[Critique] COP CAR

CRITIQUES | 20 avril 2016 | Aucun commentaire
Cop-Car-poster-France

Titre original : Cop Car

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jon Watts
Distribution : Kevin Bacon, James Freedson-Jackson, Hays Wellford, Camryn Manheim, Shea Whigham, Kyra Sedgwick…
Genre : Thriller/Drame
Date de sortie : 20 avril 2016 (DTV)

Le Pitch :
Deux enfants trouvent par hasard une voiture de police abandonnée dans la campagne. Tout d’abord intrigués, ils décident rapidement de saisir cette occasion au vol et de s’amuser avec leur incroyable trouvaille. Non loin de là, pendant ce temps, le shérif véreux du coin s’aperçoit que son véhicule à disparu. Et vu ce que contient le coffre, il va tout faire pour le retrouver…

La Critique :
Aujourd’hui, Jon Watts n’est pas ce que peut appeler une superstar de la mise en scène. Pas auprès du grand public en tout cas. Cop Car, son dernier film en date, devait d’ailleurs sortir en salle fin décembre 2015, mais à la place, c’est en vidéo qu’on le retrouve, malgré sa bonne réputation, gagnée au fil des projections en festival (comme à Fantasia au Québec, où Nicolas l’a vu et apprécié). Bientôt par contre, le nom de Jon Watts sera sur toutes les lèvres. Enfin presque tant son implication confirmée sur le reboot de Spider-Man (intitulé Spider-Man : Homecoming), devrait lui assurer une célébrité dont pourraient nous parler Colin Trevorrow ou les frères Russo, dont l’arrivée sur de gros projets (respectivement Jurassic World et Captain America : Le Soldat de l’hiver et Civil War), leur a assuré le passage d’un relatif anonymat à la célébrité, en peu de temps.
On peut quoi qu’il en soit regretter que Cop Car ne bénéficie pas d’une plus grande exposition tant ce film s’avère remarquable sur bien des points.

Cop-Car

Cop Car qui commence avec deux enfants battant la campagne à la recherche d’un truc à faire. Plongés dans une nature un peu hors du temps, les gamins du film en rappellent d’autres, en l’occurrence ceux de Stand By Me, le chef-d’œuvre de Rob Reiner adapté de Stephen King. L’ambiance est un peu similaire, même si on sait que le film sera amené à évoluer dans une direction opposée. En revanche, à l’instar de Stand By Me, Cop Car est également une brillante métaphore sur le passage à l’âge adulte. Pour ces deux amis, le fait de tomber sur une voiture de police abandonnée constituant le facteur déclencheur d’une sortie prématurée de l’enfance. Et c’est lorsqu’on comprend que le véhicule en question appartient à un shérif pas super intègre, qu’on pige par la même occasion de quelle nature sont les intentions du long-métrage.

En écrivant le scénario (avec Christopher D. Ford), Jon Watts a tenu à insuffler la puissance évocatrice de plusieurs influences. Ses deux enfants appellent à eux seuls, de par leur amitié et la joie qu’ils ressentent quand se présente l’opportunité qui va tout changer, au vue du milieu social auquel il appartiennent, de multiples références. Stand By Me donc, mais aussi d’une certaine façon les premiers films de Spielberg traitant à divers degré de l’enfance. Watts l’affirme d’ailleurs volontiers, tout en appuyant son intention avec un joli clin d’œil à Duel, le premier film du maître, décidément à la source de bien des vocations.
Quand les événement dérapent, et que les gosses se retrouvent confrontés aux conséquences de leurs actes, face à un homme brutal et retors, c’est vers les frères Coen et tous ces polars âpres, ayant d’une certaine façon contribué à définir dans l’imaginaire collectif l’arrière pays américain, que le film se tourne. Le tout avec une maestria qui force le respect, tant la progression du récit et sa capacité à se réinventer pour nous surprendre sans tomber dans la surenchère, trahit une maîtrise de tous les instants au niveau du fond ou de la forme.
Petit bijou d’écriture, Cop Car est aussi épuré qu’éloquent. Habité d’un poésie mélancolique, il sait prendre son temps en se montrant parfois contemplatif, mais sans jamais cesser d’entretenir un suspens véritablement impressionnant.

Au cœur de ce qui s’apparente d’une certaine façon à une course-poursuite un peu désabusée et carrément déconcertante, les acteurs livrent le meilleur. Les deux enfants en premier lieu, James Freedson-Jackson et Hays Wellford, méritent toutes les louanges. Avec un naturel confondant, ils savent entretenir la flamme d’un réalisme de plus en plus brutal, que le réalisateur s’est efforcé d’instaurer dès le début. Face à eux, Kevin Bacon trouve tout simplement l’un de ses meilleurs rôles. Peut-être prévisible vu les personnages qu’il a incarné jusqu’alors, la nature du shérif pourri qu’il campe est elle aussi d’une certaine façon amenée à prendre à revers le spectateur, notamment grâce à la forte ambiguïté qu’il véhicule et à sa propension à céder à de violents accès de colère. Tétanisant, Kevin Bacon maîtrise à la perfection ce genre de profil. Il le prouve une nouvelle fois ici, et amène même le personnage un peu plus loin. Toujours dans la mesure, à l’image du long-métrage…

« Qu’arriverait-il si deux enfants voulaient expérimenter quelque chose qui créerait un problème d’adultes ? » C’est autour de cette question que Jon Watts a écrit son film. La réponse qu’il apporte est convaincante. Plus que ça même, tant elle entraîné d’autres interrogations, tout autant fascinantes dans leur capacité à aborder plusieurs thématiques, sans en survoler aucune.
Superbement éclairé, de manière à mettre en exergue le désespoir et la mélancolie qui habitent cette campagne un peu laissée à l’abandon, le métrage impose également le talent inné de Jon Watts. Sa réalisation se faisant le parfait vecteur de tout ce que son scénario nous raconte en filigrane.
Son long-métrage est en cela une sorte de conte vicié qui débute dans le calme pour finir au cœur d’une tempête. Le mélange des genres a du goût et de la gueule. Cop Car est impitoyable.

@ Gilles Rolland

Cop-Car-Kevin-Bacon  Crédits photos : M6 Vidéo

Par Gilles Rolland le 20 avril 2016

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