[Critique] DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS

CRITIQUES | 6 mai 2022 | 1 commentaire
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Titre original : Doctor Strange in the Multiverse of Madness

Rating: ★★★★½

Origine : États-Unis

Réalisateur : Sam Raimi

Distribution : Benedict Cumberbatch, Elizabeth Olsen, Chiwetel Ejiofor, Rachel McAdams, Benedict Wong, Xochitl Gomez, Patrick Stewart…

Genre : Fantastique/Science-Fiction/Épouvante/Adaptation/Suite/Saga

Durée : 2h06

Date de sortie : 04 mai 2022

Le Pitch :

Stephen Strange se voit propulsé dans le Multivers quand America, une jeune fille, se télescope dans sa réalité. Capable de voyager entre les univers, cette dernière est pourchassée par un terrifiant démon dont les pouvoirs pourraient bien provoquer un cataclysme aux conséquences désastreuses. Confronté à une situation inédite, Strange décide de demander de l’aide auprès de Wanda…

La Critique de Doctor Strange in the Multiverse of Madness :

Il était prévu de longue date, dès qu’une suite de la première aventure solo de Doctor Strange fut officialisée, que le personnage allait se retrouver au centre du premier film à tendance horrifique du Marvel Cinematic Universe. À l’époque, la déclaration avait émanée de Scott Derrickson, le réalisateur du premier volet qui par la suite quitta le navire à cause de divergences artistiques.

Un départ qui a poussé le grand boss Kevin Feige a rechercher une alternative. Et c’est là où les choses ont commencé à devenir vraiment intéressantes car Marvel a décidé de proposer le contrat à Sam Raimi, le réalisateur des trois Spider-Man avec Tobey Maguire mais aussi et surtout de la trilogie Evil Dead. Raimi qui pour rappel, n’avait pas mis en scène de long-métrage depuis 2013 et la sortie de l’excellent Le Monde fantastique d’Oz.

Horreur et damnation dans le MCU

Entré dans l’histoire du cinéma super-héroïque, au même titre que Richard Donner (Superman), grâce à Spider-Man, Sam Raimi a touché différents styles au cours de sa carrière, sans cesser de revenir à ses premières amours, c’est à dire à l’horreur. Le voir aux commandes de la suite de Doctor Strange, alors que le personnage commence à explorer les réalités alternatives du multivers suite à son implication dans les événements relatés dans Spider-Man : No Way Home, avait donc quelques chose de terriblement séduisant.

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Néanmoins, les craintes étaient aussi de mise tant nombre de réalisateurs s’étaient déjà fait étouffer par la grosse machine Marvel, accouchant au final de films tout à fait conformes au cahier des charges de la franchise mais contenant peu d’éléments susceptibles de traduire une vision précise et identifiable. Heureusement, autant le dire tout de suite, Sam Raimi, pour sa part, a parfaitement réussi à s’imposer, sans pour autant renier l’essence de Stephen Strange et celle du monde, ou plutôt des mondes, dans lesquels il évolue.

Doctor Strange et l’armée des ténèbres

En cela, Doctor Strange in the Multiverse of Madness s’impose presque comme un miracle. Comprendre par là qu’il s’agit en effet d’un film Marvel, mais aussi et surtout d’un pur Sam Raimi movie, capable de dispenser un véritable suspense mais aussi de solides frissons, avec en effet des éléments horrifiques affirmés. Un peu comme si Sam Raimi avait aspiré Strange dans sa dimension à travers une faille du multivers pour le plonger dans son monde, connecté au MCU et à ses enjeux, mais aussi suffisamment loin de ce dernier pour autoriser des outrances et autres audaces absolument jubilatoires.

Le moins Marvel des Marvel ?

Dès le début le ton est donné. La scène dans laquelle Doctor Strange affronte Gargantos, cette pieuvre cauchemardesque dans les rues de New York, porte clairement la marque de Sam Raimi. La fin du combat prouvant d’ailleurs que pour une fois, le studio a décidé de faire confiance au réalisateur en le laissant déborder du cadre. La suite prend la forme d’une brillante confirmation.

Alors que l’humour typique du MCU est plutôt mis en sourdine, le réalisateur et son scénariste construisent une atmosphère en effet proche des films d’épouvante, avec de vrais moments de terreur. Bien sûr, il convient de relativiser tant Doctor Strange 2 ne prétend pas non plus marcher sur les plates-bandes de L’Exorciste ou de L’Enfant du Diable. Pour autant, la volonté d’offrir un spectacle plus adulte et aussi plus décomplexé dans sa propension à tenter des choses vraiment audacieuses, est là et bien là.

