[Critique série] PREACHER – Saison 1

SÉRIES | 5 août 2016 | Aucun commentaire

Titre original : Preacher

Rating: ★★★★½
Créateurs : Seth Rogen, Evan Goldberg, Sam Catlin
Réalisateurs : Seth Rogen, Evan Goldberg, Scott Winant, Craig Zisk, Michael Slovis, Guillermo Navarro, Michael Morris, Kate Dennis, Sam Catlin.
Distribution : Dominic Cooper, Joseph Gilgun, Ruth Negga, Lucy Griffiths, W. Earl Brown, Derek Wilson, Ian Colletti, Tom Brooke, Anatol Yusef, Jackie Earle Haley, Graham McTavish, Ricky Mabe, Jamie Anne Allman, Nathan Darrow…
Genre : Fantastique/Horreur/Comédie/Drame/Adaptation
Diffusion en France : OCS Choc
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
Jesse Custer, le révérend d’Annville, au Texas voit un jour débarquer dans sa vie, Tulip, son ex-petite amie, une braqueuse repentie qui compte se venger de Carlos, un ancien associé. C’est aussi le moment que choisi Cassidy, un vampire qui se trouve également être le meilleur ami de Jesse, pour refaire surface. Lorsque le prêtre se retrouve possédé par une entité inconnue, il obtient le pouvoir de se faire obéir de tout le monde. Avec ses compagnons de fortune, il va se donner pour mission de se servir de ce pouvoir pour sauver les âmes de sa bourgade…

La Critique :
On connaît Seth Rogen pour son rôle récurrent de bon pote, éternel ado un peu branleur et passionné de fumette dans des comédies comme Zack et Miri Font un Porno, En Cloque Mode d’Emploi, 50/50 ou Nos Pires Voisins. Avec son acolyte Evan Goldberg, il a réalisé C’est la Fin et L’Interview qui tue et scénarisé plusieurs films, dont Supergrave, de Greg Mottola. Fan de culture geek, il était tout naturel qu’un jour, le duo se retrouve à la tête d’une série adaptée d’un comics.

Preacher-Dominic-Cooper

C’est ainsi qu’AMC, la chaîne de The Walking Dead et de Breaking Bad (entre autres), les a associés à Sam Catlin (qui a bossé pour cette dernière série) pour l’adaptation de Preacher de Garth Ennis. Ennis, qui de son côté, fait un peu office de punk dans l’univers du comics. Appréciant la violence, l’humour noir, les dialogues salés, les personnages hauts en couleurs, il a travaillé sur Judge Dredd, Hellblazer et Punisher, Hitman… Il s’est fait connaître également pour son irrévérence totale envers les super-héros, comme l’atteste La Pro, une œuvre mettant en scène une prostituée qui se retrouve dotée de super-pouvoirs et qui s’impose comme une sorte de parodie de la Justice League. Preacher se situe donc la grande tradition du travail d’Ennis, avec ses personnages déjantés, ses références, et son humour savamment distillé.

On se retrouve au fin fond du Texas, avec un révérend au prêche assez décontracté, dans une ville de péquenauds fans de reconstitution de la guerre de Sécession et où le maire obéit au gros entrepreneur local cruel et cynique. Lorsque l’homme d’église se retrouve possédé par une entité mystérieuse, son univers tout entier est chamboulé notamment le rapport à la spiritualité. Cette irruption du surnaturel laisse court à une imagination débridée et les créateurs de la série s’en donnent à cœur joie. Tout est possible, alors autant y aller à fond. Si après le pilote, des libertés sont prises avec le comics originel (avec l’accord de l’auteur et du dessinateur, associés à la série comme coproducteurs exécutifs), l’esprit et les personnages sont là, des anges chasseurs de primes au vampire glandeur en passant par un jeune au visage défiguré haï par tout un village. Un côté rock n’ roll qu’on retrouve non seulement dans un certain esprit irrévérencieux mais aussi dans le rythme.

Dès le début, les bastons font penser à Banshee, et si Preacher est un ton en dessous, cette série séduit par son rythme. Là où beaucoup de séries connaissent un ventre mou par moments dans leurs saisons, ici, on n’a aucun temps mort. Au début, on se gratte un peu la tête, car on ne sait pas d’entrée qui sont certains personnages et quels sont leurs intentions, mais le montage rythmé et les cliffhangers bien dosés maintiennent l’attention. Autre atout non négligeable, le casting. Dominic Cooper est excellent dans la peau de cet antihéros qui se retrouve avec un pouvoir extrêmement dur à gérer. Face à lui, la très mignonne et talentueuse Ruth Negga (Jimi : All is by my Side et prochainement dans Loving), compagne de Cooper à la ville et sa partenaire dans les films Breakfast on Pluto et Warcraft. Transfuge, comme Ruth Negga, de la série Misfits, Joe Gilgun (Pride) est lui aussi convainquant.

Preacher

Avec un tel postulat et adaptant un créateur de comics pas du tout consensuel, Preacher prenait un risque. Les mauvaises critiques concernant les récents films de super-héros, face aux avis très positifs reçus par les séries Daredevil et Agent Carter mettaient une certaine pression sur un show qui, s’il n’a pas connu une campagne de communication écrasante, a fait son petit buzz dès la diffusion de sa bande-annonce. Autant d’éléments qui auraient pu laisser présager un résultat moyen. Pourtant, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Le pari de Seth Rogen et Evan Goldberg, est payant. Leur démarche, loin de tout cynisme ou d’opportunisme, s’avère très honnête.
Bénéficiant d’une belle photo, d’une bonne B.O., de réalisateurs qui sont loin d’être des manches, d’acteurs qui font du bon boulot, drôle, iconoclaste, prenante dès le pilote, rythmée, et surtout très originale, c’est une des meilleures nouveautés de l’année. Plus qu’une bouffée d’air frais, Preacher est un salutaire coup de pompe pointure 46 dans la fourmilière d’un genre souvent trop balisé.

@ Nicolas Cambon

Preacher-2  Crédits photos : AMC

Par Nicolas Cambon le 5 août 2016

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