Squad. Nous présenter Harley Quinn. On l’aime instantanément et bien sûr, on souhaite la revoir au plus tôt. Les autres peuvent attendre.
Tant que DC n’aura pas compris que toute la technique du monde, boostée par des montagnes de dollars ne remplaceront jamais un scénario, l’avenir de ses héros ne semblera pas très reluisant. Un bon réalisateur, comme David Ayer, ne peut pas tout faire. Le Squad souffre à peu près des mêmes problèmes que Batman v Superman et par dessus le marché, il veut avoir l’air cool à tout prix (le genre de truc qui ne se commande pas vraiment). La démarche globale a du plomb dans l’aile. Il aurait pu relever la sauce et faire preuve d’une hargne qui aurait fait du bien au cinematic universe de DC Comics. Il aurait pu montrer la voie et prouver du même coup à la concurrence qu’on pouvait allier le fond et la forme sans tomber dans la bouffonnerie et les provocations en carton. Il aurait pu… Il aurait du.

@ Gilles Rolland

Suicide-Squad-Margot-Robbie-Jared-Leto  Crédits photos : Warner Bros. France

Par Gilles Rolland le 3 août 2016

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Karl Libus
Karl Libus
8 années il y a

Et m…. ça faisait envie pourtant… Je vais voir mais bon, si toi tu n’as pas accroché en tant que fan de comics, c’est que la déception sera là.

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[…] Parvenir à s’imposer, négativement parlant, dans cet océan de médiocrité qu’est Suicide Squad, en campant qui plus est l’un des plus grands méchants de l’histoire… Et si […]

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[…] voit donc David Ayer revenir aux affaires quelques mois après le tollé critique provoqué par son Suicide Squad, avec un long-métrage fantastique écrit par Max Landis, le fils du célèbre John Landis. Mais […]