[Critique série] GLOW – Saison 1
Titre original : GLOW
Rating:
Origine : États-Unis
Créatrices : Liz Flahive, Carly Mensch
Réalisateurs : Jesse Peretz, Wendey Stanzler, Claire Scanlon, Melanie Mayron, Phil Abraham, Kate Dennis, Sian Heder, Lynn Shelton, Tristram Shapeero…
Distribution : Alison Brie, Betty Gilpin, Sydelle Noel, Britney Young, Marc Maron, Jackie Tohn, Kate Nash, Britt Baron, Chris Lowell…
Genre : Drame/Comédie
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 10
Le Pitch :
En 1985 à Los Angeles, Ruth, une actrice au chômage, commence à se décourager. Un jour, on lui indique qu’un réalisateur recherche des femmes non-conventionnelles pour un projet d’un nouveau genre. Emballée, elle se rend au casting et s’aperçoit qu’il s’agit d’une série TV centrée sur le catch féminin. De prime abord décontenancée, elle décide finalement de s’investir à fond et de prouver sa valeur malgré les doutes du metteur en scène…
La Critique de la saison 1 de GLOW :
Portée par le duo composé de Liz Flahive et Carly Mensch, deux productrices/scénaristes ayant notamment officié sur Nurse Jackie, Homeland et Orange Is The New Black, GLOW est justement co-produit par Jenji Kohan, la créatrice de cette dernière. Un show qui a la particularité et le mérite de se démarquer dès le début grâce à son remarquable postulat, qui baigne tout aussi vite dans une délicieuse atmosphère années 80 propice à une bande-originale savoureuse et autres codes permettant de tout de suite se plonger dans l’ambiance et de s’y sentir à l’aise.
Sur la troisième corde
Car pour le coup, les séries sur le catch féminin ne sont pas légion. À vrai dire, GLOW est seule dans sa catégorie. Une série qui s’inspire d’une véritable league, au centre d’une émission diffusée dans les années 80, dont la genèse est ici imaginée. GLOW signifiant Gorgeous Ladies Of Wrestling (les superbes dames du catch). On suit donc une équipe de prime abord hyper mal assortie de femmes lancées dans un projet un peu casse-gueule. Des jeunes et moins jeunes qui ont toutes un point commun : quand elles se retrouvent, toutes sont plus ou moins dans une impasse. Ruth, l’un des personnages principaux, n’arrive pas à faire décoller sa carrière d’actrice, Debbie vient d’apprendre que son mari l’a trompée avec sa meilleure amie (qui n’est autre que Ruth), on trouve aussi la fille d’une star du ring désireuse de marcher sur les traces de son père et de ses frères, une jeune un peu paumée, une étrange femme loup, etc. Toutes ces aspirantes catcheuses étant dirigées par un metteur en scène de séries Z à la ramasse, lui aussi au bout du rouleau. Le décors est posé, les enjeux aussi et GLOW de raconter au fil de 10 remarquables épisodes la difficile préparation des personnages pour parvenir au bout du compte à monter un spectacle de catch aussi crédible que ceux de la WWF (l’ancienne WWE), dominée à l’époque par les exploits d’une poignée de superstars comme Hulk Hogan.
Piledriver
GLOW sait rapidement passionner, en démontrant d’un désir de véritablement creuser son sujet et de mêler drame et comédie au sein d’une seule et même histoire. Alison Brie, qui campe Ruth, l’actrice au chômage qui voit en cette série sur le catch féminin sa dernière chance de briller et de s’imposer comme une véritable actrice, trouve un rôle à la mesure de son talent. Déjà au centre d’un certain nombre de longs-métrages, elle est ici non seulement méconnaissable mais aussi incroyablement juste. Physiquement tout d’abord, sans artifice, la comédienne s’investit à fond dans son rôle, qui est d’ailleurs certainement à ce jour son meilleur. Avec une dévotion qui force le respect, elle monte sur le ring pour en découdre mais sait aussi s’exprimer via un comique de situation qu’elle gère avec une maestria qui contribue à donner sa tonalité à la série. En face, Betty Gilpin est aussi parfaite dans un rôle difficile, elle qui sait mettre en avant une pertinence de tous les instants. Deux actrices aussi excellentes quand il s’agit d’en découdre, qui n’ont manifestement eu que très peu recours à des doublures. Elles exécutent des prises complexes et dès lors qu’elles ne campent plus leurs personnages de catcheuses, donnent du corps à une histoire à double tranchant, qui sait être aussi hilarante que touchante suivant les circonstances, épaulées par un casting absolument génial, également porté par le formidable Marc Maron. Un acteur trop peu méconnu en France, récemment vu dans la série Easy (aussi sur Netflix), dont le personnage est ici jubilatoire et également très touchant.
Powerbomb
Funky, rock and roll, sexy, drôle et émouvante, la saison 1 de GLOW réussit totalement son pari et impose une verve et un caractère lui permettant de se démarquer très rapidement de la concurrence. Précédée de l’argument publicitaire classique « par les productrices d’Orange Is The New Black », GLOW n’a pourtant que peu de rapport avec la série carcérale culte, si ce n’est qu’elle aussi met en exergue le courage et la gouaille de personnages féminins, habitée d’un profond désir de raconter les histoires de femmes fortes qui tentent par tous les moyens de s’imposer dans un milieu d’hommes. Écrits avec beaucoup d’éloquence, les différentes arcs narratifs qui se croisent et s’entrecroisent au sein de la série parlent en effet chacun à leur façon, en adoptant des angles différents, de la résilience de femmes un peu paumées par la faute des hommes. Ruth et Debbie dont l’amitié a volé en éclats à cause du mari de cette dernière (notamment), le réalisateur qui essaye de diriger ses catcheuses à la baguette mais qui s’aperçoit vite qu’elles ne vont pas se laisser faire, un père qui entend contrôler le destin de sa fille, etc. Sous couvert d’un contexte fantasque, GLOW n’a pas peur d’aller au contact et d’aborder des thématiques délicates, inhérentes à son contexte, pour ensuite les faire résonner. Au final, l’action se déroule peut-être au milieu des années 80, mais ce que la série nous raconte trouve bien entendu un véritable écho en 2017.
En Bref…
Les fans de catch seront ravis et, c’est ça qui est beau, tous les autres aussi. GLOW a beau respecter et honorer les codes du sport sur lequel elle base son intrigue (de véritables lutteurs comme John Morrison font une apparition ou tiennent des rôles récurrents), elle sait aussi ne pas s’y reposer entièrement pour aller plus loin. Pour parler de la place de la femme dans la société, d’ambition et d’amitié, d’accomplissement personnel et d’amour. Le tout en 10 épisodes qui passent en un éclair et qui s’avèrent aussi efficaces qu’un bon vieux suplex exécuté parfaitement où qu’un saut de la troisième corde se terminant par un K.O. pur et simple après le compte de l’arbitre.
@ Gilles Rolland