[Critique] WONDER
Titre original : Wonder
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Stephen Chbosky
Distribution : Jacob Tremblay, Julia Roberts, Owen Wilson, Izabela Vidovic, Mandy Patinkin, Daveed Diggs, Danielle Rose Russell, Noah Jupe…
Genre : Drame/Adaptation
Date de sortie : 20 décembre 2017
Le Pitch :
Auguste est né avec une importante malformation au visage. Malgré de nombreuses opérations, le petit garçon est toujours la cible de moqueries et de regards insistants. Scolarisé à domicile, il s’apprête, sous l’insistance de sa mère, à faire son entrée au collège, et à se confronter au jugement des autres. Le début d’une aventure pour Auguste mais aussi pour ses parents et sa grande sœur, qui toute leur vie, l’ont soutenu…
La Critique de Wonder :
Réalisateur du formidable Le Monde de Charlie, Stephen Chbosky a pris son temps pour emballer son nouveau long-métrage. Mais il a bien fait car Wonder est une merveille totale. Un film qui symbolise un certain cinéma américain dans ce qu’il a de meilleur. De plus honnête, de moins cynique et de plus généreux également. Une œuvre d’une grande profondeur, portée par une distribution aux petits oignons qui s’impose ainsi sans mal comme le feel good movie de cette fin d’année et du même coup comme l’un des sommets cinéma de 2017…
Le Monde d’Auguste
Adaptation du livre éponyme de R. J. Palacio, Wonder est notamment né de la rencontre de l’auteur avec plusieurs enfants atteints du syndrome de Treacher-Collins. Syndrome qui est provoqué par la mutation d’un seul gêne, responsable dans les cas les plus extrêmes de profondes mutations des os du visage. Jacob Tremblay, le jeune acteur révélé il y a quelques années par Room, a d’ailleurs fait de même, afin de mieux appréhender un rôle difficile, qui appelait à une grande maturité ainsi qu’à un sens de la mesure assez casse-gueule. Et au fond, tout ceci transparaît dans Wonder. Dès le début. Le fait que Palacio ait co-écrit le film joue bien sûr énormément, et garantit que celui-ci contienne cette même sincérité et cette même simplicité, qui finissent de caractériser un récit touchant car profondément respectueux de son sujet et de son personnage central (des personnages secondaires aussi d’ailleurs). Néanmoins, le risque était de tomber dans le mélo. Le bon gros qui dégouline. Mais non, Wonder esquive les clichés en se débarrassant de tout le superflu pour se concentrer sur les émotions et sur les ressentis. Ceux d’Auggie, le jeune héros, mais aussi de ses parents et de sa sœur, pour ne citer qu’eux…
Démarche chorale
Stephen Chbosky a parfaitement compris que c’était comme ça et pas autrement qu’on faisait un bon mélo. En se focalisant sur les personnages sans charger la mule. Sa mise en scène, pleine de délicatesse, se dédie entièrement au scénario, qui pour sa part, ne souligne pas inutilement les sentiments exprimés et préfère raconter son histoire en adoptant les différents points de vue de plusieurs protagonistes. C’est ainsi que Wonder se divise en plusieurs chapitres et voit Auggie, sa sœur, son meilleur ami et d’autres personnages, prendre la parole, offrant de multiples perspectives qui, à l’arrivée, mettent un peu plus en exergue le propos central et encouragent encore plus l’empathie en décuplant l’émotion.
Car autant le dire tout de suite, Wonder est bouleversant. Dès l’introduction il sait prendre à la gorge. On suit les péripéties de ce petit garçon si courageux avec attention pendant que le réalisateur fait montre d’une maestria aussi discrète qu’impressionnante, de concert avec des comédiens parfaits tous autant qu’ils sont. De Jacob Tremblay donc, incroyable, malgré les prothèses qui recouvrent son visage et qui nourrissent un talent qui parvient à nourrir une performance pleine de spontanéité et de naturel, à Julia Roberts, très touchante dans le rôle de la mère de famille, en passant par l’impeccable Owen Wilson, lui aussi émouvant plus d’une fois, ou encore la jeune Izabela Vidovic, qui après avoir fait ses débuts aux côtés de Jason Statham dans Homefront, prouve une nouvelle fois de quel bois elle est faite. Sans oublier Noah Jupe, un jeune acteur vu récemment dans Bienvenue à Suburbicon, de George Clooney, qui lui aussi livre une performance sans aucune faute, complètement cohérente avec la démarche de l’œuvre et totalement raccord avec le jeu de son partenaire Jacob Tremblay. Grand film de comédiens, Wonder leur permet à tous d’apporter leur pierre à l’édifice sans que l’un, aussi célèbre et connu soit-il, ne fasse de l’ombre aux autres. Encore cette notion de mesure, ici véritablement appréciable.
Feel Good
D’une certaine façon, Wonder propose tout ce qu’il était censé proposer. Vibrante leçon de tolérance, il ne cherche pas à éviter les lieux communs propres à ce genre d’exercice et sait se « contenter » de dire ce qu’il a à dire, et tant pis pour ceux qui ne verront qu’un drame de plus programmé pour ramasser le plus de récompenses possibles. Wonder est au-dessus de toutes ces considérations. Conte moderne sur l’enfance, il est tout aussi attendrissant que parfois difficile. Il encourage à la réflexion, sait se montrer divertissant et fait la part belle à un humour très bien dosé. Que ce soit au niveau du fond ou de la forme, Wonder gagne sur tous les plans.
En Bref…
En voilà un qui porte bien son nom. Remarquable, Wonder est touchant sans être plombant. Il est drôle et sincère mais n’oublie pas de faire honneur à sa thématique principale qu’il porte avec une dignité absolument dénuée de cynisme. Les acteurs, de leurs côtés, sont incroyables, avec une mention particulière pour Jacob Tremblay. Un très beau film. Tout simplement. Dans le genre, 2017 ne nous a pas offert mieux.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport