[CRITIQUE] ROAD HOUSE (2024)

CRITIQUES | 21 mars 2024 | Aucun commentaire
Road-house-affiche

Titre original : Road House

Rating: ★★★☆☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : Doug Liman

Distribution : Jake Gyllenhaal, Daniela Melchior, Billy Magnussen, Jessica Williams, Conor McGregor, Joaquim de Almeida, Post Malone…

Genre : Action/Remake

Durée : 1h54

Date de sortie : 21 mars 2024 (Prime Video)

Le Pitch :

Ancien champion de MMA, Dalton est recruté en tant que videur dans un bar de Floride. Rapidement, il s’attire les foudres du caïd local qui souhaite faire main basse sur l’endroit…

La Critique de Road House :

L’Aube Rouge, Point Break et maintenant Road House. Il semblerait que les producteurs les plus avides de pognon se soient mis en tête de refaire toute la filmographie du regretté Patrick Swayze. Alors oui, j’étais bien parti pour détester ce remake de Road House. Parce que le premier est parfait en soi. Un solide divertissement du samedi soir, à l’ancienne, avec un Patrick Swayze au sommet de sa forme dans la peau d’un cogneur un peu zen sur les bords, avec des punchlines d’anthologie (« je suis pas venu pour te montrer mes couilles » ), de vraies gueules de cinéma (non mais souvenez-vous de Sam Elliott), des méchants vraiment méchants et des bastons primaires. Pourquoi refaire un film qui incarne déjà une sorte d’idéal du genre dans lequel il s’inscrit, sans prétention ? Pour le fric bien sûr.

Cela dit, au final, je dois bien reconnaître que ce nouveau Road House m’a plutôt emballé. J’ai passé un bon moment. Contre toute-attente. Je continue de penser qu’il s’agit d’un projet parfaitement inutile et opportuniste mais le résultat envoie suffisamment pour encourager quelques applaudissements. Même si bien sûr, tout n’est pas rose non plus…

Road-house-Daniela-Melchior
Daniela Melchior, la remplaçante de Kelly Lynch dans Road House. Tous droits réservés : Metro-Goldwyn-Mayer/Silver Pictures.

Cool mais pas trop

Produit par ce vieux briscard de Joel Silver, Road House est ce que l’on appelle un bon remake. Oui car il ne singe pas vraiment son modèle, cherchant plutôt à tracer sa propre voie sans trop s’éloigner non plus de ses origines. Le héros s’appelle donc toujours Dalton mais il s’agit ici d’un ancien champion de UFC, car l’UFC est tendance, et l’action ne se déroule plus dans l’arrière pays mais au bord de l’océan, au sein des magnifiques Keys de Floride. Oubliez aussi le pote que Dalton appelle (justement incarné par Sam Elliott dans le premier film) pour l’aider.

Pour le reste, on est bien à la maison. La copine du beau gosse est aussi toubib, le méchant appelle également un taré pour lui venir en aide et il y a régulièrement des bastons. Mais tout compte fait, Road House 2024 ne fait qu’un gros clin d’œil bien appuyé à Road House, soit quand Dalton se retrouve à l’hosto pour se faire soigner. Moins philosophe que celui de Patrick Swayze, infiniment moins cool aussi, le Dalton de Jake Gyllehaal affiche tout de même une attitude un peu détachée et ne cherche pas le contact. Un héros beaucoup plus « premier degré » aussi mais nous en reparlerons.

Road House 2024, c’est bien !

Je vais commencer par les qualités : comme je le dis plus haut, ce nouveau Road House ne singe pas son modèle. Premier bon point. Le décor est aussi magnifique que dépaysant et vu que Doug Liman sait tenir une caméra, l’action est lisible et les bastons vraiment méchantes. On rajoute à tout ceci des plans un peu ingénieux et des séquences bien chorégraphiées voire carrément spectaculaires, comme celle de la finn et on obtient un film d’action plus qu’honnête, qui a à cœur d’en donner aux spectateurs pour leur argent tout en achetant dans un même élan sa légitimité. Même si légitime, il ne l’est jamais vraiment. Bref, le spectacle a de la gueule, le rythme est bon, malgré une longueur un peu excessive, et les codes sont respectés.

