[Critique] RANDONNEURS AMATEURS

CRITIQUES | 14 janvier 2016 | Aucun commentaire
Randonneurs-Amateurs-poster

Titre original : A Walk In The Woods

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Ken Kwapis
Distribution : Robert Redford, Nick Nolte, Emma Thompson, Mary Steenburgen, Nick Offerman, Kristen Schaal…
Genre : Comédie/Adaptation
Date de sortie : 13 janvier 2016

Le Pitch :
Écrivain célèbre, Bill Bryson décide de parcourir les 3500 km de l’Appalachian Trail, qui relie la Géorgie au Maine. Refusant de le laisser partir seul, en raison des nombreux dangers qui balisent ce fameux sentier de randonnée, sa femme lui impose de trouver un compagnon de route. Alors qu’il voit tous ses amis décliner plus ou moins poliment son offre, Bill est surpris de recevoir un appel d’un homme qu’il n’a pas vu depuis très longtemps et avec lequel il a jadis eu fort à faire. C’est alors que les deux compères commencent leur progression sur le sentier…

La Critique :
Adapté du roman de Bill Bryson (intitulé Promenons-nous dans les bois, en France), Randonneurs Amateurs n’est pas la comédie commerciale un peu à la ramasse que son titre français suggère. Non, le film de Ken Kwapis vaut largement plus que cela et se place sans aucun complexe dans la lignée d’Into The Wild ou de Wild, tout en étant néanmoins plus proche de The Way, dans lequel Martin Sheen arpentait le Chemin de St-Jacques-de-Compostelle…
D’emblée, le film annonce la couleur. Le récit prend assez rapidement la forme d’une fable initiatique. Le truc qui s’avère assez génial, c’est que contrairement à toutes les histoires de ce genre dans lesquelles les personnages sont jeunes, ici, ce sont deux retraités qui se lancent dans une expédition pour le moins audacieuse.
En première ligne, Robert Redford, 79 ans au compteur et Nick Nolte, qui cumule pour sa part bientôt 75 printemps. Le premier, on le sait, n’a jamais eu peur des défis. Un constat valable pour le jeune Redford, qui ne rechignait pas à la tache quand il fallait par exemple passer des mois sous la neige pour Jeremiah Johnson, de Sydney Pollack, mais aussi pour le vieux, comme peut le prouver son hallucinante performance dans l’éprouvant All Is Lost de J.C. Chandor, dans lequel la légende d’Hollywood passe tout le film en pleine mer, accroché comme un beau diable à un voilier sérieusement endommagé. Si Randonneurs Amateurs ne lui donne pas non plus l’occasion de repousser les limites de l’engagement physique, il faut néanmoins saluer l’effort et la volonté de l’acteur de toujours embrasser des rôles « dynamiques ». Il est aussi bon de saluer son exceptionnelle forme qui lui donne l’air d’un type qui se refuse à trop vieillir.
Pour Nick Nolte par contre, c’est un peu différent. Si on imagine bien Redford avoir pris la décision, et ce assez tôt, de ne tourner qu’à la bouffe bio, Nolte a eu un rythme de vie bien plus rock and roll. Le vétéran alcoolique repenti qu’il incarne à l’écran est en cela boosté par des élans autobiographiques et s’avère ainsi particulièrement intéressant. Courageux lui aussi, Nick Nolte n’hésite pas à mettre de son vécu dans sa performance, sans sacrifier l’humour inhérent à cette randonnée parfois cocasse sur le sentier des Appalaches.

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D’un côté un grand-père en pleine forme, prêt à en découdre et de l’autre un jeune chien fou dans le corps usé d’un type de 75 ans. La dynamique de Randonneurs Amateurs ne manque pas de sel et promet moult situations comiques. Une promesse que le long-métrage tient jusqu’au bout. À plusieurs reprises les gags font mouche, que ce soit dans les dialogues, bien écrits, ou dans les situations parfois vraiment efficaces, car jouant sur l’âge des protagonistes et sur les difficultés éprouvées face à une épreuve sportive devant laquelle un grand nombre de personnes plus jeunes ont baissé les bras. Pourtant, le spectacle ne réserve pas uniquement des rires. Là où Randonneurs Amateurs surprend, c’est lorsqu’il illustre en filigrane, avec beaucoup de recul et de sensibilité, une belle réflexion sur la vieillesse, sur l’amitié, mais également sur la nécessité d’aller jusqu’à bout de ses rêves, peu importe les circonstances. Un propos certes pas vraiment original, mais véritablement bien traité.
La « faute » à Bill Bryson, dont l’histoire contient tout ce qu’il faut pour constituer une aventure à la fois très divertissante, mais aussi parfaite pour instaurer une ambiance propice à l’introspection. La réflexion que le film bâtit au fil des kilomètres parcourus par Redford et Nolte s’avère en outre à plusieurs reprises très émouvante et sonne en permanence extrêmement juste. Bryson réussit ainsi à s’adresser à toutes les tranches d’âges, sans oublier de se montrer léger. La question étant de ne pas orchestrer un calvaire, mais bien une aventure simple et noble, avec quelques accents potaches et d’autres moments plus graves. Le tout en respectant un équilibre appréciable.

Derrière la caméra, Ken Kwapis, connu jusqu’alors pour des films relativement insignifiants comme Ce qu’en pensent les hommes et Quatre filles et un jean, fait preuve de beaucoup de retenue. Il laisse respirer l’histoire et donne carte blanche à son excellent duo. Des comédiens en pleine possession de leurs moyens, aussi pertinents dans la comédie que dans les moments plus tournés vers l’émotion. Robert Redford et Nick Nolte qui justifient à eux seul l’achat d’un ticket de cinéma. Il est certes dommage que Emma Thompson, Nick Offerman et Mary Steenburgen ne soient pas exploités plus longuement, mais au fond, le film cherche avant tout à se concentrer sur les deux hommes qui, sur le chemin, se remémorent le passé et tentent d’appréhender avec plus de sagesse l’avenir.

@ Gilles Rolland

Randonneurs-Amateurs-a-walk-into-the-woods  Crédits photos : Metropolitan FilmExport

Par Gilles Rolland le 14 janvier 2016

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