Connecté au MCU et notamment à l’arc de Wanda, la sorcière rouge, ici très importante, campée de façon magistrale par une Elizbeth Olsen qui bénéfice enfin de toute l’ampleur nécessaire, le film se permet aussi de s’éloigner suffisamment des Avengers pour raconter sa propre histoire. C’est aussi en cela qu’il est excellent tant son récit peut presque se suivre indépendamment du reste (même s’il est préférable d’avoir au moins vu le premier volet, le dernier Avengers et la mini-série WandaVision).

Dans les couloirs des univers

Se jouant des attentes du public avec une certaine malice, extrêmement généreux et décomplexé, Doctor Strange in the Multivers of Madness fait souffler un vent de fraîcheur sur le MCU. En adoptant sa propre tonalité, loin de la gaudriole des Marvel les moins conséquents, il porte en lui l’ADN de son réalisateur qui ici, semble beaucoup s’amuser avec des personnages qui lui correspondent. Que ce soit Strange, Wanda mais aussi tous les autres. Du coup, les acteurs, que ce soit les anciens, comme les deux Benedict (Cumberbatch et Wong), Elizabeth Olsen donc, ou les nouveaux, comme l’excellente Xochitl Gomez, donnent leur meilleur et livrent des performances nuancées et puissantes. Il faut aussi souligner avec insistance que le film profite d’un antagoniste grandiose, lui aussi figurant parmi les plus mémorables du MCU, aux côtés de Thanos.

Dans une totale compréhension des enjeux et mettant en avant son savoir-faire si reconnaissable, ludique quand il multiplie les clins d’œil à Evil Dead et à d’autres de ses films d’horreur, Sam Raimi démontre aussi d’un grand talent dans la direction d’acteurs et l’architecture des séquences d’action qui restent toutes non seulement spectaculaires mais aussi très lisibles.

Morceaux de bravoure

Plus ambitieux que le premier volet, qu’il ne renie pas pour autant, surprenant en permanence et impeccablement rythmé, Doctor Strange in the Multivers of Madness est donc presque davantage un pur film de Sam Raimi qu’un film du MCU. Avant Raimi, seuls Shane Black, James Gunn et Taika Waititi avaient vraiment réussi à s’imposer envers et contre un cahier des charges parfois un peu étouffant. Néanmoins, de tous, c’est bien Sam Raimi qui est allé le plus loin, avec le plus de bravoure et de fougue. Son Doctor Strange lui ressemble et pousse au maximum les potards dans le décalage, l’audace, la fantaisie et la violence. Au risque de perdre une partie du public ? C’est bien possible… Mais quoi de plus normal ? Après tout, Doctor Strange 2 ne choisit pas la facilité et emprunte sa propre voie, dans le respect de ses personnages, du matériau de base et de son public.

Un coup de maître donc, qui, ne l’oublions pas, fait aussi partie des rares Marvel movies à bénéficier d’une bande originale vraiment à la hauteur. Danny Elfman, un autre grand nom, ayant accompli un formidable boulot, répondant par ses notes à l’excentricité et à l’audace de Sam Raimi, avec une classe qui fait trop souvent défaut aux blockbusters modernes. Doctor Strange in the Multivers of Madness se démarque ainsi logiquement en adoptant une posture à part, réussissant tout ce qu’il entreprend avec beaucoup de courage pour au final proposer un show total absolument jubilatoire.

En Bref…

De retour aux affaires, Sam Raimi signe l’un des meilleurs films du MCU. Rompant avec un schéma préétabli, le réalisateur de Spider-Man et de la trilogie Evil Dead réussit l’impossible en s’appropriant une somme d’univers dans lesquels il insuffle son second degré si particulier ainsi qu’une large dose d’horreur à l’ancienne, sans jamais cesser de respecter ses personnages, son public et le matériau de base. Un formidable tour de force !

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Walt Disney Pictures
Par Gilles Rolland le 6 mai 2022

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[…] MCU s’est méchamment morcelé, partant un peu dans tous les sens, pour le meilleur parfois (Doctor Strange in the Multiverse of Madness, WandaVision, Les Gardiens de la Galaxie Vol.3, Loki, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, […]