[Critique] MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE (2022)

CRITIQUES | 20 février 2022 | Aucun commentaire
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Titre original : Texas Chainsaw Massacre

Rating: ★★★☆☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : David Blue Garcia

Distribution : Sarah Yarkin, Elsie Fisher, Mark Burnham, Olwen Fouéré, Jacob Latimore, Jessica Allain, Nell Hudson…

Genre : Horreur/Épouvante/Suite/Saga

Durée : 1h21

Date de sortie : 18 février 2022 (Netflix)

Le Pitch :

Un groupe d’investisseurs débarque dans une petite ville fantôme du Texas afin de la transformer en espèce de centre commercial alternatif et super tendance. Malheureusement pour les nouveaux arrivants, un habitant a décidé de faire de la résistance. Un homme connu sous le surnom de Leatherface…

La Critique de Massacre à la Tronçonneuse :

Comme Scream 5, Massacre à la Tronçonneuse abandonne les chiffres et comme le dernier Halloween en date, il entend aussi ignorer toutes les suites et autres remakes de l’œuvre originale pour réécrire l’histoire. Complètement dans l’air du temps, ce nouveau Massacre à la Tronçonneuse, réalisé par un inconnu au bataillon mais produit et co-écrit par Fede Alvarez (le remake d’Evil Dead, Don’t Breathe) est-il pour autant à la hauteur du chef-d’œuvre de Tobe Hooper ? À vrai dire, c’est compliqué…

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Il était une fois Leatherface

Oublions donc le calamiteux Leatherface de Julien Maury et Alexandre Bustillo, l’horrible Texas Chainsaw 3D avec Alexandra Daddario, le délirant mais à la ramasse Massacre à la Tronçonneuse : La Nouvelle Génération (avec Renee Zellweger et Matthew McConaughey) et l’anecdotique Leatherface : Massacre à la Tronçonneuse 3. Bonne nouvelle, Massacre à la Tronçonneuse 2022 fait mieux que tous ces navets. Pourtant, il reste sur bien des points inférieur au complètement dingue Massacre à la tronçonneuse 2 (qu’il ignore honteusement), au furieux remake de Marcus Nispel et à son inspiré préquel.

À bien y réfléchir, ce qui sauve ce nouveau film, pas vraiment attendu mais super redouté par les fans, c’est à n’en pas douter son côté hardcore et jusqu’au-boutiste. Pour l’ambiance malsaine, le double discours (le premier film s’imposait comme une brillante allégorie sur la guerre du Vietnam) et tout ce qui faisait du monument de Tobe Hooper une œuvre perturbante à plus d’un titre, par contre, on repassera…

Leatherface, dernier rempart contre la gentrification

Tout commence par une expropriation. Bien peinard avec sa mère, dans une ville abandonnée, Leatherface doit ici faire face à des hipsters/influenceurs avides de transformer sa baraque en restaurant tendance ou un truc du genre. Bien sûr, tout ça ne lui dit rien qui vaille et très vite, la tronçonneuse, son outil de prédilection, est de sortie. Plutôt sympa le postulat non ? Sauf qu’en fait, le film ne va jamais plus loin. Pas vraiment en tout cas.

En prétendant livrer une espèce de satire timide et mal fagotée des ravages de la gentrification, en prenant visiblement le contre-pied de la culture des influenceurs et en critiquant gentiment la génération Tik-Tok, ce « requel » (entre reboot et préquel donc), reste en surface et n’exploite jamais vraiment ses thématiques, semblant incapable d’à la fois gérer le fond et la forme.

Débitage en règle

Heureusement, le spectacle est au rendez-vous. Dès cette scène, dans laquelle Leatherface, plutôt furax, pète le poignet d’un mec pour ensuite planter le même gus en pleine tronche avec l’os saillant qui sort de la plaie ouverte, le ton est donné. Très brutal, ce nouveau Massacre fait le job visuellement parlant. Surtout qu’en l’occurrence, le réalisateur David Blue Garcia nous propose régulièrement de très beaux plans ainsi que des mouvements de caméras inventifs et pertinents. Par moment, malgré une écriture bancale, le personnage de Leatherface, est iconisé comme il se doit et ça fait plaisir.

On assiste ainsi à des séquences de boucherie extrême, avec cette fête à la saucisse improvisée dans un bus ou encore cette baston entre un redneck local et Leatherface au premier étage de la maison de ce dernier. Mais, car il y a un mais, cette profusion de sang va un peu à l’encontre du personnage. Car dans le premier, il est toujours bon de le rappeler, le malaise ne venait pas du sang, inexistant ou presque, mais de l’ambiance. Et ici l’ambiance, elle est loin d’être à la hauteur des attentes.

Charcutage culte

Transformé en ersatz de Jason Voorhees et Michael Myers, Leatherface, qui doit avoir plus de 70 ans mais qui bouge comme s’il en avait 35, devient une sorte d’entité plus terre à terre. Certes sauvage, il est ici moins flippant, malgré un accoutrement plutôt cohérent. Privé de sa famille de consanguins et de son environnement naturel, le tueur devient une machine à steak haché bête et méchante. Un Leatherface bourrin qui ici, fait face à la survivante du premier film, la dénommée Sally, histoire de faire comme dans Halloween avec Jamie Lee Curtis. Car oui, après tout, pourquoi se priver ? Encore une idée pas super inspirée. Surtout que l’affrontement final n’est pas vraiment à la hauteur et tourne un peu en ridicule la franchise dans son ensemble, Leatherface et Sally.

Alternant scènes de meurtre gore, retournements un peu crétins, massacres en règle et situations vues mille fois ailleurs et souvent en mieux, riche en clichés et autres lieux communs, Massacre à la Tronçonneuse 2022 propose un dépoussiérage en règle du personnage. La logique peut se comprendre mais le résultat n’est pas totalement convainquant. Pourquoi ne pas avoir écrit un autre personnage si le but était de vider Leatherface d’une partie de sa substance ? Pourquoi avoir tenu à vouloir faire du neuf avec du vieux sinon pour capitaliser sur l’image d’une franchise culte ? Pour fédérer toutes les générations. Vu les premiers retours, visiblement, cela n’a pas fonctionné.

En Bref…

Ce nouveau Massacre à la Tronçonneuse tente d’amener Leatherface en 2022, mais échoue globalement dans son entreprise de mise à jour. Bien sûr très inférieur au premier volet mais aussi au remake de 2003 et à son excellent préquel, ce nouvel épisode calque sa dynamique sur celle des Halloween de David Gordon Green et prétend livrer une réflexion sur la gentrification et la génération des influenceurs, sans jamais parvenir à faire preuve de cohésion. En revanche, s’il vide son personnage principal d’une partie de sa substance et ne s’avère jamais dérangeant, sombrant parfois dans le ridicule, il s’avère suffisamment bien mis en scène et brutal, avec de bonnes grosses scènes gores à l’appui, pour s’avérer divertissant.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Netflix
Par Gilles Rolland le 20 février 2022

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