Autre bonne nouvelle, les scènes UFC, avec Gyllenhaal dans l’octogone, qui, il y a quelques mois, ont affolé la toilé, ne servent qu’à nourrir le traumatisme du héros qui du coup, en ressort plus profond qu’espéré. Si le Dalton de Swayze était plutôt mystérieux, son successeur explique pourquoi il est comme il est et même si l’explication manque d’originalité et d’audace, elle a au moins le mérite de sonner avec un minimum d’authenticité.

Les acteurs sont bien sûr aussi à saluer. Jake Gyllenhaal en particulier très investi, physiquement surtout, qui affiche une forme exceptionnelle tout en mettant à profit sa capacité à savoir jouer le drame sans trop en faire. Il porte le film et lui confère une âme. En face, Jessica Williams, Daniela Melchior ou encore Billy Magnusen font exactement ce qu’on attend d’eux et c’est très bien aussi car il ne faut pas oublier que Road House est une série B qui n’entend pas révolutionner le genre dans lequel elle s’inscrit. Et si je ne parle pas de Conor McGregor, c’est qu’il est dans le paragraphe suivant.

Road House 2024, c’est pas non plus génial !

J’étais donc parti pour pulvériser ce film mais j’ai néanmoins passé un bon moment. Pour autant, impossible de ne pas noter que derrière une bonne volonté évidente et des qualités tout aussi indéniables, le film se montre plus qu’à son tour bancal. Surtout dans sa seconde partie, qui voit Dalton se transformer en véritable sociopathe. Le Dalton de Swayze n’était pas un tueur. Il pouvait en arriver à de telles extrémités mais il fallait vraiment le pousser et au fond, dans le premier Road House, il ne tue que s’il n’a vraiment pas le choix et reste marqué par chacune des morts qu’il provoque.

Dans ce Road House, Dalton est cool, jusqu’au moment, où il n’est plus cool du tout. À mesure que les emmerdes lui tombent sur le coin de la tronche, sa jauge de colère monte. Quand celle-ci atteint le plafond, le mec devient timbré. Il tue des mecs, cache leurs corps dans son congélo et tue encore, sans état d’âme, se justifiant simplement en disant que quand il est furax, plus rien ne peut le faire redescendre. Je veux bien qu’il s’agisse d’un anti-héros mais ce revirement est bien trop brutal, trop extrême et finalement trop opportuniste pour ne pas nuire au film dans son ensemble.

Il y a aussi Conor McGregor, qui tient ici son premier rôle au cinéma. On raconte qu’il aurait touché le plus gros salaire réservé à un sportif en phase de transition cinématographique. Tant mieux pour lui. Cela dit, dans Road House, McGregor joue à peu près aussi bien qu’il combattait jadis dans les octogones (à l’époque où il gagnait). Dès la première scène, qui le présente lui aussi comme un taré intégral, il semble clair que McGregor n’a pas pris de cours à l’Actor Studio. Il joue donc comme une truffe tout du long, se baladant avec sa démarche chaloupée et parodiant son propre personnage public sans que cela ait une quelconque utilité à l’histoire. Mais heureusement, et c’est un peu la moindre des choses, quand il doit taper, il tape dur.

Dernier point négatif selon moi : le second degré. Ce nouveau Road House en est totalement dénué. Le film se prend beaucoup trop au sérieux. Tous les potards sont poussés dans le rouge et si on peut tout à fait en tirer du plaisir, difficile de ne pas voir ici une tentative un peu vulgaire de se démarquer de l’original qui lui, savait faire preuve… de second degré. Et paradoxalement, pour en rajouter une couche, le nouveau Road House, malgré sa brutalité un peu crasse, sonne bien pus politiquement correct que l’original.

En Bref…

S’il n’est pas la catastrophe redoutée, ce remake parfaitement inutile de Road House s’avère néanmoins trop sérieux pour son propre bien et trop outrancier pour pleinement convaincre. Des défauts qui, contre toute attente, n’entachent pas le plaisir qu’il encourage, grâce à la performance de Jake Gyllenhaal, aux super bastons et au décors idylliques des Keys. Bonne surprise donc. À ce jour le meilleur remake d’un film avec Patrick Swayze. Et de très loin !

@ Gilles Rolland

Road-House-Conor-Mc-Gregor
Conor McGregor. La preuve vivante que les sportifs ne pas toujours de bons acteurs. Tous droits réservés : Metro-Goldwyn-Mayer/Silver Pictures.
Par Gilles Rolland le 21 mars 2024

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