[CRITIQUE] SANS FILTRE
Titre original : Triangle of sadness
Rating:
Origine : Suède
Réalisateur : Ruben Östlund
Distribution : Harris Dickinson, Charlbi Dean Kriek, Woody Harrelson…
Genre : Comédie, Drame
Durée : 2h29
Date de sortie : 28 septembre 2022
Le Pitch :
Invités sur un immense yacht post Fashion Week, Carl et Yaya, influenceurs de service, voient leur croisière de luxe partir en vrille suite à des conditions atmosphériques récalcitrantes. À partir de là, tout s’enchaîne, pour le meilleur et surtout le pire…
La Critique de Sans Filtre :
Ils sont désormais huit à avoir remporté deux Palme d’Or à Cannes. Avec Triangle of Sadness , Ruben Östlund rentre donc un cercle très fermé, rejoignant au passage des Ken Loach, Emir Kusturica ou Francis Ford Coppola pour ne citer qu’eux. Après le triomphe de l’an passé de Titane, adoré par une grande partie de la rédaction (ceci est une boutade), que vaut donc ce triangle de la tristesse ? Pour faire court, et rester Sans filtre, le titre en français, on est bien loin du corrosif et jubilatoire The Square. La faute à de nombreuses réserves émisses dans le traitement du sujet principal : Riches vs Pauvres. N’est pas Parasite qui veut !
La croisière s’amuse pas
Partie 1 : La mer. Alors attention, tout n’est pas à jeter par-dessus bord. Par exemple, Woody Harrelson, exceptionnel capitaine d’un bateau qui va accumuler les tempêtes humaines et atmosphériques. Dans une scène à hurler de rire avec son compère de picole russe, le Texan est sans nul doute la vedette du film. Autre moment de grâce, le divin banquet d’accueil, hommage aux Monty Python, où toute la luxueuse clientèle en prend pour son grade. Le reste du premier acte, qui est le deuxième en fait, l’introduction des deux influenceurs n’apportant rien à l’édifice, n’est que mise en place d’un naufrage annoncé.
L’île de la manipulation
Partie 2 : La terre. Bien entendu, après l’eau vient le sable, et si jusque-là on se marrait pas mal, l’inversion de hiérarchie sociale est plus compliquée. Se voulant satire d’une société bourgeoise irrécupérable, la dernière heure du film n’a pas l’effet destructeur de son prédécesseur palmé. Pourtant, on connaît la qualité des réalisateurs scandinaves pour taper où le bât blesse, en témoigne le monumentalement formidable Drunk. Mais là, force est de reconnaître que l’on s’ennuie royalement. Les survivants sont en surrégime, et alors que l’hystérie collective surplombe l’ambiance, Morphée multiple les appels du pied pour piquer du nez, nous laissant à l’image de la scène finale sur notre faim. Tristesse donc… En espérant que le politiquement correct ressorte vite de la vie artistique de ce bon vieux Östlund.
En Bref …
Sans Filtre, mais avec un gros frein à main, deuxième Palme à Cannes de Ruben Östlund, s’avère malgré quelques bons passages un tantinet longuet. En prenant le parti-pris de rester le cul entre deux chaises, le réalisateur suédois en perd son pouvoir grinçant. Dommage. Tout comme le trop bref passage de Woody Harrelson, au final seul protagoniste totalement sans filtre pour le coup.
@ Mathieu Laforgue