[Critique] SPLIT

CRITIQUES | 25 février 2017 | 1 commentaire
Split-poster

Titre original : Split

Rating: ★★★½☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Distribution : James McAvoy, Ana Taylor-Joy, Jessica Sula, Haley Lu Richardson, Betty Buckley, Brad William Henke, Sebastian Arcelus…
Genre : Thriller/Épouvante/Horreur
Date de sortie : 22 février 2017

Le Pitch :
Casey, Marcia et Claire sont kidnappées en pleine journée par un mystérieux individu avec lequel elles ne tardent pas à faire connaissance, depuis la pièce qui leur sert de prison. Cet homme, Kevin, se présente à ses victimes de différentes façons. Tantôt doux, tantôt plus brutal, il s’avère que 23 personnalités se partagent son corps et que chacune d’entre-elle est dotée d’un caractère propre. Casey et ses amies qui apprennent également qu’une 24ème personnalité ne va pas tarder à émerger et qu’il y a de grandes chances que cette arrivée scelle leur sort…

La Critique de Split :

Il fut un temps où M. Night Shyamalan était tout-puissant. Il cartonna dès son premier film, Sixième Sens, et enfila les succès jusqu’au jour où le public et la critique n’ont pas manqué de souligner une baisse de régime flagrante. Une tendance qui s’est amorcée avec La Jeune Fille de l’eau que pas grand monde n’a compris. Phénomènes a enfoncé le clou, tout comme Le Dernier Maître de l’Air et After Earth, qui sont gentiment passés inaperçus. Puis Shyamalan est revenu par la petite porte avec The Visit, un found footage surprenant, vif, inventif, effrayant et drôle à la fois. Le signe d’un retour en grâce ? Il faut croire que oui car son dernier né, Split, qui remporte de nombreux suffrages, fait lui aussi preuve d’une certaine flamboyance… De quoi installer à nouveau le cinéaste à la place qui fut jadis la sienne ?

Split-James-mcavoy

Crise d’identity

Le dédoublement de personnalités est un thème qui a la côte au cinéma. Que ce soit dans l’horreur, avec La Part des Ténèbres, la comédie, avec Fou d’Irène ou encore le thriller, avec Identity. Identity auquel il est d’ailleurs difficile de ne pas penser devant l’histoire de cet homme habité par 23 personnalités différentes. 23 d’ailleurs, c’est un peu trop. Surtout qu’au fond, James McAvoy explore plus ou moins toujours les mêmes. Alors pourquoi 23 ? Pourquoi pas 12 ou 9 ? Pour impressionner la populace pardi ! Et c’est là que Split pêche principalement. On sent que M. Night Shyamalan veut surtout en mettre plein la vue à ses spectateurs, histoire peut-être de leur prouver qu’il en a encore sous le coude. Mais au fond, une telle outrance n’est jamais vraiment justifiée tant le script, si on lui enlève ses apparats les plus grossiers, est finalement assez basique. Un type tordu enlève des filles et à la fin, c’est la surprise, comme toujours chez Shyamalan. Split ne révolutionne pas le genre auquel il s’attaque ni le cinéma du réalisateur. C’est du Shyamalan pur jus. Les fans seront à la fête. Les autres beaucoup moins, tant cette propension à en faire un peu des tonnes quand ce n’est pas super nécessaire peut irriter à la longue.
La maladie mentale dont souffre le personnage campé par James McAvoy est un prétexte à tout ce qui se déroule dans le long-métrage. Comme prévu c’est certain, mais Shyamalan ne prend pas de risques. Il enfile un peu les clichés sans systématiquement se les approprier. Y compris dans sa propension à souligner le rapport entre le kidnappeur qui n’est pas tout seul dans sa tête et Casey, sa victime. Le spectacle est-il désagréable pour autant ? Pas du tout. Disons que c’est juste un peu trop long pour toucher avec autant de force et d’éloquence que prévu.

Multiplicity

Aux manettes, M. Night Shyamalan retrouve par contre sa maestria. Si son script n’est pas aussi génial qu’il tente de nous le vendre, sa réalisation, elle, assure en permanence. De plans audacieux en mouvements de caméra plein d’ampleur, alors même que l’espace (remarquablement exploité par ailleurs) est réduit, le cinéaste nous livre du bel ouvrage. On reconnaît le Shyamalan de Sixième Sens, d’Incassable et de Signes dans ce thriller formellement très réussi, dont l’ambiance oppressante, rattrape relativement bien les failles du scénario.
L’autre grande force du film, c’est bien entendu son casting. James McAvoy en fait peut-être un peu des caisses, mais son jeu force l’admiration. Investi et intense, il parvient à parfaitement incarner le propos à travers la poignée de personnages qu’il campe. Quand il nous fait le gamin de 9 ans, avant, en un clin d’œil, de devenir un homme de 40 ans autoritaire ou une sorte de matriarche énigmatique, le comédien confère à l’ensemble une ambiguïté que le script – encore une fois- échoue parfois à entretenir. Cela dit, c’est bien Ana Taylor-Joy qui se démarque le plus, elle qui, par contre, est complètement dans la mesure. Troublante, elle ne faillit jamais et prouve, après The Witch ou Morgane, qu’il va falloir désormais compter sur elle dans les années à venir.
À eux deux, épaulés par des seconds rôles également très bien dirigés, James McAvoy et Ana Taylor-Joy portent Split.
Un film imparfait et maladroit, qui en fait parfois trop, mais qui propose aussi quelques scènes pas piquées des vers, intenses au possible et quoi qu’il en soit toujours parfaitement calibrées par un cinéaste en pleine reconquête. Et si son fameux twist, sa marque de fabrique, celui qui explique un peu tout et qui est censé nous surprendre, n’a rien de vraiment révolutionnaire, la toute fin, est par contre démentielle !

En Bref…
M. Night Shyamalan livre avec Split un thriller horrifique de très bonne tenue, qui vaut avant tout pour les performances de ses comédiens et pour sa mise en scène que pour son scénario marqué par un désir d’en faire trop. Du bon travail donc, qui laisse potentiellement entrevoir, malgré les réserves qu’il suscite, que le prochain Shyamalan pourrait être à l’image de ses plus beaux faits de gloire, à savoir mémorable.

@ Gilles Rolland

Split-Ana-Taylor-Joy-McAvoy  Crédits photos : Universal Pictures International France

Par Gilles Rolland le 25 février 2017

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[…] en est, trouve un défi à la mesure de son talent et s’en sort avec les honneurs. Quand Split, de M. Night Shyamalan mettait en avant le fait que James McAvoy interprétait un homme habité […]