[Critique] CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR

CRITIQUES | 27 avril 2016 | 3 commentaires
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Titre original : Captain America : Civil War

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateurs : Anthony Russo, Joe Russo
Distribution : Chris Evans, Robert Downey Jr., Scarlett Johansson, Sebastian Stan, Anthony Mackie, Don Cheadle, Jeremy Renner, Chadwick Boseman, Elizabeth Olsen, Paul Bettany, Paul Rudd, Emily VanCamp, Tom Holland, Marisa Tomei, Martin Freeman, William Hurt, Daniel Brühl, Frank Grillo…
Genre : Action/Fantastique/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 27 avril 2016

Le Pitch :
L’opération de trop. Celle qui causa de trop nombreuses victimes civiles et des dommages collatéraux. De retour au pays, une partie des Avengers, menée par Steve Rogers, est confrontée aux remontrances du gouvernement qui, après la bataille de New York, celle de Washington et la destruction de la Sokovie, désire contrôler les agissements des super-héros. Une décision qui scinde les Avengers en deux groupes distincts. D’un côté Tony Stark, qui est favorable à la mise en place d’un tel processus, et de l’autre Captain America, persuadé pour sa part que la loi représentera un frein à leur action contre les diverses menaces qui pèsent sur le monde. Pour Black Widow, Vision ou la Sorcière Rouge, le temps est venu de choisir son camp…

La Critique :
C’est désormais au rythme de 2 films par an que Marvel construit son univers cinématographique. La machinerie est bien huilée. Les productions se chevauchent, les dates de sortie sont choisies avant même le premier coup de manivelle et tout se passe comme prévu. Néanmoins, l’année dernière, les scores furent un peu décevants pour la toute puissante firme, qui doit qui plus est redoubler d’efforts pour conserver son trône face à la concurrence Warner/DC Comics, pour sa part en pleine conquête du public avec son nouveau Batman, et sa Justice League en devenir. Si Avengers 2 fut un succès, les résultats furent en deçà des attentes. La critique aussi fut moins enthousiaste face au grand barnum de Joss Whedon qui, pour une raison x ou y, décida de quitter le navire une fois sa tâche accomplie. Ant-Man quant à lui ne cassa pas vraiment la baraque, même si, encore une fois, les résultats enregistrés furent loin d’être déshonorants. Mais aussi sympathique et rythmé ce dernier fut-il, une partie du public souligna le caractère un peu usé d’une formule juste remise à jour sans trop d’originalité et de prises de risques. Il était donc important pour Marvel de débuter la phase 3 de son Cinematic Universe en frappant un grand coup. En marquant les mémoires et en affirmant sa suprématie sur le genre, quelques semaines à peine après la sortie de Batman v Superman. Et c’est dans cette optique, que Kevin Feige et ses lieutenants ont porté leur dévolu sur l’un des comics les plus populaires, les plus sombres et les plus emblématiques du catalogue Marvel, à savoir le bien nommé Civil War

