[Critique] THE NIGHT BEFORE
Titre original : The Night Before
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jonathan Levine
Distribution : Joseph Gordon-Levitt, Seth Rogen, Anthony Mackie, Jillian Bell, Lizzy Caplan, Mindy Kaling, Michael Shannon, Ilana Glazer, James Franco, Miley Cyrus…
Genre : Comédie
Date de sortie : 1er mars (VOD)
Le Pitch :
Ethan, Chris et Isaac sont les meilleurs amis du monde. Tous les ans, depuis 14 ans, ils parcourent New York afin de célébrer Noël à leur façon, poursuivant simultanément leur rêve de se faire admettre à une légendaire fête secrète dont tout le monde parle. Forcément, quand Ethan tombe miraculeusement sur trois tickets pour la dite fête, les trois amis sont sous le choc. Cette année, c’est certain, Noël sera mémorable…
La Critique :
C’est avec le slasher Tous les Garçons aiment Mandy Lane (avec Amber Heard), qui fut totalement sabordé à sa sortie, que Jonathan Levine fit son entrée dans la cours des grands. Depuis, le réalisateur a brouillé les pistes, en s’amusant notamment à changer de registre, avec des films comme 50/50 ou Warm Bodies, sa comédie romantique avec des zombies. Son dernier film en date, démontre en cela le désir de Levine de ne pas se cantonner à un seul genre. The Night Before est une pure comédie, mais aussi un film de Noël, comme les américains savent si bien les faire. Une sorte de conte moderne, en forme de déclinaison d’Un Chant de Noël, de Charles Dickens, où trois amis tentent de rallier une fête secrète à laquelle ils rêvent de prendre part depuis toujours.
L’occasion pour le metteur en scène de retrouver le tandem de 50/50, qui à ce jour reste d’ailleurs son meilleur long-métrage, à savoir Joseph Gordon-Levitt et Seth Rogen. Deux acteurs qui se connaissent donc bien et qui confèrent immédiatement à The Night Before un énorme capital sympathie. De prime abord beaucoup moins dramatique que 50/50 dans lequel Gordon-Levitt jouait un jeune homme touché par la maladie, le film n’est pas non plus une pure farce comme par exemple Une Nuit au Roxburry, pour la simple et bonne raison qu’ici aussi, le drame tient une petite place et que, comme précédemment, c’est Joseph Gordon-Levitt qui s’en fait le vecteur. Orphelin, c’est son personnage qui s’impose comme le pilier du trio qu’il forme avec Anthony Mackie et Seth Rogen, et c’est en quelque sorte lui qui offre au récit une bonne partie de l’émotion qu’il dégage en filigrane. Une émotion pas spécialement lisible à la vue de la bande-annonce, dont les images promettent surtout une course -poursuite à travers New York, entre beuveries et blagues trash, mais une émotion bel et bien présente. Et c’est d’ailleurs là que The Night Before gagne notamment ses galons. Non content de chercher à faire rire, il accepte et transcende aussi les codes propres aux films de Noël. Co-écrit par Evan Goldberg, le co-pilote de Seth Rogen sur de nombreux autres métrages (Délire Express, C’est la Fin…), le scénario sait faire preuve encore une fois d’un sens de la mesure vraiment appréciable où les larmes parviennent à s’inviter à la fête sans que les rires s’en trouvent amoindris et au final, même si le caractère un peu convenu du récit est évident, toute l’aventure brille par sa grande sincérité.
Il est ainsi évident que 50/50 et The Night Before entretiennent une étroite relation. Le second, bien évidemment plus léger que le premier se faisant aussi à sa façon le vecteur d’une réflexion existentielle, qui va bien au-delà du simple désir de trois types de se bourrer la gueule pour fêter la fin de l’année. Ainsi, et c’est tant mieux, c’est à quelque chose de beaucoup plus travaillé et de beaucoup plus consistant que toutes ces comédies bon-marché qui déboulent par paquet de douze dans les bacs, que Jonathan Levine nous place. Un cinéaste qui accepte les clichés en les faisant siens, en distillant en outre une sorte de magie sous-jacente, très discrète, parfaitement raccord avec l’esprit du film, relative au personnage incarné par le toujours impeccable Michael Shannon.
Sans jamais renier sa nature décomplexée, inhérente à la personnalité que ses interprètes ont souvent renvoyée par le passé, The Night Before est donc un vrai film de Noël. Il s’agit d’une aventure nocturne farcie de références aux canons du genre (Maman j’ai raté l’avion et consort), une nouvelle fois riche en humour méta, qui va également très loin dans la dérision, sans jamais se départir d’un bon esprit lui interdisant de sombrer dans le trash gratuit et sordide.
Portée par trois acteurs dont l’alchimie saute aux yeux, avec un Anthony Mackie parfait, un Seth Rogen particulièrement en forme (il est souvent au centre des gags les plus drôles) et un Joseph Gordon-Levitt totalement à son aise dans le rôle du garant d’une sensibilité, dont les accents permettent de diluer la farce afin d’en faire ressortir le goût, cette nuit de réveillon ne manque de piquant.
Du côté des seconds rôles, c’est là aussi carton plein, grâce aux excellentes Lizzy Caplan et Mindy Kaling, qui finissent également de faire du film une espèce de réunion de famille entre un bon nombre d’acteurs aujourd’hui dominants dans le petit monde de la comédie américaine Label Rouge.
Très drôle, voire carrément hilarant à plusieurs reprises, généreux, authentique et également pertinent dans sa façon d’aborder ses thématiques (la paternité, l’amitié, le passage à l’âge adulte, l’amour et bien sûr Noël), The Night Before est un excellent film. Rythmé, pas prétentieux pour deux sous, il ne cherche pas à faire dans la nouveauté, mais finit quand même par se démarquer par la façon dont il mélange ses ingrédients sans que l’un de vienne masquer le goût de l’autre. Tout le monde est à sa place, l’écriture est vive et inspirée, et la réalisation parfaitement raccord avec les intentions initiales. Et si il est tentant de le recommander avant tout aux fans des films cités plus haut (C’est la Fin, Nos Pires Voisins, mais aussi 50/50 donc), il est aussi tentant d’affirmer qu’il s’agit peut-être de la meilleure comédie de Noël sortie depuis des lustres…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Sony Pictures