[Critique] X-MEN : DARK PHOENIX
Titre original : X-Men : Dark Phoenix
Rating:Origine : États-Unis
Réalisateur : Simon Kinberg
Distribution : Sophie Turner, James McAvoy, Jennifer Lawrence, Michael Fassbender, Jessica Chastain, Nicholas Hoult, Tye Sheridan, Alexandra Shipp, Evan Peters, Halston Sage, Kodi Smit-McPhee…
Genre : Science-Fiction/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 5 juin 2019
Le Pitch :
En mission pour sauver des astronautes menacés par ce qui semble être une éruption solaire, les X-Men se retrouvent confrontés à un phénomène d’une toute nouvelle ampleur. Exposée à une force qui dépasse l’imagination, Jean Grey revient sur Terre changée. Incapable de maîtriser la force qui bouillonne en elle, la jeune femme ne tarde pas à devenir une menace pour ses amis et pour l’humanité toute entière…
La Critique de X-Men : Dark Phoenix :
Scénariste sur la saga X-Men depuis X-Men 3 : L’Affrontement Final (il a juste zappé Le Commencement), Simon Kinberg se retrouve aujourd’hui à la tête de la nouvelle (et probablement dernière, vu que Disney a racheté la Fox et souhaite tout refaire à sa sauce) aventure des mutants. Remplaçant tout désigné du tricard Bryan Singer, Kinberg a également écrit ce Dark Phoenix qui, c’est important, raconte à peu près la même histoire que L’Affrontement Final. Un épisode réalisé en 2006 par Brett Ratner, désigné quasi-systématiquement comme le pire de la franchise par les fans. Kinberg a-t-il pour sa part réussi à ré-écrire l’histoire de Jean Grey pour enfin lui donner l’ampleur méritée… Pas vraiment malheureusement…
Retour de flammes
Effacé purement et simplement de la saga à la suite du revirement temporel opéré dans X-Men : Days Of Future Past, X-Men 3 racontait donc déjà à l’époque, quand Famke Janssen campait Jean Grey, la trajectoire dramatique du Dark Phoenix. X-Men : Dark Phoenix lui, s’appuie sur un matériau de base solide pour relater peu ou prou la même chose, tout en prenant en compte les changements consécutifs aux précédents épisodes. L’action se déroule ainsi maintenant dans les années 90 mais au fond, ça ne signifie pas grand chose. Car ce nouveau film est le seul de la nouvelle saga (comprendre par là, celle entamée avec Le Commencement) à ne pas s’inscrire dans son époque pour au final nous relater des événements qui auraient pu se passer n’importe quand. C’est peut-être un détail dit comme cela, mais en réalité, cela empêche carrément le spectacle de sonner avec autant d’efficacité que prévu. On le sait, la genèse de Dark Phoenix fut chaotique. Le film fut écrit et réécrit, il y eut des reshoots et globalement, au bout d’un moment, il fut légitime de douter qu’on arriverait à voir un jour un long-métrage qui se tienne. Mis en chantier à une époque où le destin des X-Men au cinéma s’annonçait relativement serein, Dark Phoenix s’impose comme l’une des premières victimes du rachat de la Fox par Disney et dut ainsi essuyer diverses tempêtes pour arriver jusqu’à nous. Cet aspect beaucoup plus léger vient donc probablement de là. Au lieu de s’ancrer dans une dynamique forte, aux puissants accents politiques et historiques, à l’instar du Commencement ou de Days Of Future Past, Dark Phoenix nous ressort mollement la thématique de la différence et se contente sans trop de conviction de recycler des idées présentes depuis le tout premier X-Men. On peut alors voir dans la relation père/fille de Xavier et Jean Grey, une sorte de remake peu inspiré de la relation du même Xavier avec la jeune Malicia dans X-Men premier du nom. Et tout du long c’est le même refrain. Au point qu’au bout d’un moment, il est difficile de voir ici un divertissement honnête tant il semble se résumer à un assemblage maladroit et opportuniste d’éléments directement piqués dans la saga, à des films bien plus pertinents et efficaces. Comme si Simon Kinberg, totalement pris de cours par une situation peu propice à donner naissance à un chef-d’œuvre du genre, avait tenté de jouer la sécurité en limitant les dégâts pour faire exister tout de même son film.
Affrontement final bis
Cela dit, s’il est clair que Dark Phoenix est le moins bon de tous les X-Men nouvelle génération, il vaut mieux que X-Men 3. Visuellement tout d’abord. Pas aussi doué que Singer, Kinberg parvient à nous livrer quelques belles scènes d’action, même si la meilleure, dans le train à la fin de l’histoire, n’est pas le fruit de son travail mais celui du cascadeur Brian Smrz. Parfois brouillon et peu lisible, le blockbuster peine aussi à convaincre quand il mise tout sur les effets-spéciaux. Comme à la fin, même si là encore, les dégâts sont limités. En tout cas, jamais il ne donne envie de se lever de son siège pour applaudir et à jamais il ne parvient à véritablement captiver. Le scénario de son côté, ne doit son salut qu’au fait qu’il s’appuie sur du solide. Et tant pis si le film s’échine à déconstruire une partie du travail effectué précédemment. Ni aussi complexe, ni aussi concerné que les épisodes précédents, Dark Phoenix apparaît trop linéaire, trop simple et trop prévisible mais évite de justesse de totalement se vautrer. Les acteurs ne sont bien sûr pas étrangers au fait que malgré ses défauts, ce film bancal garde une certaine tenue. Dans le premier rôle, Sophie Turner fait le job, un peu empêtrée dans un personnage mal écrit, tout comme Jessica Chastain d’ailleurs, mais leur charisme sauve les meubles. Tout va trop vite dans la transformation de Jean Grey mais le travail effectué par les actrices reste costaud. De même que l’implication de Michael Fassbender, toujours impeccable dans la peau de Magneto. On ne peut pas en dire autant de James McAvoy, dont le Xavier se résume ici à une suite de clichés un peu encombrants. Jennifer Lawrence quant à elle, a l’air de se demander pourquoi elle a accepté de rempiler, quand les autres, Tye Sheridan ou Nicholas Hoult, occupent l’espace sans parvenir à vraiment s’imposer. Mais comment leur en tenir rigueur ? Il y a ici un soucis évident dans la mise en place et dans la narration. Un problème de plus en plus visible, alors que doucement mais sûrement, X-Men : Dark Phoenix s’enfonce dans les tréfonds d’une banalité indigne de la qualité de ce qu’était la franchise jusqu’alors. Dommage que les mutants tirent leur révérence sur une note aussi… moyenne.
En Bref…
X-Men : Dark Phoenix ne parvient jamais à égaler le niveau d’excellence de X-Men : Le Commencement ou de sa suite, Days Of Future Past. Il limite les dégâts mais, alourdit par une écriture brouillonne et maladroitement mis en scène, il avance parfois péniblement jusqu’à un dénouement prévisible. Alors oui, c’est mieux que X-Men 3, mais force est de voir en cette conclusion attendue, une petit déception tout de même… Peut-être que Les Nouveaux Mutants, dernier film X-Men programmé par la Fox, arrivera à s’imposer telle la conclusion flamboyante que tout le monde attend… Peu probable malheureusement vu que lui aussi a dû faire face à de multiples problèmes durant sa conception…
@ Gilles Rolland