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On a souvent reproché ici ou là plein de choses à Marvel Studios mais jamais leur capacité à ne douter de rien. Le fait de les voir s’attaquer à Civil War pour en faire le point de départ du troisième volet de leur plan d’action prouve bien dans un sens qu’ils n’ont peur de rien, y compris d’encore une fois de froisser les puristes devenu hermétiques à leur façon de transformer en films des arcs narratifs cultes. En cela, Captain America : Civil War devrait en partie confirmer les prévisions les plus pessimistes de ceux qui étaient persuadés que Marvel continuerait dans sa lancée.
Un film qui sort la même année que celle qui a vu Batman se fritter avec Superman et Daredevil se battre avec le Punisher. En 2016, l’heure est à la lutte et aux remises en question pour les super-héros. Et avec sa promesse d’une noirceur qui, selon les dires des hauts gradés de Marvel « changera tout », Civil War s’inscrit finalement dans une dynamique bien connue, qui se trouve être plus ou moins la même que celle de son principal concurrent du moment chez DC Comics. Sans dévoiler quoi que ce soit de l’intrigue de ce Captain America 3, il faut donc se rentre à l’évidence : non, la guerre civile entre l’équipe d’Iron Man et celle de Cap’ ne va pas bouleverser en profondeur un ordre bien établi. Pas comme le comics a pu le faire en tout cas, lui qui traçait sa route sans se soucier de savoir si sa fin allait lui permettre de continuer à perdurer dans le temps. 13ème long-métrage du Cinematic Universe, Civil War, outre ses nombreuses qualités, ne repose pas sur des enjeux aussi puissants que ceux annoncés. Oui c’est la guerre, mais ici, il conviendrait peut-être davantage de parler de mise au point musclée entre quelques-uns des personnages de la galaxie Marvel. L’absence de Hulk ou de Thor venant encore plus donner à l’affrontement des airs plus modestes que ceux qu’il essaye de se donner et la fin, toujours ouverte, d’apporter l’ultime confirmation qui encourage encore à considérer avec mesure une chose vendue sans surprise avec un enthousiasme un peu démesuré par rapport à ce qu’elle implique véritablement. Pour résumer, oui Civil War ressemble à la fois à la conclusion d’une époque et à l’introduction d’une autre, mais oui aussi, le film se range du côté de tous ceux qui le précédent, en se calant sur les mêmes codes. On se retrouve donc en face d’une sorte d’Avengers 3 avant l’heure, qui répond à certaines questions pour faire progresser son intrigue, et qui prend surtout le soin d’introduire de nouveaux personnages afin de donner naissance à des débuts d’intrigues, histoire de préparer le terrain pour l’avenir. Une façon comme une autre d’affirmer, en filigrane, que les films de la sorte seront toujours plus ou moins bâtis sur la même structure, leur marge de manœuvre étant aussi limitée que prévisible.

Cela dit, si l’écriture s’avère assez sage et balisée, elle sait aussi faire preuve d’efficacité. Surtout une fois qu’on comprend que de toute façon, rien ne viendra bousculer en profondeur les fondations qui soutiennent tout l’édifice. On peut alors apprécier les bonnes idées et la tonalité plus sombre qu’à l’accoutumée, qui éclaire les personnages d’une lueur intéressante, révélant chez eux des traits de caractère jusqu’alors parfois mis en sourdine. Surtout si, comme ici, cela se fait au détriment d’un humour très justement plus discret que d’habitude. Reposant sur un script bancal, qui ne peut pas s’empêcher de bâcler certains détails (la façon dont Stark choisit son camp ne tient pas la route), sans pour autant tomber dans le ridicule dans lequel s’est vautré par moments Batman v Superman, Civil War fait globalement les choses correctement. Surtout quand il intègre les deux nouveaux personnages que tout le monde attendait au tournant.
Le premier, Black Panther, fait excellente figure. Remarquablement amené, il ne tombe jamais comme un cheveu sur la soupe. Son présence est justifiée et ses motivations louables. Chadwick Boseman, son interprète, le James Brown du biopic Get On Up, s’avère de plus parfaitement convainquant. Solide, agile, charismatique, il confère à son personnage une profondeur bienvenue, aidé par un costume de toute beauté, à la fois vecteur de sa dangerosité et des thématiques qu’il véhicule. En cela, toutes ses interventions contribuent à faire des scènes en question les meilleures du métrage. Le second à faire son entrée est bien sûr Spider-Man. Le seul et l’unique. Celui qui renaît une nouvelle fois, incarné pour le coup par le jeune Tom Holland, au centre d’un duel de titans, avant de se voir confié sa propre toile, courant 2017. La façon dont le scénario amène Peter Parker force le respect. C’est dans des moments comme celui-là que le savoir-faire de Marvel parle avec le plus d’éloquence, à tel point qu’on en vient à se dire que d’autres aspects, plus vite torchés, auraient mérité une application similaire. Conscients qu’ils se devaient de ne pas louper le coche concernant l’Homme Araignée, les pontes de Marvel lui ont réservé un boulevard. Ainsi, contre toute attente, Spidey ne déboule pas comme ça, sans aucune justification, mais avec les égards dus à son importance. Principalement actif durant la grande baston sur le tarmac d’un aéroport (LA scène du film), Spider-Man est parfait. Beaucoup plus convainquant que la précédente incarnation sabotée, il fait preuve d’une spontanéité et d’une fraîcheur très appréciables et, fin du fin, ne copie pas celui de Sam Raimi. Il impose sa personnalité, mais sait rester fidèle au personnage des comics. Tom Holland, son interprète, étant bien sûr pour beaucoup dans cette flamboyante réussite. Une réussite qui s’avère d’ailleurs être la meilleure surprise du long-métrage. Oui, Spider-Man est excellent et oui, maintenant, on a carrément hâte de découvrir le film qui développera ses aventures en 2017. Et puis franchement, même si au début, ça fait un peu bizarre, voir Marisa Tomei en tante May fait vraiment plaisir.

Spider-Man et Black Panther qui peuvent compter, à l’instar de tous les autres, sur la maestria dont les frères Russo, très justement choisis pour rempiler après la franche réussite du Soldat de l’Hiver (et prochainement en poste sur Avengers Infinity), voient leurs exploits physiques retranscrits avec toute l’ampleur et la puissance nécessaires.
Dès la première scène d’action, où intervient d’ailleurs l’excellent Frank Grillo, les Russo rappellent que leur arrivée dans le Marvel Cinematic Universe est probablement l’une des meilleures choses qui soient arrivées à la firme de Kevin Feige. On peut d’ailleurs saluer ce dernier d’avoir eu le nez si creux. Plus proche des personnages que beaucoup d’autres réalisateurs employés par Marvel, les frangins livrent de plus une action lisible, pleine de rythme et parfois authentiquement percutante. Le point d’orgue du métrage, à savoir ce fameux affrontement homérique sur le tarmac d’un aéroport, étant l’exemple parfait de ce que peuvent produire les frères Russo avec les moyens nécessaires. Voir tous ces super-héros se mettre sur la tronche aurait pu tourner au gros bazar, mais ici, tout est parfaitement limpide. Les pouvoirs de chacun sont exploités avec mesure et intelligence, les chorégraphies en mettent plein les yeux et la géographie est tout à fait cohérente, même si on aurait peut-être préféré un autre environnement, plus cinématographique. Mais faire ici le difficile ne serait pas bienvenu, étant donné le caractère total d’un spectacle enthousiasmant, galvanisant, et parfois imprévisible. Et non, Spider-Man n’est pas le seul à amener les plus grosses surprises…
Certes assez long, Captain America : Civil War sait proposer à intervalles réguliers de vrais bons gros morceaux de bravoure visuels qui lui assurent de garder en éveil son auditoire. Quand il invite à la fête des personnages comme Hawkeye et Ant-Man, c’est avant tout pour leur capacité à apporter leur touche à un show choral explosif, qui a franchement de la gueule. D’apparence plus modeste que la baston à New York, la séquence centrale de Civil War s’avère en fait tout autant jubilatoire. Au point de s’imposer comme l’un des grands moments de l’Histoire de Marvel au cinéma. Oui, rien que ça !

Jouissant d’un casting aux petits oignons, au sein duquel les vétérans, toujours impeccables (Chris Evans s’en sort une nouvelle fois avec les honneurs, Robert Downey Jr. parvient à insuffler une jolie ambiguïté à son Tony Stark malgré une partition un peu bancale, Scarlett Johansson est parfaite, plus belle que jamais, charismatique en diable et physiquement impressionnante, Sebastian Stan campe un Soldat de l’Hiver décidément hyper solide…), mènent la danse, mais jamais au détriment des nouveaux, qui en plus d’exister véritablement, ont aussi les coudées larges pour s’exprimer, Civil War n’est pas aussi radical qu’espéré mais sait en mettre plein les mirettes. Plus roublard qu’ambitieux sur le fond, il se rattrape sur la forme et sait quoi qu’il en soit entretenir une certaine cohérence. On pourra toujours râler en rêvant à ce que le comics aurait pu devenir si le film n’était pas pris en étau dans une machinerie régie par des codes que l’on sait immuables pour le meilleur ou pour le pire, mais en soit, cette nouvelle adaptation tient une bonne partie de ses promesses. Assez en tout cas pour s’imposer comme un blockbuster impressionnant à plus d’un titre. Ce qui, au fond, est le principal…

@ Gilles Rolland

Captain-America-Civil-War-cast Crédits photos : The Walt Disney Company France

Par Gilles Rolland le 27 avril 2016

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Karl Libus
Karl Libus
7 années il y a

Au p…….. que c’est bon ça!!! Une super critique Gilles, bravo encore. Comment réussir à donner l’envie de le voir sans avoir spoiler quoi que ce soit. Tu es trop bon, trop classe… Je le vois en fin de semaine avec une attente de gamin, avec tes écrits, je deviens fou. BRAVO!!!

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